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De l’Éocène à l’Anthropocène

Il y a 50 millions d’années, à l’Éocène, la Terre ne ressemblait en rien à celle que l’on connaît aujourd’hui. La surface de notre planète était alors parsemée de forêts humides et de marécages, et ce, jusqu’en… Arctique. Pas de glace donc, et pas plus de neige. Juste une chaleur harassante, avec des températures moyennes s’élevant de 7 °C dans les régions élevées, et jusqu’à 15 °C à la surface des océans. Un réchauffement si soudain qu’il aura marqué la disparition de nombreuses espèces terrestres et marines.

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Mais bon, ça, c’était il y a 50 millions d’années. Sauf que… si rien n’est fait pour réduire notre empreinte carbone, et donc nos émissions de gaz à effet de serre, le climat, à l’horizon 2100-2150, risque très fort de ressembler à celui qui régnait à cette très lointaine époque. Avec des hausses de températures létales et des déplacements massifs des populations restantes. Pour peu qu’il en reste, évidemment. À la différence que ces conséquences désastreuses n’ont cette fois plus rien de géologiques, car purement anthropiques. Telle est en tout cas la conclusion d’une étude entamée par des chercheurs en géosciences anglo-saxons, et dont les résultats ont été publiés récemment.

L’autre différence entre l’Éocène et l’Anthropocène, ce dernier terme marquant l’avènement de l’ère industrielle, réside, outre bien entendu l’origine de « l’effondrement climatique » elle-même, sur la période des changements du climat, qui dans le premier cas auront pris des centaines de milliers d’années, pour quelques dizaines tout au plus pour le second. En d’autres termes, l’Humanité produit un changement climatique bien plus rapide, et qui n’aura jamais été constaté sur Terre, à l’exception bien sûr celui qui aura causé la fin des dinosaures il y a 66 millions d’années après la chute d’une gigantesque météorite.

La bonne nouvelle, s’il en est une, est justement que le réchauffement de la planète a une cause anthropique, et donc liée à notre présence, et plus exactement encore à notre machine industrielle. Ce qui présuppose, par définition, que puisque nous payons aujourd’hui le prix de nos erreurs, il ne suffirait plus que de les corriger pour déjouer les plus sinistres des pronostics. Sauf que, bien entendu, nous n’en prenons assurément pas le chemin. Bien au contraire. Avec au final, une catastrophe annoncée, puisque nous risquons, dès à présent et à tout moment, de franchir le « point de bascule », celui qui n’autorisera aucun retour en arrière ni même stabilisation du climat. Et ce, parce que la biosphère n’est tout simplement pas capable de s’adapter à un tel bouleversement.

C’est que nous oublions que le climat des décennies à venir, et même des prochains siècles, se dessine aujourd’hui. Tout au plus nous reste-t-il quelques années, dix au maximum, pour infléchir la direction. Après cela, la planète continuera de se réchauffer inexorablement, promettant des jours sombres à l’ensemble du vivant, tout comme pour les espèces qui peuplaient jadis la Terre à l’époque de l’Éocène. Avec des ouragans, toujours plus fréquents, toujours plus violents. Des inondations spontanées, des périodes de sécheresse plus intenses. Et, évidemment aussi, des ressources en eau qui deviendront rapidement incertaines.

Car ce n’est un secret pour personne, un grand nombre de régions, déjà naturellement chaudes, verront, avec cette nouvelle hausse programmée des températures, leur accès à l’eau potable davantage réduit. D’autres régions, elles, et qui sont fortement dépendantes de la fonte des neiges, ne seront tout simplement plus correctement irriguées, ou auront un ruissellement bien moins prévisible. Avec pour résultat d’influer la gestion des ressources en eau douce.

Autant de conséquences directes de l’empreinte de l’Homme sur son écosystème qu’il nous est cependant encore possible d’éviter. Pour peu bien sûr que l’on mette les bouchées doubles et changions de modèle économique et industriel. Ce qui n’est pas, mais alors absolument pas, à l’ordre du jour visiblement.

 

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