EMMANUEL BLACKBURN
« En morcelant les responsabilités. Un tyran a besoin avant tout d’un état tyran. Alors il va recruter un million de petits tyrans fonctionnaires qui auront chacun une tâche banale à exécuter. Et chacun va exécuter cette tâche avec compétence. Et sans remords, car personne ne se rendra compte qu’il est le millionième maillon de l’acte final.
Les uns vont arrêter les victimes.
Ils n’auront commis que de simples arrestations. D’autres vont conduire ces victimes dans des camps. Ils n’auront fait que leur métier de mécanicien de locomotives. Et l’administrateur du camp en ouvrant ses portes n’aura fait que son devoir de directeur de prison.
Bien entendu, on utilise les individus les plus cruels dans la violence finale mais à tous les maillons de la chaine on a rendu l’obéissance confortable ». (‘I comme Icare’ de Henri Verneuil sorti en 1979 avec Yves Montand dans le rôle principal).
Transposer au contexte mauricien l’expérience de Stanley Milgram, psychologue social américain, de la soumission à l’autorité, comme l’explique cet extrait du film, serait absolument outrancier car notre démocratie est vivante.
Malgré ses imperfections et en dépit – ou peut-être paradoxalement – en raison précisément des atteintes dont elle est l’objet des gouvernements successifs. Mais un parallèle n’est pas interdit, ne serait-ce que pour provoquer la réflexion et inciter à une vigilance de chaque instant.