De la poudre aux yeux !

Quelle lecture donner au mini-remaniement ministériel de ce 30 août ? L’exercice semble avoir pris plus d’un de court… tant parmi ceux qui ont été « promus » que ceux qui composent l’actuel gouvernement ! Sacré cachottier, Pravind Jugnauth ! D’ailleurs, lui qui est habituellement très loquace dès que les médias le sollicitent, se montre très avare de propos sur ce sujet précis ! Est-ce de la poudre aux yeux ? Une énième stratégie pour dévier l’attention des (trop) nombreux scandales qui gangrènent ce gouvernement ? Quelle interprétation donner à ce nouveau « coustic » politique ?

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Un élément que le Mauricien moyen, mais pas dupe pour un sou, retient surtout, c’est que dans une conjoncture économique dite difficile, nommer deux nouveaux ministres, et donc leur verser des salaires conséquents, semble bien à la portée de ce gouvernement. Ce même régime qui persiste à maintenir le prix des carburants à un tarif plus élevé qu’ailleurs, et à tordre le porte-monnaie du consommateur dans tous les sens ! Et cette grinçante comédie continue avec la nomination de nouveaux PPS, dont bien évidemment « les bons élèves de la classe », soit ces backbenchers qui, au Parlement, posent au Premier ministre des questions qui, comme le devine la majorité des compatriotes, sont téléguidées et bien calculées afin d’embarrasser l’opposition !

Tous les Mauriciens n’ont pas les yeux scotchés que sur les JIOI, qui sont passionnants, avouons-le. La nouvelle convocation de l’ex-PPS Rajanah Dhaliah, impliqué dans le scandale des Rave Parties sur un terrain non loin du lac sacré de Grand-Bassin, à l’Icac ce jeudi 31, sertie de son arrestation et sa libération sous caution, a retenu l’attention. Que cet élu de la circonscription de Piton/Rivière-du-Rempart (No 7) n’ait pas démissionné comme membre du Parlement suscite, à juste titre, l’ire des citoyens. Le Mauricien lambda réclame et attend intégrité, franchise et droiture de ses élus. Comme d’autres de l’écurie Orange qui sont concernés par des scandales, il convient de rappeler que seule la justice peut décider de leur innocence ou de leur culpabilité. Et qu’ils n’oublient pas que c’est la population qui les a portés au pouvoir. De fait, ils sont redevables face à ces Mauriciens, et sont tenus de faire preuve d’un comportement respectable. Ils ne devraient pas non plus penser qu’ils sont au-dessus des lois. « Step down » de son poste de nominé politique, ou d’un fauteuil ministériel, et retrouver ce poste, si l’on est innocenté par la justice, offre une meilleure crédibilité et soutien de l’électorat. Alors pourquoi est-ce si difficile à accepter ?

L’arrestation et la libération sous caution du même Dhaliah font tout autant jaser. Sur les sites Internet et les réseaux sociaux, des Mauriciens s’indignent, avec raison, du fait que quand il s’agit d’un proche du pouvoir, la tristement honnie actuelle Mauritius Police Force (MPF) objecte rarement, tandis que quand il s’agit d’opposants au régime, toutes sortes d’arguments, souvent tirés par les cheveux, sont brandies dans le but de nuire aux personnes concernées et les empêcher de retrouver la liberté ! Encore et toujours de la poudre aux yeux… En passant, l’homme fort de cette force policière s’est mis dans une situation bien délicate lors des funérailles du beau-père du Premier ministre récemment.

Plein de compatriotes s’interrogent en effet à propos de sa présence, en civil, aux côtés de Pravind Jugnauth ce jour-là…

Dans un registre différent, mais tout aussi important, car il s’agit de nos jeunes, et donc de notre avenir commun, la communication de Suttyhudeo Tengur, négociateur de la Government Hindi Teachers Union (GHTU), aux médias donne des frissons. L’homme évoque des dérives dans les académies scolaires et sollicite une intervention rapide et efficace de la ministre Leela Devi Dookun-Luchoomun.

Tengur fait état de cas de relations sexuelles et de consommation de substances nocives (drogues et alcool) dans l’enceinte même des établissements. Ces problèmes avaient été anticipés par des pédagogues, dont Suttyhudeo Tengur, quand avaient été initiées ces fameuses académies. Des observateurs sociaux avaient, avec raison, prévu que sans un encadrement adéquat et un accompagnement solide, nombre de nos jeunes céderaient à des comportements déviants.

Et dire que depuis 2015, médias et travailleurs sociaux attirent l’attention sur la présence de drogues et autres dangers dans nos collèges. Mais nos élus ont fait la sourde oreille. Aujourd’hui, Pravind Jugnauth se pavane dans les collèges avec sa campagne « Unis contre la drogue ». Mais le mal est déjà fait.

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