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David Mike Gaiqui: « Sa lapolis-la inn pran enn tors elektrik inn met sa dan mo kot, e mo’nn kriye »

Le suspect David Mike Gaiqui, 42 ans, a porté plainte pour brutalité policière au poste de police de Curepipe tard dans la nuit de dimanche en présence de son panel d’avocats. Dans sa version des faits, il est revenu sur les « sévices » qu’il aurait subis aux mains des limiers de la Criminal Investigation Division (CID) de Curepipe, vendredi, tout en ajoutant qu’il s’est senti « humilié » quand les policiers lui ont demandé de se déshabiller; et l’ont enchainé sur une chaise. Le quadragénaire affirme qu’il peut identifier ses agresseurs et réclame une enquête sur leurs agissements.

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Tout commence lors d’une vaste opération policière à travers laquelle David Mike Gaiqui est arrêté par une équipe de la CID, et ce dans le sillage de l’enquête sur les différents cambriolages survenus à travers l’île ces dernières semaines. Vendredi matin, lui-même, son frère Laval Gaiqui et son cousin Yannick Louis sont emmenés au bureau de la CID de Terre-Rouge pour consigner leur version des faits. « Enn serzan inn pran “statement” avek nou. Li’nn dir nou pena nanye kont nou, li pa bizin nou. Apre mo frer so madam inn get enn avoka. Avoka-la inn sone e inn dir pou larg nou. Mo pa kone ki avoka sa. E pwi sa, zot inn les nou bann famiy mont lao dan biro CID ek nou, apre serzan-la inn dir mwa fode inspekter-la vini pou kone ki pou fer avek nou ».

Or, David Mike Gaiqui avance que l’inspecteur en question ne s’est pas présenté au poste de police et, vers 16h45, le sergent l’a informé que la CID de Curepipe a besoin de lui pour l’interroger. Il dit qu’une équipe de police l’a emmené au poste de Moka où, par la suite, quatre éléments de la CID « finn met cuff ek mwa et mo frer ». Comme ce dernier (Laval Gaiqui) ne s’est pas senti bien, un policier l’a emmené à un robinet pour se rincer le visage. Puis, ils ont pris place dans un 4×4. David Mike Gaiqui avance que son frère a dû s’asseoir sur lui, faute de place. « Pandan ki nou dans loto, enn polisie finn demann mwa sipa mo pou rakont ki zot ti pe bwar labier (kann labier), e la mo’nn dir ki mo pena nanye pou rakonte, e li’nn dir mwa “kan rant buro to pou bizin rakonte”, e bannla inn zour mwa ».

Une fois arrivé au bureau de la CID de Curepipe vers 18h vendredi, David Mike Gaiqui et son frère Laval Gaiqui ont pris place sur un banc. Les policiers leur ont retiré les menottes et ils ont pris leurs photos pour les procédures d’enquête. Après cette étape, commence alors le calvaire de David Mike Gaiqui. Un policier lui a fait comprendre que la CID est en possession d’un film et qu’il devait passer aux aveux. Ne comprenant pas trop à quel « film » la police faisait référence, le quadragénaire demande à le visionner. « Li (policier) dir mwa ena de koze pou koze. Ena enn “case murder” Bassin-Blanc avek ena enn brakaz lor filling Indian Oil. Mo’nn dir li ki mo pa konn nanye dan sa bann zafer-la e li’nn dir mwa mo pou bizin koze ek so zoure ».

Le suspect et son frère sont alors placés séparément dans deux pièces. « Dan lasam ki mo ti ete-la, ti ena 6 lapolis et 1 lapolis ladan inn demann mwa tir tou mo linz konpletman – setadir nu. Mem personn ki’nn dir mwa desabiy mwa inn dir avek bann lezot lapolis amenn enn “footcuff” ». Il est alors enchainé, en précisant dans sa déposition que « finn met “footcuff” et “handcuff”-la dan mo lipie e finn demann mwa met mo lame derier mo ledo. Li’nn pas lasenn “footcuff”-la dan mo “handcuff” et lasenn-la anba mo kanal derier. E pwi zot inn fer mwa diboute, “handcuff” et “footcuff”-la fer mwa dimal ». Sans lui donner le temps de réagir, David Gaiqui avance qu’un policier l’a giflé. « Li koumans tap mwa kalot dan mo figir e li dir mwa “to pou rakonte, to pa pou rakonte…”. Mo’nn dir li mo pena nanye pou rakonte dan sa zafer-la ». Alors qu’il était brutalisé, une femme policière est entrée dans la pièce lui demandant de coopérer avec les enquêteurs. « Mo ti touni e mo’nn santi mwa imilie parski enn madam inn rantre e ti dibout divan mwa e mo ti touni. Bannla inn kontinie bat mwa. (madam-la) Li’nn dir ek bann lezot lapolis-la “molo” avek mwa ».

« Mo ti demi-mor, dan soufrans »

Les enquêteurs présents ont fait fi de la requête de la policière. Ils ont pris une bouteille d’eau et ont forcé le suspect à en boire de grandes gorgées. « Mo ti pe plore », explique-t-il dans sa déposition. À un moment donné, un enquêteur s’est saisi d’un pistolet à impulsion électrique (“taser”) et « finn met sa dan mo kot ». Il poursuit : « Li’nn met premye kou, li’nn arete e mo’nn krye “zot pou touy mwa” parski mo ti pe gagn dimal. » David Gaiqui a soutenu que le policier lui a infligé encore des décharges électriques, lui demandant d’avouer le cas de meurtre, ce qu’il a refusé de faire.

Le quadragénaire, enchaîné, était à terre. Finalement, un autre policier est entré dans la pièce, demandant à ses collègues de cesser leurs agissements et de relever le plaignant sur sa chaise. « Mo ti demi-mor, dan soufrans. Mo’nn res koumsa pandan enn bon moman, enn 15-20 minit, e mo’nn kontign plore. Premye fwa dan mo lavi ki mo’nn pas dan sa leta-la avek lapolis. » Peu après, un policier a demandé à son collègue de retirer la chaîne et les menottes de David Gaiqui « akoz mo avoka inn vini ». Des officiers l’ont aidé à se rhabiller et il a appris que l’avocat en question était Me Anoop Goodary.

Le quadragénaire lui a alors confié qu’il a été victime de brutalités policières et qu’il craint pour sa sécurité. L’avocat lui a également montré une photo nue de lui, menotté et enchaîné. « Li dimann mwa avek mo permision sipa li kapav met sa lor Facebook. Mo’nn dir li wi e demann mo madam », explique David Gaiqui. Puis il a été placé en détention au poste de police de Curepipe tard le soir, où il a reçu son dîner.

Samedi matin, David Gaiqui soutient qu’une équipe du Central CID s’est pointée au poste, menée par l’inspecteur Dussoye. Les enquêteurs lui ont montré une photo nue de lui. « Zot dir mwa zot pe fer lanket kouma sa foto-la inn pibliye lor Facebook. » Il a confirmé avoir donné la permission à son avocat pour la publier et qu’il n’était pas au courant qu’il s’agissait d’un délit. Les policiers lui ont fait signer trois papiers avant de s’en aller.

Ivan Collendavelloo :« Je me suis senti interpellé »

Dans une déclaration au Mauricien dans la matinée, le Premier ministre adjoint, Ivan Collendavelloo, affirme avoir discuté avec le commissaire de police, Karl Mario Nobin, de la photo publiée dans la presse et mon- trant le suspect Mike Gaiqui dénudé et enchaîné dans une pièce du poste de police de Curepipe. « Lorsque j’ai appris par la presse la publi- cation de cette photo, comme tout le monde, je me suis senti interpellé. J’en ai parlé au commissaire de police dimanche. Je lui ai demandé une enquête approfondie mais aussi que cette affaire soit référée à la National Human Rights Commission dans les plus brefs délais. »

En qui concerne les allé- gations du suspect Gaiqui, l’Acting PM avance que « l’élément crucial se trouve dans l’élément de preuve que constitue la photo publiée ». Selon lui, « il est impératif qu’une enquête vienne établir la source de la photo ainsi que son authenticité afin qu’elle puisse constituer une preuve ». Pour cela, Ivan Collendavelloo laisse entendre que « l’auteur de la photo est appelé à collaborer avec la population en confirmant son identité à la police parce que c’est le seul moyen de faire justice à l’intégrité de l’enquête ».

Par ailleurs, le Premier ministre par intérim lance un appel pour « qu’on ne tombe pas dans les travers faciles des préjugés » et que « les enquêtes soient faites en toute indépendance et sans donner lieu à des conjec- tures ». Pour lui, « les droits de l’homme, c’est l’affaire de tout le monde ». Et d’ajouter : « Nous sommes tous concernés dans ce combat. Mais il s’agit de faire preuve de sang froid pour que les faits soient analysés dans un cadre stric- tement légal. »

 

Veda Baloomoody (MMM) : Une commission d’enquête

Veda Baloomoody, porte-parole du MMM pour les dossiers concernant la police et les droits de l’homme, a demandé au Premier ministre suppléant, Ivan Collendavelloo, d’instituer une commission d’enquête pour enquêter sur l’affaire Gaiqui. « Je m’adresse au Premier ministre suppléant Ivan Collendavel- loo, qui a une longue expérience au barreau et qui a lui-même dénoncé de nombreuses fois la brutalité policière dans le passé. Le cas actuel nous rappelle une triste époque, où certains offi- ciers avaient recours à la torture contre les suspects. C’est d’un cas de torture qu’il s’agit dans l’affaire Gaiqui », explique Veda Baloomoody. Il poursuit : « J’ai entendu le Premier ministre suppléant affirmer qu’il compte référer l’affaire au Commissaire de police, qui, je pense, n’est certainement pas la personne qui doit traiter ce dossier. »

Pour Veda Baloomoody, il est inconcevable que ce dossier soit confié à la police. Par ailleurs, il estime qu’il ne faut pas comp- ter sur la Human Rights Commission qui est un « bulldog » sans dents pour enquêter sur cette affaire.

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