El pueblo unido, jamás será vencido
(Le peuple uni ne sera jamais vaincu)
Une vérité qu’est ce cri de guerre du groupe chilien, Quilapayún. Cette exhortation aura revêtu toute son importance dans un autre 9/11,qui avait précédé l’attaque terroriste contre le World Trade Centre faisant 2 977 victimes dénombrées au coeur de The Big Apple il y aura bientôt 23 ans.
L’autre 9/11 était intervenu au Chili avec un nombre aussi conséquent de victimes. 3 200 et surtout un nombre important d’hommes portés disparus à ce jour. Ce 11 septembre 1973, le président chilien Salvador Allende du Mouvement de la Gauche Révolutionnaire (MIR), porté au pouvoir par les urnes en 1970, avait été renversé et tué lors d’un coup d’État militaire, soutenu par la CIA.
De l’autre côté de qui était connu alors comme le Rideau de Fer, notamment à l’Est, la même équation de répression totalitaire était imposée contre ceux qui n’emboîtaient pas l’idéologie du maître du jour. Nullement l’intention de passer l’éponge sur les purges staliniennes, les victimes de la Révolution Cuturelle de Mao Tse Toung sans oublier le goulag pour faire taire à jamais les opposants.
En cette même année 1973, Alexandre Soljenitsyne, Prix Nobel de Littérature de 1970, publiait le premier tome de L’Archipel du Goulag, une somme de mémoires collectives, dénonçant l’univers concentrationnaire soviétique de 1918 à 1956. La preuve que la soif de la liberté ne peut être contrée entre quatre murs.
Ce 11 septembre 1973 à la tête de cette junte militaire était un général chilien du nom d’Augusto Pinochet. Décédé en 2006, ce Pinochet n’a jamais été condamné pour les crimes abominables de Droits Humains commis par son régime. Dans un premier temps, quelque 5 000 Chiliens, considérés et fichés par des militaires comme des partisans du président Allende, avaient été détenus comme des prisonniers politiques au stade de Santiago du Chili.
Comme pour faire comprendre que dans les dictatures, le stade, synonyme de Fair Play, sert également à autre chose. En particulier, éliminer ses adversaires politiques. À l’approche de ce 11 septembre particulier 50 ans après, des mères, des épouses, des soeurs et des frères, voire même des pères, tentent encore de retrouver les traces de leurs proches, arrêtés et portés disparus jusqu’ici. Une détresse humaine insurmontable !
Le seul délit reproché est la conviction politique, car à cette époque, soit au début des années 70, il ne faisait pas bon politiquement s’afficher à gauche du spectrum politique en Amérique latine et ailleurs aussi.
Même à Maurice, non. L’État d’urgence, dont la censure de la presse avait duré jusqu’au 9 septembre 1976 à Maurice. Bientôt un demi-siècle que la presse mauricienne s’est libérée du joug contraignant la liberté d’expression.
Au titre des Droits de l’Homme, une victime de la répression politique, sous n’importe quelle forme, ou qu’elle soit bénigne ou abusive, est de trop et exige à être dénoncée.
Mais le symbole de cette répression plus que sanguinaire au Chili avec une impunité cruelle, qui perdure 50 ans après, se présente sous un visage d’artiste, la voix des opprimés et de la souffrance. Victor Jara était membre du parti communiste chilien et fervent partisan du président Salvador.
Le chanteur-compositeur et guitariste avait été détenu, avec quelque 5 000 autres prisonniers politiques dans le stade de Santiago qui porte aujourd’hui son nom, où il a été interrogé, torturé et tué. Ses doigts avaient notamment été écrasés. Son corps avait été retrouvé quelques jours après son arrestation, criblé de 44 balles. Il avait alors 40 ans.
Ce n’est qu’en ce début de septembre 2023 que sept anciens soldats ont été condamnés par la Cour suprême pour le meurtre de ce chanteur, dont les compositions et interprétations mettent l’accent sur le fait que « El pueblo unido, jamás será vencido. »
Dire que 50 ans après, et en dépit de ce que le monde se féliciterait d’avancées sur le plan démocratique, cette inspiration politique constitue une police d’assurance contre des dérives totalitaires qu’elles soient des bruits de bottes militaires perturbant la vie démocratique ou encore contre ceux ayant pris goût au pouvoir quasi-absolu au point de s’y accrocher par tous les moyens.
Cette composition du Chilien Sergio Ortega et galvanisée dans le monde entier après le coup d’État du 11 septembre 1973, conforte le fait que la création culturelle constitue une balise déterminante dans les ténèbres des tentations totalitaires.
Tiens, l’épopée du Grup Latanier et autres artistes engagés, interprétant le répertoire de Montagn Bertlot à Ton Madev sans passer à côté de Zanfan Soweto, ont marqué à leur façon l’histoire politique de Maurice de ces 50 dernières années car Lasours kot nou tou pou al bwar li ankor lwin…