– La crise provoque la fermeture de 32% des entreprises à Madagascar
Après de longs mois de crise avec des effets dévastateurs sur les économies de l’océan Indien, les îles veulent se relever et renforcer leur coopération. La Chambre de Commerce et d’Industrie réunionnaise (CCI Réunion), par le truchement d’une conférence virtuelle, a réuni les chambres de commerces de la région (Mayotte, Madagascar, Comores, Réunion et Maurice), pour un constats et dégager des perspectives d’avenir au niveau de la zone océan Indien, témoignant d’un désir fort de redresser la barre en misant sur la coopération.
Les équipes de la CCI Réunion et Team France Export ont expliqué que les îles de l’océan Indien sont caractérisées par leur isolement géographique, leurs ressources limitées et leur grande dépendance du commerce mondial, arguant qu’elles ont « intérêt à coopérer pour assurer leur développement mutuel. » Suivant la présentation de la CCI Réunion/Team France Export, chacune des îles a présenté ses atouts économiques, dont Maurice.
Arvind Radhakrishna de l’Economic Development Board souligne que Maurice fabrique plus de 1 500 produits qui sont exportés dans plus d’une centaine pays. Il a indiqué que le pays promeut des secteurs comme les énergies renouvelables, les produits pharmaceutiques, le BPO, la manufacture et les services financiers, entre autres. Il a évoqué la situation post-Covid qui a été très difficile, notamment sur le plan des arrivées touristiques qui ont enregistré une baisse conséquente. Malgré les effets de la pandémie sur l’économie locale, Arvind Radhakrishna a lancé un message aux îles voisines : « On aimerait renforcer les liens entre les îles de la région, au niveau de l’investissement et du commerce. »
Il a fait comprendre qu’avec les deux accords économiques majeurs signés récemment avec l’Inde et la Chine, « c’est très intéressant pour les entreprises de la région de venir s’installer à Maurice pour exporter vers ces deux pays, et même sur le continent ». Il ajoute : « cela d’autant que nous offrons des incitations aux investisseurs, notamment pour faire venir leurs équipements sans frais de douane ».
Jérôme Chapuis, directeur adjoint du Développement Économique et International à CCI Mayotte, a parlé d’impact sévère du Covid à Mayotte. « La croissance économique en a fortement pâti. Nous espérons que la pandémie est derrière nous et nous attendons la réouverture des frontières pour redémarrer », dit-il.
Département français depuis dix ans, Mayotte a bénéficié du plan de relance de l’État français. La moitié de sa population a moins de 18 ans. Il s’agit d’une société très jeune, avec les pressions que l’on imagine sur le marché de l’emploi.
Lisiniaina Razafindrakoto, directrice des Réformes et du Développement du Secteur privé à l’Economic Development Board de Madagascar qui a fait un état des lieux de la situation économique fortement impactée par la pandémie, avec une inflation proche de 6% et un secteur privé très touché. Elle soutient que 71% des entreprises à Madagascar ont enregistré de baisse considérable de la demande et 90% ont enregistré de réduction de leur production et leurs activités. 63% ont des problèmes de trésorerie, alors que 17% des emplois sont menacés.
Lisiniaina Razafindrakoto a révélé que 32% des entreprises ont fermé leurs portes avec la pandémie – certaines temporairement et d’autres définitivement. Elle a aussi dit que l’ariary, monnaie malgache, s’est déprécié. La pandémie a frappé fort sur la Grande-Île. Un rapport du ministère de l’Économie et des Finances malgache, datant d’août 2020, parle d’une baisse de 47% du chiffre d’affaires des entreprises au mois de mai 2020 par rapport à la même période en 2019, soit -6,7% du PIB. Pour sortir de l’ornière, Madagascar a signé quatre accords avec la Banque mondiale, des accords visant notamment à renforcer le système de santé et à transformer l’économie, avec des volets axés sur les PME et l’industrie touristique, sans oublier l’agribusiness.
Un participant a demandé pourquoi le nombre d’entreprises ayant fermé leurs portes est si élevé (32%) et la représentante de l’EDB a réagi en ces termes : « L’État a répondu aux demandes. Cependant, des entreprises étaient déjà en mal avant le Covid et donc, elles n’ont pas été couvertes par les appuis Covid. Ces appuis étaient vraiment destinés aux entreprises qui étaient en bonne santé avant la pandémie. Celles déjà en mal ou menacées par la Covid n’ont pas été appuyées. » Avant de clore son intervention, elle a évoqué les projets portuaires et le projet d’autoroute reliant Tana et Tamatave ainsi que les deux zones économiques qui pourraient intéresser les opérateurs de la région.
Haykal Ahmed, chargé de l’Observatoire économique, a l’Union des Chambres de Commerce, d’Industrie et d’agriculture des Comores, a expliqué qu’avant le Covid, l’archipel a été touché par le cyclone Kenneth en avril 2019 qui a fait chuter la croissance économique à 1,9% en 2019 contre 3,6% en 2018. Puis est arrivée la pandémie qui a fait chuter la croissance à 0,2% en 2020. Avec les mesures sanitaires et la restriction des activités économiques, 84% des entreprises comoriennes ont connu une baisse de leurs activités. En termes d’emplois, la facture a été assez salée, puisque 32,1% des entreprises ont compressé leur personnel.