Le porte-parole du groupe parlementaire du Parti travailliste, Arvin Boolell, commentant le rapport du Public Accounts Committee (PAC), publié mardi dernier, réclame la démission du ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal. Il est d’avis que celui-ci « a dépassé ses prérogatives et s’est livré à un abus de pouvoir ».
Après avoir félicité les membres du PAC pour le travail abattu, Arvin Boolell souligne qu’au terme des dispositions légales et des Standing Orders, le PAC est habilité « to call papers and persons ». Toutefois, en ce qui concerne la convocation d’un ministre, il souligne, à la lumière des consultations qu’il a eues avec des hommes de loi, que « the law is silent ». Aussi estime-t-il que dans des circonstances exceptionnelles, « il n’y avait aucune raison pour qu’un ministre qui aurait abusé de ses prérogatives ne soit pas appelé par le PAC à donner des explications ».
« À la lecture du rapport du PAC, nous arrivons inévitablement à la conclusion que Kailesh Jagutpal est coupable d’un abus de pouvoir », s’appesantit Arvin Boolell. Il a ensuite rappelé que le nom de Zouberr Joomaye avait été cité lors des interpellations parlementaires concernant l’achat des ventilateurs, et que ce dernier avait fait comprendre qu’il avait agi sur les instructions du High Powered Committee. «Aujourd’hui, il est clair que le ministre est non seulement Answerable, mais qu’il est coupable. Il aurait dû partir. Le Premier ministre aurait dû assumer ses responsabilités », maintient-il.
Arvin Boolell est d’avis que le PAC doit pouvoir recommander des sanctions contre ceux jugés responsables de négligence. « Les fonctionnaires devraient être tenus responsables et leur régime de devoir devrait être modifié pour inclure une bonne gestion des fonds publics à tout moment. » À cette fin, dit-il, « tout comme les agents publics signent la loi sur le secret officiel, ils peuvent signer un engagement concernant la bonne gestion des fonds publics », poursuit-il. Il devait conclure qu’il « ne faut pas utiliser les fonctionnaires to get away with murder».
Mahend Gungaparsad, membre du PAC, est pour sa part revenu sur les constatations et les recommandations du comité. Il réitère la nécessité que ce rapport puisse être débattu au Parlement et s’est associé à Arvin Boolell pour que des améliorations soient apportées aux attributions du PAC, « à la lumière de la loi modèle adoptée par les parlementaires de la SADC ».
Abordant le chapitre de l’économie, Arvin Boolell a demandé aux membres du gouvernement de mettre un terme à leurs prévisions utopiques. Pour lui, il ne fait aucun doute que les prévisions de croissance de 9% sont exagérées. De plus, il considère que le ministre des Finances et le gouverneur de la BoM « ont tort de se limiter à l’inflation globale, qui est actuellement de 6,7% ». Il explique : « Il faut être réaliste et utiliser l’inflation d’année en année, qui est actuellement de 9%. » Il souligne également la nécessité de revoir le taux directeur « plus que le 1,5% pour contrôler l’inflation ».
Concernant les flash floods, le député du Labour reconnaît qu’avec le changement climatique, « il y aura de plus en plus de perturbations climatiques ». Il déplore toutefois que, malgré la présence de technologies de pointe pour les observations climatiques, grâce au radar de Trou-aux-Cerfs, les prévisions restent imprécises. Il se demande si les services météorologiques « disposent des compétences nécessaires pour utiliser ce radar ».
La question des flash floods a été reprise par Osman Mahomed, qui rappelle que quelque Rs 10,4 milliards ont été budgétées pour la construction de drains. Il déplore les défauts techniques, que ce soit au niveau de la construction de bâtiments, de routes ou encore de drains. « Cela a été le cas notamment à Vallée-des-Prêtres et à Tranquebar », dit-il. En outre, il recommande aux Mauriciens de se doter de réservoirs en vue de collecter l’eau de pluie, « ce qui réduira la masse d’eau qui se déverse dans les drains et sur les routes ».
Fabrice David a parlé de son expérience personnelle, lorsqu’il s’était retrouvé en difficultés lors des flash floods alors qu’il se trouvait dans les Gorges de Rivière-Noire. Il critique les prévisions imprécises de la Météo, « qui ont été consultées par les randonneurs » avant d’entamer leur marche. « Aucune indication concernant les risques de fortes pluies n’avait été donnée ce jour-là. »
Il réclame ainsi l’institution d’un Fact Finding Committee pour enquêter sur ce qui s’est passé ce jour-là. « Tenant en compte que les randonnées font partie de la promotion touristique de Maurice et que la vie de personnes est en jeu, des sirènes devraient être installées dans les parcs publics », dit-il. «
À noter que les différents intervenants ont rendu hommage à Meera Mohun, décédée cette semaine, et ont eu une pensée spéciale pour les victimes des flash floods ainsi que ceux qui ont célébré hier Holi et le Shab-e-Baraat.