La crise qui a occupé l’actualité hippique en fin de semaine dernière a, semble-t-il, trouvé une issue favorable avec un accord d’indemnisation signé avec les jockeys, les apprentis, les track-riders et des palefreniers. Cet accord, qui est rentré en vigueur le 24 juin, prendra fin le 31 décembre 2022. Ce ras-le-bol s’était manifesté sous forme d’une lettre adressée à l’entité People’s Turf PLC et à la Horse Racing Division par les jockeys et apprentis mauriciens qui affirmaient qu’ils ne remonteraient plus pour cette compagnie tant qu’ils ne seront pas couverts par une police assurance en cas d’accident ou de blessure aussi bien à l’entraînement qu’en courses. Cet accord d’indemnisation, qui est également proposé aux jockeys étrangers, n’est pas garanti par une assurance mais par People’s Turf PLC à ses propres frais.
Après la lettre initiale qui a donné un électrochoc à People’s Turf PLC, ce dénouement intervient après un premier retournement de situation avec les jockeys et apprentis mauriciens au sujet de cette protestation, en prétextant avoir été piégés ou n’avoir pas bien compris de quoi il s’agissait, ou encore plus scandaleux d’avoir signé sur un papier blanc. En fait, les jockeys ont été soumis à d’énormes pressions venant de proches de la direction de People’s Turf pour se désolidariser de cette démarche et surtout d’impliquer le Mauritius Turf Club qui a fermement rejeté tout lien avec cette affaire.
Les jockeys mauriciens ont dû se plier aux menaces. People’s Turf PLC avait brandi l’appel aux jockeys étrangers et leur enlèveraient, pour certains, des facilités mises à leur disposition, dont des facilités de voitures par exemple. Ainsi, ils sont même allés jusqu’à réécrire des lettres individuelles adressées à People’s Turf PLC et à la HRD pour affirmer qu’ils restaient fidèles au nouvel organisateur des courses.
Au final, People’s Turf Ltd a dû jeter du lest puisque le nouvel organisateur a été contraint de proposer un accord aux jockeys mauriciens en lieu et place d’une police d’assurance. Il faut le reconnaître que ce n’est pas facile pour une compagnie novice avec des personnes sans ou avec peu d’expérience de pouvoir souscrire à une assurance digne de ce nom d’autant qu’elle opère dans une activité économique où les risques d’accidents sont conséquents et peuvent occasionner le paiement d’indemnités lourdes en cas d’accident. De ce fait, la question de la validité légale et financière de cet accord d’indemnisation des jockeys se pose avec acuité; il appartiendra aux autorités de veiller sur des activités d’assurances et financières, et de statuer sur cette question car il y va de l’avenir de professionnels hippiques et de leurs familles.En attendant l’accord d’indemnisation, ce qui explique pourquoi les jockeys n’ont pas eu à payer de primes, une pièce justificative a été remise personnellement aux jockeys et apprentis-jockeys et track riders qui sont venus signer le document de quatre pages au siège de la People’s Turf Club PLC (PTP).
Remerciements « spontanés » contraints
En parallèle, People’s Turf PLC a organisé une séance de remerciements avec la participation de trois jockeys mauriciens avec des images filmées et postées sur les réseaux sociaux. Les jockeys Aucharaz, Allyhossain et Rama, très mal à l’aise, en costume de circonstance debout devant un décor où figure un logo de la compagnie People’s Turf PLC, se félicitent de l’accord signé avec cet organisateur des courses. Une scène intrigante est que les trois jockeys se sont passé un portable pour des raisons obscures? Ces remerciements semblent de loin spontanés et semblaient même répondre à une exigence de la compagnie signataire de l’accord.
Pour en revenir à l’accord d’indemnisation qui est en vigueur du 24 juin 2022 au 31 décembre 2022, People’s Turf PLC, sous réserve des normes de travail, s’engage « à indemniser l’Indemnisé si celui-ci a, au cours de son entraînement à l’hippodrome du Champ de Mars, les jours d’entraînement ou les jours de courses hippiques et au cours de sa journée d’équitation au Champ de Mars sous la responsabilité de la Compagnie, a été victime d’un décès et/ou d’une invalidité suite à des dommages corporels subis par l’Indemnisé à la suite d’un accident survenu au Champ de Mars lorsque celui-ci est sous le contrôle de la Société.»
Ainsi, les prestations de décès/invalidité deviennent payables à l’indemnisé après tout dommage corporel subi par une personne indemnisée à la suite d’un accident :
en cas de décès Rs 2 000 000 au profit des parties aux présentes et de leurs successeurs ;
en cas d’invalidité permanente/perte de membres – Rs 2 000 000 ;
frais médicaux – Rs 500 000 par personne/par accident et
une couverture de protection du revenu de Rs. 5 000 par semaine avec un moratoire de 8 semaines jusqu’à un maximum de 6 mois sous réserve de présentation d’un certificat médical.