Conjoncture économique : Exportations en hausse de 16% au 1er trimestre

– La situation dans nos marchés impacte les commandes

Malgré le contexte international difficile, les exportations se maintiennent à un niveau appréciable. Pour le premier trimestre, elles affichent une progression de 16%, comparativement à la période correspondante en 2021, atteignant Rs 10,9 milliards, contre Rs 9,4 milliards. Une performance à mettre au compte de la ténacité des opérateurs mauriciens et réalisée dans un contexte de dépréciation de la roupie. Au premier trimestre 2021, le dollar s’échangeait en moyenne à Rs 39.81 et cette année au premier trimestre il valait Rs 43.91.

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« Nous avons enregistré une dépréciation de 10% de la roupie, mais les exportations ont progressé de 16%, ce qui est une performance encourageante. Nous maintenons le cap », déclare Sunil Bholah, ministre du Développement industriel et des PME. Pourtant, la situation dans les principaux marchés d’exportation de Maurice est loin d’être au beau fixe et le secteur manufacturier local reste en état d’alerte, l’économie mondiale progressant au ralenti avec une croissance de 3,6% attendue cette année, selon le Fonds monétaire international, contre 6,1% en 2021.

La zone euro connaîtra une croissance de 2,8% cette année, 3,7% pour la Grande-Bretagne, 2,3% aux États-Unis et 1,9% en Afrique du Sud.

« Ces baisses de croissance s’expliquent par le fait que le monde continue à subir les effets de la pandémie, variant après variant, sans oublier la guerre en Ukraine qui a des répercussions énormes; et cette croissance économique inférieure dans nos principaux marchés impacte les carnets de commande des entreprises locales », ajoute le ministre.

Pour corser l’équation, le taux d’inflation dans ces marchés aura également un effet sur leurs achats. Dans la zone euro, le taux d’inflation sera à 5,3% cette année, 7,4% en Grande-Bretagne, 7,7% aux États-Unis et 5,7% en Afrique du Sud. Le Fonds monétaire international (FMI) soutient que cette combinaison de facteurs externes, la guerre entre la Russie et l’Ukraine, les perturbations dans la Supply Chain, le taux d’inflation élevé, et la volatilité des prix de l’énergie et de l’alimentation vont résulter en un affaiblissement de la croissance mondiale.

Les 233 entreprises orientées vers l’exportation (EOE) employant 35 024 personnes, dont 15 116 expatriés, devront donc jongler avec ces facteurs négatifs pour parvenir à maintenir une croissance des exportations.
« Il faut aussi conjuguer avec une hausse des coûts du fret et les perturbations maritimes.

Il y a aussi un problème de pénurie de main-d’oeuvre. Nous essayons de résoudre ce problème, nous avons soumis des propositions au ministre des Finances », fait ressortir Sunil Bholah.

Pour l’heure, les chiffres sont toujours en territoire positif, avec des exportations atteignant Rs 10,9 milliards au premier trimestre, contre Rs 9,4 milliards en 2021, soit une hausse de 16%. Le segment ‘Textile and clothing’ enregistre une hausse de 9,1%, avec des recettes de Rs 5 milliards. Les opérateurs ont shifté leur production de vêtements Low Cost à ceux High Value Added destinés à une clientèle haut de gamme, note le ministre. Les Yarn and Fabrics progressent de 24,2%.

Du côté des ‘Fish and Fish Preparations’, une baisse de 5,4%, avec des exportations de Rs 2,4 milliards est au tableau d’affichage. « Cette baisse s’explique par le fait qu’il y a d’autres fournisseurs, dont la Thaïlande et l’Équateur, et les clients tendent à se tourner vers ces marchés qui pratiquent des prix inférieurs. Toutefois, les deux gros opérateurs du secteur, soit Thon des Mascareignes et Princes Tuna, restent optimistes, et d’ailleurs Princes Tuna a des projets d’expansion », s’évertue de rassurer le ministre.

Au regard de la bijouterie et des pierres précieuses et semi-précieuses, les exportations sont passées de Rs 490 millions à Rs 1,1 milliard, soit plus du double. Dans le domaine des équipements médicaux, les exportations sont en hausse (+36,8%) atteignant Rs 379 millions.

Pour la période de janvier à mars 2022, le principal marché d’exportation est l’Afrique du Sud avec une progression de 13,6%), puis le Royaume-Uni (+1,4%), des États-Unis (+44,8%) et de la France (+36,5%). Sur l’Afrique du Sud, l’on aura noté une forte augmentation dans la demande de pantalons, T-shirts et tissus. Au Royaume-Uni, la demande est en hausse concernant les filets de poisson, le Processed Fish et les singes. Aux États-Unis, la demande pour les pierres précieuses – notamment les diamants – est en hausse, ainsi que le prêt-à-porter.

Sunil Bholah relève l’excellente performance du marché sud-africain, devenu la principale destination des exportations du secteur EOE. Les principaux clients sud-africains sont basés au Cap, le ministre ajoutant ceci: « Rs 30 millions de commandes sont déjà confirmées et d’autres sont en négociation. Nous croyons fermement que le marché sud-africain va continuer de croître et rester un des principaux marchés. Il y a aussi du potentiel dans des pays comme le Botswana, la Tanzanie et le Kenya. »

Son message est qu’il ne faut pas se reposer sur nos lauriers et demeurer extrêmement vigilant : « La situation internationale est très difficile. Les coûts de production et des intrants ont augmenté, mais les opérateurs du secteur sont très courageux. Malgré le coût du fret et le manque de travailleurs, certains opérateurs ont des commandes jusqu’au mois de novembre. C’est bon signe pour nous. Maurice est en mesure de livrer à temps et de donner de la qualité. »

Lors de ses consultations avec le ministre des Finances en vue de la présentation du prochain budget, Sunil Bholah a soulevé le problème des travailleurs étrangers. « Nous avons des difficultés à les faire venir ici. Il arrive que certains disparaissent dans la nature. Nous devrons revoir la façon d’emmener les travailleurs étrangers à Maurice avec des règlements plus stricts », dit-il en faisant comprendre avoir aussi discuté avec son collègue des Finances afin de « donner davantage d’incitations » aux opérateurs afin de les encourager à aller vers l’automatisation et la robotisation.

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