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Concours 2022-2023 : Jean Lindsay Dhookit, lauréat du Prix de poésie Edouard Maunick

L’écrivain mauricien Jean Lindsay Dhookit est de nouveau à l’honneur. Il a en effet cette fois décroché le Prix de poésie Edouard Maunick 2022-2023 pour son poème Demin pa pou twa. La cérémonie de remise de prix a été organisée en présence des membres du jury, Shenaz Patel et Kavinien Karuppudayan, de sa présidente, Ananda Devi, et de la compagne du défunt Edouard Maunick, Françoise Guinchard. Adil Aboobakar et Amit Parmessur ont reçu une mention spéciale du jury pour leurs poèmes, The Coil Spring et La Roche Qui Pleure respectivement. Varsha Gajadhur a obtenu une mention du jury pour son poème La Fourmillière.
DEMAIN, MON ÎLE était le thème imposé pour cette 4e édition du concours de poésie Edouard Maunick. À l’occasion de la cérémonie de remise de prix, le lauréat a déclaré : « Je suis agréablement surpris d’être désigné comme lauréat. Agréablement surpris parce que je suis de formation scientifique. »
Jean Lindsay Dhookit a fait des études de mathématiques et a ensuite été Computer Programmer et chargé de cours en informatique à l’Université de Maurice. Il a aussi été lauréat du concours d’écriture d’un texte scientifique en créole organisé par la Creole Speaking Union (CSU) en 2021 et lauréat du prix Jean-Fanchette en 2015 pour sa pièce de théâtre Cette brûlante envie de servir.
L’auteur dit avoir choisi d’écrire sa poésie en créole parce qu’il s’agit de sa langue maternelle et celle dans laquelle il s’exprime le mieux. Les invités présents ont eu l’occasion d’entendre sa poésie déclamée par l’ancien président de la tépublique Cassam Uteem. Pour leur part, les trois autres participants ayant eu une mention du jury ont eux-mêmes mis en voix leurs poésies.
Rama Poonoosamy devait rappeler la genèse de la création de ce prix, avec Edouard Maunick lui-même. Il indique qu’en quatre éditions, le concours a accueilli 900 poèmes dans trois langues (anglais, français et kreol morisien). Cette quatrième édition a enregistré 185 envois, soit 92 en français, 55 en anglais, 36 en kreol et deux bilingues, de 100 Mauriciens d’ici et d’ailleurs. Le concours était réservé aux Mauriciens vivant à Maurice et à l’étranger, sans limite d’âge. Il n’y avait aucune limite quant à la longueur des poésies non plus.
L’écrivaine Ananda Devi a livré ses impressions sur la poésie dans un magnifique texte aux invités.

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Ananda Devi : « Pour être poète, faut être prêt à briser les carcans »

La présidente du jury du Prix Edouard Maunick 2022-2023, l’écrivaine mauricienne Ananda Devi, multirécompensée sur le plan international, a livré ses impressions sur le concours et le rôle des poètes à un moment « charnière » de notre histoire, dans un magnifique texte empreint de poésie. « La poésie n’est pas un genre facile. Parfois, on pense qu’il suffit d’écrire de la prose et de la découper en vers. D’autres s’attachent à la poésie classique, à une sorte d’emphase un peu désuète. Il faut pour être poète être prêt à briser les carcans », dit-elle.
Ananda Devi s’est en outre longuement appesanti sur « l’urgence » dans laquelle l’humanité se trouve et note que « Edouard savait que la poésie est une affaire d’urgence ». Elle affirme : « Je crois que nous avons perdu le sens des miracles. » Pour elle, dans cette course effrénée, il faudrait « nous donner le temps de nous ressaisir, (…) de réfléchir, (…) de consommer plus sainement, (…) de penser à ceux qui crèvent en Palestine, au Soudan, en RDC ou ailleurs, et qui ne peuvent pas contempler les étoiles… »
Pour elle, « nos destins sont liés, et si nous ne pouvons pas faire en sorte que ce monde soit plus juste, cela ne sert à rien de vivre ». D’où la nécessité des poésies, dit-elle.
Elle observe que tous ceux qui ont écrit avant sont « conscients des enjeux ». Elle développe : « Par la poésie, ils ont senti qu’ils pouvaient exprimer leurs révoltes. Par la poésie, ils peuvent nous offrir un début d’impression, peut-être une sorte de consolation. Ils nous ouvrent leurs consciences et la nôtre également. C’est pour cela que la poésie est nécessaire. » Ananda Devi a relevé des extraits des poésies récompensées pour illustrer ses propos.

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