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Le Secrétaire à la Présidence sous l’ère Gurib-Fakim cuisiné sur son acceptation d’emploi chez Vango Property Ltd, sur la Jaguar XE avec la plaque d’immatriculation D1955 et les VIP Access à l’aéroport
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« Did you not think it was something wrong ? », lui demande le juge Caunhye au sujet de ses appels passés à l’ex-BOI et la FSC au sujet des applications de Sobrinho
La dernière séance de l’année de la Commission Caunhye, instituée pour faire la lumière sur le viol allégué des dispositions de la Constitution, reproché à l’ancienne Présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim, en prélude de sa démission de la State House en mars 2018, a été marquée par l’audition du Permanent Secretary et ancien secrétaire à la Présidence.
Dass Appadu a été acculé par plusieurs questions du juge Asraf Caunhye. Certaines de ses réponses ont même déclenché l’hilarité des membres de l’audience hier, notamment lorsqu’il a affirmé que c’était « une pure coïncidence » que la voiture de Planet Earth Institute portait une plaque personnalisée, D1955.
Il a essayé de se dédouaner sur ses implications personnelles en tentant de tout mettre sur le dos de l’ancienne présidente. Mais au final il s’est retrouvé en difficulté sur de nombreux points, ne parvenant pas, semble-t-il, à convaincre les trois juges-commissaires.
C’est accompagné par son homme de loi, Me Sanjay Bhuckory, que le Permanent Secretary s’est présenté à la commission d’enquête. Et ce, après que son rôle de Linkman entre la State House et le clan du multimilliardaire Alvaro Sobrinho ait été mis en relief par les autres fonctionnaires du Château du Réduit qui ont précédemment déposé.
Interpellations.
À la barre des témoins, il a été interpellé sur plusieurs volets de la Planet Earth Institute-State House Saga, notamment sur le fait qu’il est resté connecté avec les démarches de la fondation de Sobrinho malgré son transfert du Château de Réduit en novembre 2016; sur son emploi chez la compagnie appartenant à Alvaro Sobrinho, Vango Property Ltd; sur la Jaguar mis à sa disposition par PEI avec la plaque d’immatriculation personnalisée D1955; sur les demandes de VIP Access pour le clan Sobrinho ainsi que sur ses interventions à l’ex-Board of Investment et la Financial Services Commission pour s’enquérir des applications faites au nom de compagnies de l’homme d’affaires angolais.
43 années dans la fonction publique.
Dass Appadu a visiblement eu des difficultés à convaincre les trois juges Asraf Caunhye, Nirmala Devat et Gaitree Jugessur-Manna lors de ses réponses en tentant de tout mettre sur le dos de l’ancienne Présidente de la République. D’ailleurs, le haut fonctionnaire a été vers la fin de son audition acculé par l’homme de loi d’Ameenah Gurib-Fakim sur plusieurs points.
Asraf Caunhye : Combien d’années de service comptez-vous dans la fonction publique ?
Dass Appadu : J’ai 43 années de service dans la fonction publique. A l’arrivée d’Ameenah Gurib-Fakim au château du Réduit, j’y étais déjà. J’avais été assigné les fonctions de secrétaire à la Présidence depuis 2012, sous Kailash Purryag, après avoir été posté au sein de divers ministères.
AC : Le 3 novembre 2016 on vous a transféré du Réduit au ministère de la Fonction publique?
DA : Le 4 novembre 2016 précisément. J’étais en congé jusqu’au 10 novembre et j’ai pris mes nouvelles fonctions le lendemain. Je suis reparti en vacances le 15 novembre et ce jusqu’au 29 décembre 2016.
AC : Et vous avez eu l’offre d’aller travailler chez Vango Property ?
DA : L’offre pour être le Chief Executive de Vango Property est arrivée le 27 décembre et j’ai accepté le poste le 3 février 2017. Par la suite j’ai fait une demande de leave without pay d’un an.
AC : Et votre salaire chez Vango ?
DA : J’allais obtenir un salaire mensuel de USD 10 500, soit quelque Rs 361 000, trois billets d’avion Maurice-Londres et une voiture de compagnie.
AC : Pourquoi un fonctionnaire de carrière quitte-t-il le service public après tant d’années ?
DA : Je n’ai pas postulé pour ce job. Il m’a été offert through the good Office of The President après mon départ de la State House.
Dass Appadu explique qu’il recevait des appels de la Présidente presque quotidiennement. Cette dernière selon lui, « ne pouvait pas faire confiance à ceux qui m’ont succédé et était triste de son départ ».
Par la suite, il relate qu’avec les articles publiés dans la presse sur Alvaro Sobrinho en février 2017, « I had to take a back seat and decided to keep away from them ». Et d’affirmer qu’il « n’a jamais pris ses fonctions chez Vango », avant de concéder avoir touché des indemnités équivalant à trois mois de salaire, soit quelque Rs 1, 2 million.
AC : Pourquoi ce paiement si vous n’étiez pas employé et que vous avez mis fin à votre contrat ?
DA : Parce que c’est Vango qui avait mis fin à ce contrat.
AC : Avez-vous continué à vous rendre à la State House après votre transfert ?
DA : I was being regularly convened at her behest several times a week car elle n’aimait pas son personnel et avait qualifié son staff de useless, ne pouvant pas rédiger ses discours.
AC: Vous trouvez cela “in order”?
DA : Je ne faisais que l’aider et je ne pouvais pas non plus refuser la demande d’une Présidente. She was desperate and helpless.
Requêtes pour accéder au VIP Lounge.
Par ailleurs, Dass Appadu a reconnu avoir fait des requêtes pour accéder au VIP Lounge de l’aéroport Sir Seewoosagur Ramgoolam. Il affirme cependant que cela s’est fait avec le « consent, knowledge and approval » d’Ameenah Gurib-Fakim.
AC : Pourquoi avez-vous fait des requêtes pour des membres de Planet Earth Institute ?
DA : Je l’ai fait à la demande de la Présidente.
Le haut fonctionnaire a expliqué qu’Ameenah Grurib-Fakim était upset quand le PMO lui avait affirmé que les ONG n’avaient pas droit au VIP Access de l’aéroport. Il s’est dit se souvenir des propos de l’ancienne présidente: « Eski mo pa gagn drwa demann VIP access pou kikenn ki pe investi par miliar dan Moris? ».
Dass Appadu a indiqué avoir rencontré le Secrétaire au Cabinet Nayen Koomar Ballah qui lui a ordonné « de signer lui-même toutes les requêtes et de dire qu’elles sont des special guests to the President ».
C’est une coïncidence.
Dass Appadu a aussi été interrogé sur la Jaguar qu’il utilisait et qui avait été mise à sa disposition par Planet Earth Institute. « I don’t deny I travelled in that car in and out of the State House ». Selon lui, la voiture était basée à Ebène, la voiture était aussi utilisée pour véhiculer d’autres personnes.
AC : Avez-vous fait personnaliser la plaque d’immatriculation D1955 ?
DA : Pas du tout.
AC : Votre année de naissance est 1955.
DA : C’est une coïncidence.
Dass Appadu a aussi été interrogé sur ses interventions au sujet des applications faites par Sobrinho au niveau de l’ex-Board of Investment et la Financial Sevices Commission. « Did you not think it was something wrong? », lui a demandé Asraf Caunhye concernant des appels téléphoniques à Ken Poonoosamy et à PK Kuriachen, respectivement au BOI et à la FSC.
Le Permanent Secretary devait répondre que ces appels n’avaient pas pour objectif de mettre la pression sur ces institutions mais pour « s’enquérir des développements entourant ces dossiers ».
Le juge Asraf Caunhye lui a aussi fait la remarque que le collaborateur d’Alvaro Sobrinho, Mauricio Fernandes était visiblement très proche de lui au vu de la manière dont ce dernier l’interpellait lors des échanges de courriels, notamment « brother » ou encore « liberated brother ».
À la fin de l’audition, Me Hervé Duval Jr, avocat de Gurib-Fakim, a coincé Dass Appadu sur le fait qu’il avait déjà demandé l’autorisation à la Fonction publique, et ce depuis janvier 2016, d’être consultant des affaires de Sobrinho.
Dass Appadu semblait étonné que l’homme de loi était en présence de cette information. Me Duval Jr lui a demandé si c’est lui qui avait écrit la lettre signée par Ameenah Gurib-Fakim demandant qu’il ne soit pas transféré du Réduit.
Il a répondu par l’affirmative.
Ce qui a poussé l’avocat à lui demander : « Was she so saddened that she could not write her own praise of you? ». « That was modestly put », a répondu Dass Appadu, qui était quelque peu pris de court.
Cette première audition de Dass Appadu marque la fin des travaux de la commission Caunhye pour cette année 2018. Les contacts seront repris en janvier prochain.