Les projets de marches et de mobilisation populaire sont revenus à l’agenda. Les restrictions sévères imposées l’an dernier avaient sérieusement cassé l’élan pris depuis août 2020, avec le déferlement désormais historique et mémorable dans les rues de Port-Louis. Les priorités ont certainement changé entre-temps. Autant que les motivations.
Par exemple, dès l’annonce de marche prévue par les partis de l’opposition parlementaire, nombre de citoyens se sont désolidarisés du projet, via les plateformes sociales, arguant qu’il s’agit de « dinosaures » de la scène politique locale qui en sont les principaux moteurs. Un élément extrêmement sérieux, d’autant que bon nombre de citoyens ont, depuis plusieurs mois déjà, exprimé leur ras-le-bol de l’actuelle classe politique. Sentiment repris par une large frange de la diaspora vivant un peu partout autour du globe et qui, au plus fort des événements qui ont émaillé la vie du pays ces derniers mois – scandale des ventes pendant le premier confinement, échouage du MV Wakashio, mauvaise gestion globale du pays… – ont signifié à plus d’une reprise leur solidarité avec le peuple : marre des mêmes avec lesquels on compose et on recommence à chaque fois. Soit. Mais pour les remplacer par qui ?
That is the question. Il y a certainement ces formations extraparlementaires de l’opposition, comme Linion Pep Morisien, qui fait beaucoup parler d’elle. Et Rezistans Ek Alternativ. Bruyants quand il le faut et très présents sur le terrain. L’épisode du MV Wakashio restera, entre autres exemples, dans nos mémoires. Puis il y a aussi ce qu’on appelle « les petits partis », qui creusent leur sillon, lentement mais sûrement. À l’image d’En Avant Moris, qui s’attache à des activités de proximité.
Mais revenons à ReA qui, justement, ce 6 août, organise une “Conversation ouverte” à Mahébourg en hommage au triste anniversaire de l’échouage du MV Wakashio. Mais surtout pour dégager des idées et semer des pistes de solutions concrètes dans nos têtes. Car ReA propose des alternatives solides et réalisables à la formule éculée de toujours voter et revoter les mêmes.
La mémorable mobilisation du 29 août 2020 avait vu déferler une vague humaine dans les rues de Port-Louis. Mais il convient de rappeler que, quelques semaines avant, soit le 11 juillet, ReA avait donné le ton. Depuis, la donne a évidemment changé. Mais surtout, les raisons de descendre dans nos rues ont sérieusement augmenté ! Outre les nombreux scandales épinglés au gouvernement de Pravind Jugnauth, la cherté de la vie en opposition à l’arrogance affichée des élus qui ne se privent rien, et qui de surcroît accumulent les gaffes, il y a le dossier Agalega. Serti des réponses évasives et contradictoires tant de Pravind Jugnauth que de ses défenseurs les plus irréductibles.
À l’instar du ministre Bobby Hurreeram qui, cuisiné par Habib Mosaheb sur le plateau de Top FM la semaine dernière, a maintenu tout et son contraire. Autant de facteurs décisifs qui, dans la circonstance actuelle, encouragent les Mauriciens à exprimer leur désir de lendemains meilleurs.
Cette semaine, Pravind Jugnauth s’est démarqué en deux occasions. Lors de l’atelier de travail de la SADC sur le trafic de drogue, en évoquant l’importance du traitement des toxicomanes. Ensuite intervenant en l’absence réclamée des médias au lancement officiel du National Forum for Colleges (NAFCO), une idée des étudiants mauriciens qui n’a pas toujours eu l’adhésion du ministère de l’Education. Comme quoi, quand il le veut, Pravind Jugnauth sait faire la différence…
Le Covid-19 nous a inculqué moult leçons. Et quid du conflit russo-ukrainien ? Les brouilles actuelles entre la Chine et Taïwan pourraient s’envenimer pour impacter nos vies. Vivre dans l’océan Indien, une zone de paix, avec autant d’épées suspendues au-dessus de nos têtes, ne sera point de tout repos si l’on se fie à Pravind Jugnauth et ses demi-réponses. Le moment de faire le bon choix pour notre pays et protéger l’avenir de nos enfants a sonné.
Aux citoyens d’aujourd’hui de prendre les devants et de réclamer ce qu’ils souhaitent pour eux, leurs enfants et petits-enfants. L’heure n’est pas à s’enfoncer la tête dans le sable et à attendre que passe la tempête. Car nous risquons très gros dans ce processus. Août 2022 pourrait être aussi historique que symbolique. Dépendant de ce que les citoyens décident d’en faire.