Se connecter à Chinatown pour réveiller les consciences et encourager les jeunes à s’ouvrir sur le monde à travers le vivre-ensemble. Telle est la philosophie de vie de Jean-Paul Lam, président de la Chinatown Foundation. Pour se mettre en mode Dragon Moon Festival, plus connu comme la Fête de la Lune, l’un des événements les plus importants du calendrier chinois, Jean-Paul Lam a choisi de convier ses hôtes au Chinatown Digital Hub pour mieux s’imprégner de ces quartiers et voir le changement apporté autour de ces dernières années. Avec cette résonance d’en faire un carrefour interculturel.
Institution incontournable de la diaspora chinoise à travers le monde, le Chinatown de Maurice, redynamisé par son président, Jean-Paul Lam, de la Chinatown Foundation, est une invitation pour se plonger dans cette période nostalgique d’antan, alliée au modernisme d’aujourd’hui. Chaque quartier chinois de Chinatown a en effet sa propre histoire, avec cette volonté de part et d’autre de maintenir la valeur patrimoniale et historique de l’endroit.
Avant, il y avait ce qu’on appelait « le grand Chinatown », et qui s’étendait jusqu’aux confins de Port-Louis, Route Nicolay, Camp Yoloff. Grâce aux immigrants chinois, les commerces ont été florissants et les boutiques et leurs fameux “ti karne rouz”, un soulagement pour les familles à faibles revenus, qui pouvaient bénéficier d’un crédit de fin de mois. Chinatown était aussi l’antre des grossistes importateurs, et on y fabriquait même le siaow.
On ne peut non plus passer sous silence ces pharmacies traditionnelles chinoises, avec leurs pilules et sirops à base de plantes et d’insectes. Mais Chinatown regorge aussi de restaurants, transmis de génération en génération, tout en étant par excellence le haut lieu de la gastronomie chinoise et le paradis des foodies.
Avec le jumelage de la ville de Foshan et de Port-Louis, ce sous-quartier a été défini par les autorités municipales comme un espace délimité au Nord par la rue Etienne Pellereau, à l’Ouest par la rue David, au Sud par la rue Louis Pasteur et à l’Est par la rue Rémy Ollier… Certains se souviennent encore de ces quartiers, comme rue La Rampe (rue Emmanuel Anquetil), rue de La Paix (Seeneevassen) et rue Arsenal (Sun Yat Sen).
Dr Sun Yat Sen et sa ruelle en Pop Art
Le père de Jean-Paul Lam, Toni Lam, montre la première fresque de Chinatown peinte à l’effigie du Dr Sun Yat Sen, connu comme le père fondateur de la République populaire de Chine. Sous nos yeux se dévoile l’espace dédié au Dr Sun Yat Sen, une ruelle en version colorée au design Pop Art, créé en 2018 et réalisé par l’artiste international Chi Baolu, diplômé de l’académie des Arts appliqués de Lu Xun, et qui a par la suite également étudié aux Etats-Unis.
En 2010, il avait établi son propre studio, le Sentimental Art Studio, à Shanghai, qu’il a transformé en un espace créatif privé pour des artistes, et une salle de classe artistique, inspirée du mouvement Pop Art. Une autre ruelle, connue comme Colourful Opera, déclinée sous forme de masques et qui cède place aux talents de l’artiste Wang Jiam, alias Tom, professionnel diplômé de l’Académie des beaux-arts en Chine.
Le masque d’opéra de Pékin est une méthode de maquillage spéciale avec des caractéristiques culturelles chinoises. L’art des masques d’opéra de Pékin est un art très prisé par la majorité des amateurs d’opéra, et est l’un des symboles de la culture traditionnelle chinoise. Le masque a trois caractéristiques principales : la contraction entre la beauté et la laideur, qui est étroitement liée au caractère du personnage, avec le motif stylisé.
Une autre plaque fait référence au 50e anniversaire des relations diplomatiques entre Maurice et la Chine, The Seven wonders of friendship mural, inaugurée le 28 avril 2022 par Zhu Liying, ambassadeur de Chine à Maurice. La fresque fait 17 mètres de long pour 2,5 mètres de haut. Elle dépeint l’aventure d’un dragon explorant les sept merveilles de Maurice et de la Chine, et qui, sur sa route, fait la rencontre d’un panda, d’un lion, d’un dodo et d’un Bouddha. Sur l’itinéraire, une escale à la pagode Chan Chak, autre merveille de la diaspora chinoise.
Chinatown garde encore en mémoire des souvenirs d’un passé nostalgique, où les jeunes jouaient dans la rue sans crainte à leurs jeux favoris, comme cache-cache (kook), lekours galoupe… Les plus hardis se frayaient un chemin entre les marchands et les charrettes des livreurs dans les rues Royale et Ollier.
Mama, qui se trouvait en face du restaurant Lai Min, était le lieu par excellence pour s’adonner à des parties de baby-foot, de flippers, de télé box. Les vieux racontent qu’ils pouvaient regarder des films en 8 mm tout en écoutant des chansons de Mike Brant, d’Adamo et autres… Les clubs avaient aussi leur espace, dont celui du Heen Foh et Chan Chak, influencés par la Chine populaire et la Chine nationaliste, et où les gens se rencontraient pour des activités à la fois sociales et culturelles.
Des pièces de théâtre, elles, avaient lieu en plein air. Sans oublier des concerts prisés du célèbre groupe populaire Typhoon. Les fêtes culturelles et religieuses, placées sous le signe de la Fête du Printemps, la Fête des Lanternes et celle de la Lune, étaient les préludes à des rencontres amicales et familiales.
La Lune, symbole de réunion familiale
Comme l’indique Jean-Paul Lam, la Fête de la Lune, aussi appelée fête de la mi-automne, est l’un des événements les plus importants du calendrier chinois après la Fête du Printemps. « La Lune est un élément d’une grande importance pour les Chinois, qui la considèrent comme un symbole de la réunion familiale. Célébrée autour d’un bon repas, cette fête traditionnelle symbolise le rassemblement de la famille. »
C’est ainsi que Jean-Paul convie ses hôtes dans la ruelle Venpin, ornée de lanternes de toutes les couleurs, attachées sur une longue corde, et qui symbolisent la plénitude et l’unité. Et c’est précisément lors de la Fête de la Lune que les communautés se rassemblent, transcendant les différences individuelles pour célébrer dans un esprit d’harmonie et de joie.
Jean-Paul n’a pas hésité à trouver des fonds de sa poche pour animer cette partie du quartier plongée dans le noir à la nuit tombante. En 2018, pour donner un nouveau souffle à la rue Venpin, le président de la New Chinatown Foundation imagine de créer une Manga Pop Art Street, faisant ainsi de la rue Venpin un lieu animé, vibrant et coloré. L’attrait de ces fresques est qu’elles peuvent s’animer à travers les écrans de smartphones grâce à l’AR. Il suffit alors d’installer l’application Artvive sur son smartphone et de l’activer.
Parmi les autres réalisations de Jean-Paul Lam, il y a aussi le Tang Loon, fait de bouteilles en plastique recyclées, installés sur le toit de L’Amicale. Mais la rue Venpin était devenue à un certain moment le refuge des drogués. Raison pour laquelle ce coin a été réaménagé en des fresques artistiques de manière à convier les Mauriciens et les touristes dans une autre dimension.
Sur un des pavés, un des dessins attire l’attention. Il s’agit de « la roche volante », en version 3D. Un instagrammer peut prendre la pause et le résultat pris en un clic offre une photo plus animée et plus fun. Tous ces dessins sortent de l’imaginaire d’artistes, comme le dessin de ce yeti aux longues dents qui semble vouloir s’échapper de la porte en grillages. Un effet optique pour les amoureux d’art en quête d’autres sensations…
Digitaliser le quartier de Chinatown et le rendre plus vivant, et permettre ainsi aux jeunes de s’identifier à ces formes d’arts, le pari semble réussi. À travers cette étape, Jean-Paul Lam a voulu apporter un changement tout en invitant les jeunes à continuer de construire leurs rêves à Chinatown. Il a aussi modernisé Chinatown en créant la New Foundation. « Pour redonner vie à Chinatown, il faut d’abord que les Mauriciens s’y sentent connectés. Raison pour laquelle j’organise souvent des événements, soit 500 en six ans d’existence. » La Chinatown Foundation a joué un rôle crucial dans la communauté sino-mauricienne en favorisant les échanges humains, culturels et économiques entre Maurice et la Chine.
TRIANON : Le Dragon Moon Festival le 22 septembre
Après avoir organisé plus de 500 événements en six ans, la Chinatown Foundation est ravie de présenter le Dragon Moon Festival à Maurice. Organisé le 22 septembre au Trianon Convention Centre, ce festival sera un spectacle culturel de classe mondiale, mettant en vedette 500 artistes mauriciens et étrangers. Ainsi, la Chinatown Foundation réunit des centaines d’artistes de tous horizons pour un fabuleux concert afin de célébrer l’Année du Dragon Moon Festival.
Cet événement vise à réunir les plus petits aux plus grands pour un concert d’une durée de 1h45 composé de quelque 18 représentations. Une fusion d’artistes étrangers et locaux, avec du chant, de la danse, des arts martiaux et un défilé de mode.
Cette année, la Chinatown Foundation rassemble un large éventail d’artistes internationaux, dont Chen Shanboa, la superstar Hakka, et Jiani Li, la célèbre chanteuse d’opéra, aux côtés de talents de divers pays. Le concert mettra non seulement en valeur ces stars mondiales, mais offrira également une exposition médiatique inestimable à notre culture mauricienne, mettant en valeur les talents locaux sur la scène internationale.