Ce que l’Hôtel du Gouvernement a cru pouvoir faire de manière maladroite et gauche, l’opposition parlementaire l’a parachevé avec maîtrise. Toutefois, il n’y a de quoi pavoiser au sein de ce dernier côté de la Chambre.
Oui, le Grand Argentier, Renganaden Padayachy, avait ses raisons pour ne pas déposer sur la table de l’Assemblée nationale le jour de la reprise des travaux de l’Assemblée nationale, le mardi 26 mars, le rapport du Directeur de l’Audit sur la gestion des finances publiques pour l’exercice financier se terminant au 30 juin dernier.
Et cela, contrairement à la grande tradition de la transparence et de la bonne gouvernance. Même si dans le passé, d’autres ont tiré profit d’une telle dérogation à ces principes en démocratie.
En tout cas, les 595 pages du rapport du nouveau Directeur de l’Audit, Dharamraj Paligadu, ne pouvaient rester éternellement dans un tiroir au ministère des Finances. Mardi dernier, ce document phare, dont le titre est tout un programme, soit Making a Difference to the Lives of Citizens, revêt toute son importance car il porte sur la vérification des dépenses publiques de l’ordre de Rs 178 milliards, soit une moyenne d’un peu moins de Rs 500 millions par jour.
Un concours de circonstances sur le plan politique, en cette année électorale, a fait que ce jour-là, l’opposition parlementaire s’est retrouvée emportée dans un tourbillon propre à elle-même. Bientôt, huit jours après, elle l’est encore, reléguant au second plan le moindre commentaire sur le travail de cette institution sous la Constitution.
Trois des quatre partis, siégeant dans les rangs de l’opposition au Parlement, ont identifié d’autres priorités, notamment une répartition d’investitures en vue des prochaines élections générales, dont les échéances sont encore floues.
Le reproche de Misguided Focus, susceptible d’être retenu, peut être contesté par des politiques ; dans la mesure où année après année, le rapport de l’Audit répète les mêmes critiques sans aucune velléité d’amélioration. Ils n’ont pas tort.
Oui. Dans ce dernier rapport, le Directeur de l’Audit souligne à charge et avec force que « I wish to draw the attention of the National Assembly and those charged with public sector governance to the fact that an analysis of the major findings for the financial year 2022-23 has revealed that inadequate accountability mechanism at different levels in Ministries and Government Departments is the root cause of recurrence of same issues reported for the last three financial years. »
Pire encore ! Le précédent paragraphe aura indiqué que pour l’exercice financier 2021/22, le Directeur de l’Audit avait relevé qu’un suivi de 168 lacunes et manquements, pour ne pas dire d’usages abusifs des fonds publics, un cas sur trois avait été réglé « hence leaving 67% partially resolved/unresolved ». La conclusion de cet exercice remonte à février dernier.
Sur ce reliquat de défaillances flagrantes dans la gestion de Taxpayers’ Money sont venus se greffer d’autres scandales financiers avec le nouveau Directeur de l’Audit, un ancien du sérail des Finances, ne se gardant pas d’épingler le Grand Argentier dans sa gestion, en particulier à un chapitre des plus délicats, la dette publique.
Au titre de ce prêt de 250 millions de dollars américains (Rs 10,8 milliards), contracté en novembre 2022 en catastrophe auprès de la Société Générale sous forme de Bridge Loan Facility to Manage Financing Gap, le rapport de l’Audit émet presque un avertissement que « the government should carefully plan and estimate its sources of revenue when preparing the budget estimates to avoid incurring unnecessary expenditure ». Dans les Budget Estimates pour l’exercice financier 2022/23, le ministère des Finances avait surévalué les recettes générées à l’item de la Sale of Equity.
La conjoncture politique, pourtant propice à des dénonciations de largesses du gouvernement ou autres écarts financiers, n’aura pas permis jusqu’ici aux conclusions d’être in the limelight. Surtout cet exploit sans précédent de la National Development Unit avec 34 projets exécutés sur 968 identifiés, soit un taux de réussite de 4%. Pourtant, chaque semaine, l’on se gargarisait de projets de drains face aux effets de changements climatiques.
Mais depuis mardi dernier, silence radio à ce chapitre. C’est le K.-O pour ce chaos. Pire encore le fils a tenu à blanchir ce que le père avait noirci au Molnupiravir dans une PNQ un vendredi après-midi à l’Assemblée nationale en pleine pandémie de Covid-19.
Mais rien n’est perdu. Le Public Accounts Committee aura l’insigne honneur de remettre en perspective le travail de fourmi du National Audit Office. Mais attention encore ! Avec la dissolution de l’Assemblée nationale derrière la porte, le prochain rapport du PAC pourrait lui aussi être occulté par des clameurs électorales.
Le fait demeure que les institutions have delivered the goods. Aux politiques de décider ce qu’il en sera…