Jenny Adebiro qui claque la porte de toutes les instances du MMM, rumeur galopante jeudi après-midi, puis info confirmée avec sa conférence de presse le lendemain matin, c’est comme un coup de semonce.
La dernière défection en date des rangs du MMM ne peut être traitée de manière anecdotique. L’hémorragie dont est victime ce parti, qui a façonné l’histoire de notre pays et qui a vu l’émergence d’une génération de Mauriciens qui ont représenté (et dont certains éléments représentent toujours d’ailleurs) l’intelligentsia, est un sujet sur lequel une foule d’observateurs se penchent et s’épanchent depuis plusieurs années déjà.
Il est clair qu’on ne peut et qu’on ne doit pas, à ce stade, amalgamer le départ de Jenny Adebiro avec d’autres qui en ont fait de même. Ce qui donne la nausée, ce sont ceux qui « cross the floor » sans aucun scrupule pour grossir les travées de la maison Orange, et qui, frappés d’une amnésie soudaine et totale, sont dithyrambiques dans leurs éloges à l’égard de leur Roi Soleil ! Ce qui est ragoûtant, ce sont ces anciens, ces “militan coltar”, tels que désignés dans un jargon très répandu et qui a tout son poids, et qui ont viré leur cuti. Jenny Adebiro a déclaré qu’elle n’était pas « vendable ». Le temps nous dira ce qu’il en est…
Le débat doit, à notre humble avis, être placé à un autre niveau. Un vieux routier du MMM, converti au journalisme, Finlay Salesse, déclarait, avec raison d’ailleurs, jeudi après-midi, alors qu’il était à l’antenne d’une radio, que « l’histoire du MMM est inconnue de nos jeunes ». Les vrais combats, les idéaux, la philosophie, les convictions, les valeurs et les principes qui ont animé toutes ces générations de Mauriciens qui ont adhéré au MMM depuis sa création, et la culture qui s’en est dégagée, se sont hélas estompés graduellement. Relégués aux oubliettes. Tant et si bien que, valeur du jour, ce parti se résume aux… bides enregistrés ces dernières années aux législatives : c’est ce qu’en retiennent nos jeunes d’aujourd’hui quand ils sont interrogés sur la question !
Pourtant, avec le Covid-19, d’une part, et tous les dysfonctionnements enregistrés également, comme la crise de foi dans nos institutions, sérieusement gangrenées actuellement par le virus de la corruption, de même que la cohorte de manquements — appauvrissement des foyers, familles brisées, jeunesse délinquante et accro à des substances nocives, drogues, alcools et autres produits addictifs en hausse, déviances et violences qui augmentent, changement climatique, baisse du pouvoir d’achat, récession mondiale… n’avons-nous pas là un assez vaste chantier sur lequel bâtir de nouvelles bases pour un pays doté d’un peuple solide et prêt à faire face aux nouveaux défis ?
L’île Maurice d’aujourd’hui rassemble une foule de points communs avec notre pays des années 70/80. En ceci qu’il y a une sérieuse soif de savoir et d’enrichissement humain. Une Gen X émergera-t-elle pour répondre à ces attentes ? Points to ponder… Car la politique, telle que pratiquée jusqu’ici dans le pays, n’attire plus depuis belle lurette. Et dieu sait que les raisons abondent !
Un autre changement interpelle et inquiète ces jours-ci : celui d’un gros relâchement des gestes barrières. Nous sommes encore et toujours en pleine pandémie. Demandez à nos amis rodriguais et le spectre de l’hécatombe de novembre/décembre 2021 revient au galop ! Durant la semaine écoulée, les services de la Santé ont enregistré le taux de nouvelles infections le plus fort depuis le 1er janvier dernier, avec 188 cas pour la seule journée du 9 février.
Ce n’est pas parce que le variant Omicron est moins mortel que le Delta qu’il faut pour autant baisser la garde. On ne peut se permettre, avec les écoles qui ont repris et toutes les activités qui semblent reprendre leur vitesse de croisière, de prendre des risques inutiles. Avec un pays victime de crises à tous les niveaux (santé, économie, politique, éducation…), il y a de quoi s’engager dans des projets mus par le développement humain. Everybody’s got to learn sometimes.
Husna Ramjanally