Les détritus de l’ère coloniale, avec des précédents innommables en termes de respect des dispositions du droit international, semblent n’avoir pas compris le poids de ces 73 mots prononcés par le 47eᵉ président des États-Unis, Donald Trump, à 18 h 12 (GMT), jeudi dernier à la Maison-Blanche, en accueillant officiellement pour la première fois le Premier ministre du Royaume-Uni, sir Keir Starmer.
Dans son style à lui, Donald Trump, qui ne fait que rebattre les cartes politiques et diplomatiques sur le front international, aussi bien que sur le plan domestique aux États-Unis, a sifflé la fin de la partie sur les Basics du dossier de l’archipel des Chagos. La quintessence de ces 73 mots historiques prononcés à cette occasion se résume ainsi : « I have a feeling it’s (Chagos Deal between the United Kingdom and Mauritius) going to work out very well. »
Pourtant, depuis ce jeudi 3 octobre 2024, soit à la veille de la dissolution de l’Assemblée nationale à Maurice, le Chagos Draft Political Agreement entre Londres et Port-Louis avait mis en ébullition des forces politiques rétrogrades et leurs alliés de circonstance, s’évertuant à faire croire que Britain still rules the waves.
Comme il y a eu le cas 60 ans auparavant. Notamment, ce 8 novembre 1965, après le chantage politiquement odieux de l’accession de Maurice à l’indépendance, est intervenu le Prerogative Order in Council (UK Statutory Instrument No 1, 1965), créant la fiction territoriale du British Indian Ocean Territory (BIOT).
La dernière déclaration formelle de la leader de l’opposition britannique, Kemi Badenoch, reniant l’initiative de ce même Parti conservateur, il y a un peu plus de deux ans, dans le respect du droit international pour réparer cette décision unilatérale, avec l’excision de l’archipel des Chagos du territoire de Maurice, s’apparente à des Colonial Remnants dans un monde en pleine mutation dans tous les sens du mot.
La hargne de la contre-offensive des anti-Chagos Deal, malgré la douche écossaise administrée publiquement à Nigel Farage du UK Reform Party, celui qui se présentait comme les yeux, les oreilles et la bouche de Donald Trump, contraste avec le mood de retenue exprimé par l’Hôtel du Gouvernement avec la restitution de la souveraineté de Maurice sur l’archipel des Chagos.
L’autre victoire, qui aurait dû susciter l’exubérance à Maurice sur le dossier de Diego Garcia, avec la base militaire des Américains, est le Move signifié par Washington d’être présent à la table des négociations entre le Royaume-Uni et Maurice sur les Chagos. Jusqu’à tout récemment, l’administration américaine avait refusé d’entretenir toute requête officielle de la part de Maurice sur cette question d’intégrité territoriale. À chaque fois, Washington renvoyait Port-Louis à Londres.
Mais le Premier ministre, Navin Ramgoolam, s’en tient à ses commentaires liminaires de 00 h 16 du vendredi 28 février à Le Mauricien. Tout en saluant positivement la position affichée formellement par le président sur les Chagos, il laissait entendre qu’il était préférable d’attendre « until he looks at the final deal ».
Cette démarche politico-diplomatique de Maurice rejoint ce qu’avait aussi déclaré un peu plus tôt Donald Trump, succombant à l’idée d’un bail de 140 ans pour la base de Diego Garcia, en l’occurrence : « it’s a little bit early, we have to yet be given the details, but it doesn’t sound bad. »
Comme pour mieux faire comprendre la conjoncture et occulter ce fameux dicton : « The devil is in the details. »
Mais inéluctablement, cette prochaine étape historique de la signature du traité anglo-mauricien sur les Chagos ne restera pas orpheline. La bataille de la paternité des Chagos s’annonce âpre et sans pitié. Mais le fait incontournable est que l’archipel des Chagos dispose des facultés politiques d’être le trait d’union de la République de Maurice.
De l’Organisation Fraternelle (OF) des frères Michel avec le débarquement des Ilois à Port-Louis, à la magistrale intervention de feu sir Anerood Jugnauth, qui a systématiquement refusé d’accréditer la fiction politique du BIOT, devant la Cour Internationale de Justice du 3 septembre 2018, sans oublier la campagne sans relâche Rann Nou Nou Diego du MMM depuis la naissance de ce parti en 1969 et les initiatives légales du Parti Travailliste, tous les patriotes ont soutenu et continuent à soutenir les Chagossiens dans cette détresse humaine d’exilés. Ou encore Lalit et la présence d’hommes religieux à leurs côtés.
Le prochain message à la nation à l’occasion des fêtes nationales du 12 mars, marquant le 57eᵉ anniversaire de l’indépendance et le 33eᵉ de la République, en présence du Chief Guest, le Premier ministre de l’Inde, Narendra Modi, ayant assumé un rôle majeur aux côtés de Maurice dans ce combat historique, projettera un éclairage nouveau sur cette strophe de l’hymne national : « As One People, As One Nation, in Peace, Justice and Liberty. »