Les appréhensions et spéculations qui avaient précédé la rencontre entre Keir Starmer et Donald Trump au sujet l’accord entre Maurice et la Grande-Bretagne concernant les Chagos, et qui doit faire l’objet d’un traité, se sont dissipées à la lumière de la déclaration du président des Etats-Unis. Selon l’agence britannique Reuters, le président américain aurait en effet laissé entendre qu’il est « inclined to back a deal between Britain and Mauritius over the future of a U.S.Uk military base in the Chagos Islands ».
Cela suffit pour donner un sérieux coup de pouce aux initiatives du Premier ministre britannique, qui est en faveur d’un accord avec Maurice. Mais il faut toutefois rester vigilant, car les détracteurs de l’accord, en particulier Nigel Farage, en Angleterre, semblent être prêts à tout pour faire dérailler les discussions anglo-mauriciennes qui, semble-t-il, ont déjà débouché sur un accord. Les deux parties sont d’accord pour qu’un représentant américain jette un œil sur le contenu de l’accord, voire pour participer aux pourparlers. Les détracteurs britanniques et leurs acolytes sont tombés dans une bassesse incroyable ces jours-ci. Ainsi, on a entendu Nigel Farage, que certains estiment être plus pro-Trump que Trump en Angleterre, s’est permis d’insulter Maurice dans des propos mensongers et haineux, en affirmant que les Chagos ne doivent pas être vendues à « corrupt Mauritius ». Il faut vraiment être malveillant pour traiter un pays comme Maurice de corrompu. Jamais un politicien mauricien ne se serait permis de parler de “currupt England” si d’aventure des dirigeants britanniques étaient arrêtés pour fraude. De plus, les politiciens de la droite britannique ainsi que certaines presses continuent de dire qu’ils refusent de céder à Maurice la souveraineté sur les Chagos.
Ce faisant, il refuse de voir la vérité en face. Maurice dispose bel et bien de la souveraineté sur les Chagos, ce qui a été démontré par plusieurs jugements, dont ceux devant l’UNCLOS, à l’Assemblée générale des Nations Unies, et les instances internationales. Il est normal que le gouvernement réclame des frais de location sur Diego Garcia, qui est utilisée par les Britanniques et les Américains. Il s’agit maintenant d’avoir un système de lobby solide, tant à Londres qu’à Washington, pour contrer par tous les moyens les campagnes de désinformation savamment orchestrées. On a bien compris que beaucoup de décideurs politiques, dans ces deux capitales, ne connaissent rien de Maurice. À Maurice, il s’agit maintenant de ne pas perdre de temps et de procéder à la signature du traité, puisque l’accord a été conclu. Pourquoi pas avant le 12 mars ? Plus question de perdre le temps sur les détails. Aucun accord ne peut être parfait. Nous avons des choix à faire en fonction de notre objectif, qui est actuellement d’exercer notre droit de souveraineté sur les Chagos, tout en donnant des garanties concernant la sécurité de la base militaire américaine.
À Lancaster, SSR avait un choix à faire entre l’indépendance et les Chagos. Il a fait celui de l’indépendance. Maintenant, nous avons la possibilité de compléter notre indépendance. Avec la conclusion de cet accord, ce sera une nouvelle ère de coopération et de partenariat qui s’ouvrira entre Maurice et les États-Unis et la Grande-Bretagne. D’ailleurs, Maurice compte jouer pleinement son rôle en matière de sécurité dans l’océan Indien, en partenariat avec l’Inde, dont le Premier ministre, Narendra Modi, sera à Maurice pour les fêtes nationales. À Maurice, les activités économiques dans le pays ainsi qu’à l’aéroport ont repris vendredi après une journée de lockdown qui nous a été imposée par le cyclone Garance. Sécurité oblige, il était difficile de faire mieux, car Garance, malgré son petit diamètre, a donné du fil à retordre aussi bien aux services météorologiques France-Réunion que ceux de Maurice. La progression du cyclone a été pour le moins inhabituelle. On ne sait si cela est dû au changement climatique. Cette question pourrait être évoquée lors du Climate Show organisé par l’UE et la COI à l’auditorium Octave Wiehe à partir de lundi.
Jean Marc Poché