Le président de la République Kailash Purryag a été très sévère contre le gouvernement britannique dans ses propos lors de l’inauguration de la conférence internationale sur les Chagos organisée par le Chagos Refugees Group (GRC) à Pointe-aux-Sables, hier après-midi. Il a parlé de menaces britanniques sur la délégation mauricienne à la conférence de Londres en 1965 où on discutait de l’indépendance de Maurice.
« Zot finn menase, zot finn dir nou si zot pa aksepte, nou pran li (Chagos) sans zot lakor », a déclaré M. Purryag, avant de parler de qualifier de « honteux » ce que les Britanniques ont fait à Maurice. « Nous n’avions aucun pouvoir pour négocier avec eux. Ils mettaient beaucoup de pression sur nous parce que nous cherchions l’indépendance de notre pays », a-t-il dit. Le président a insisté que les Britanniques devront s’expliquer pour quelle raison « zot finn fer sa », avant de demander aux Chagossiens de ne pas baisser les bras et de poursuivre leur combat contre le gouvernement britannique. « Nous restons profondément sensibles aux aspirations du peuple chagossien à un retour sur les Chagos », a-t-il fait ressortir. Il a, par ailleurs, indiqué que les Chagossiens ont les mêmes droits que n’importe quels autres Mauriciens.
Avant lui, le président du Groupe Réfugiés Chagos (GRC), Olivier Bancoult, a rappelé que lorsqu’il avait lancé cette lutte, « dimounn ti kwar nou fou, nou pe al lager avek Angle. » « Comment se fait-il que les Britanniques nous empêchent d’habiter nos propres maisons en paille ? Nous aurions accepté si les îles étaient inaccessibles. Or, tout le monde peut se rendre sur les îles — les Britanniques, les Singapouriens, les Américains mais pas les Chagossiens », a-t-il déclaré. M. Bancoult a rappelé aux politiciens mauriciens que les Chagos font partie du territoire mauricien et « qu’il ne faut par oublier cela ». « Zot fer nou ditor, malgre zot konn nou soufrans. Nou dimann zot respekte nou konba e nou soufrans », a-t-il lancé.
Au Mauricien, Olivier Bancoult a déclaré qu’il a le regard fixé sur l’avenir des Chagossiens. « Grâce à notre lutte, nous avons pu changer le mauvais regard que les gens avaient sur nous. Aujourd’hui, le monde entier, pas seulement à Maurice, reconnaît la valeur et la détermination de la communauté chagossienne qui affirme qu’elle ne reculera pas s’agissant ses droits fondamentaux », a-t-il déclaré. Pour lui, cette lutte est un exemple donné à tous les autres peuples déplacés. M. Bancoult a dit sa fierté que les Chagossiens ont réussi à porter le problème au niveau international. « Nous avons pu montrer l’injustice et la discrimination à notre égard de la part du gouvernement britannique », a-t-il souligné.
Pour sa part, l’avocat britannique Richard Gifford, qui défend la cause chagossienne devant la justice britannique, a dit « qu’il n’y a aucun doute que sans la lutte menée par le GRC, il n’y aura aucune possibilité de retour sur les îles. » Cette lutte, dit-il, a été extrêmement difficile pour les Chagossiens. « Tout le monde sait que lorsqu’on déporte un peuple de sa terre natale, de nombreux problèmes surgissent », a-t-il ajouté. « Ce peuple perd sa culture et la seule chose qui unit ses membres est le sens de cette perte et l’espoir de rentrer un jour sur leur terres natales. » M. Gifford a estimé que déraciner quelqu’un de sa terre natale est une chose effroyable à faire. « Comment les Chagossiens ont survécu à cela est un hommage extraordinaire à leur résilience », a-t-il fait ressortir. La conférence se poursuit aujourd’hui.
CHAGOS—KAILASH PURRYAG: « Les Britanniques nous avaient menacés… »
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