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Censure des plateformes — Ramgoolam : « L’heure est grave et la patrie est en danger »

« L’heure est grave et la patrie est en danger », affirme Navin Ramgoolam, à l’issue d’une réunion de crise à laquelle ont participé les quatre autres chefs de file de l’Alliance du Changement, à savoir Paul Bérenger, Shakeel Mohamed, Richard Duval et Ashok Subron. Plusieurs autres dirigeants de cette alliance y ont également apporté leur concours. Afin de bien montrer la gravité de la situation, les leaders de l’Alliance du Changement ont choisi de mettre un drapeau mauricien à arrière-plan au lieu d’y placer leur banderole habituelle.
Navin Ramgoolam a fait ressortir que tous les Mauriciens sont en colère et choqués parce qu’ils ne peuvent pas accéder librement aux réseaux sociaux comme à l’accoutumée parce que le gouvernement a donné l’ordre de bloquer les réseaux sociaux jusqu’à 11 novembre. Or, les réseaux sociaux ne sont pas utilisés uniquement par les politiciens et les journalistes mais par l’ensemble de la population dont les élèves qui y ont recours pour leur révision à la veille des examens en cours. À cela s’ajoutent les commerçants, l’industrie touristique et les services financiers.
« Le gouvernement Jugnauth prive chacun d’entre nous de notre liberté d’expression qui est garantie par la Constitution. Seule la MBC – qui est un outil de propagande du gouvernement – peut continuer de diffuser les images de propagande du MSM », dit-il en ajoutant que cette action du gouvernement constitue une violation du droit à l’information. « Notre liberté a été confisquée. Ce qui est extrêmement grave. On veut nous empêcher de connaître la vérité, qui est en train de sortir. Ce qui constitue une atteinte à la démocratie. Dans leur panique, ils savent qu’ils sont en train de perdre les élections et ils utilisent tous les moyens pour s’accrocher au pouvoir. En essayant de sauver leur peau, ils ne regardent pas le mal qu’ils font au pays. C’est la réputation de Maurice qui est menacée. Notre état de droit est écorné », poursuit-il.
Navin Ramgoolam note que l’ICTA a confirmé dans son communiqué qu’elle a agi suite à des directives émises. Pour le leader de l’Alliance du Changement, le pays sous le MSM « s’achemine vers la dictature ».
En fin de compte, Navin Ramgoolam a indiqué qu’en ordonnant la suspension des médias sociaux, le gouvernement a montré que tout ce qui a été révélé par les leaks de Missie Moustass est vrai et pas le résultat d’une manipulation de l’intelligence artificielle. « Zote pe tegn dife ek lesans », a-t-il dit. Et le MSM est prêt à mettre ce pays à feu et à sang pour rester au pouvoir. « En vérité, ils recherchent tous les prétextes afin de renvoyer les élections. La défaite est normale dans une démocratie », prévient Navin Ramgoolam à l’intention de ses adversaires politiques.

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Appel aux extraparlementaires

Navin Ramgoolam a déconseillé aux politiciens des partis extraparlementaires d’organiser des manifestations. « C’est une erreur. Il ne faut pas céder à la provocation et donner à Pravind Jugnauth une raison pour renvoyer les élections », conseille-t-il. Il a lancé un appel au calme avec le recours au droit de vote pour sanctionner Pravind Jugnauth et sa cuisine pour ses mesures totalitaires. « Le peuple est souverain », a-t-il souligné. Il annonce qu’un panel d’avocats se penche sur toute la question. Un appel a été lancé aux autres partis extraparlementaires « de se rassembler et de se ressaisir et d’examiner leur conscience afin de savoir s’il faut laisser ce gouvernement poursuivre la destruction de la démocratie. » Il a invité la population à être présente en masse dimanche à Port-Louis pour faire entendre sa voix.
Richard Duval estime, de son côté, que la situation est « très grave », que le peuple a vu le vrai visage de ce gouvernement et que le pays bascule vers une dictature. « Nous ne nous laisserons pas aller vers le découragement ; tout au contraire, nous invitons la population à rester calme et vigilante et de continuer à rester Focussed sur le meeting à Port-Louis dans la paix et la discipline », fait-il ressortir.
Intervenant, Shakeel Mohamed a fait mention d’un cas qui a été entendu devant la Cour européenne des droits de l’Homme en 1995 concernant le blocage de l’accès à YouTube. Cette Cour avait estimé que c’était une violation de l’European Convention of Human Rights. « La Cour européenne des droits humains, qui a toujours inspiré la Cour suprême de Maurice, a estimé que ce blocage était disproportionné parce qu’il avait eu un impact négatif sur les utilisateurs. C’est exactement la même chose qui s’est produite. Le gouvernement a violé l’article 12 de la Constitution. Cette clause fait mention aussi de Public Safety. Or, à Maurice, il n’y a aucun problème de sécurité et aucune raison valable qui peut justifier ce que le gouvernement a fait. Ce qui est grave », a-t-il dit. Il a demandé aux Mauriciens de ne pas tomber dans le piège tendu par le gouvernement qui « utilise ses pouvoirs pour protéger ses intérêts », ceux de ses proches et de son clan.

État d’urgence digitale

Ashok Subron a, pour sa part, estimé que le gouvernement a traversé une ligne rouge épaisse en pleine campagne électorale. « Maurice est indignée et révoltée, mais chacun doit garder la tête sur ses épaules parce que ce qui est important c’est d’aller au rassemblement dans le calme demain et de voter dans le calme dimanche prochain. » Il estime Maurice est plongée dans « un état d’urgence digitale ».
Ashok Subron a demandé aux jeunes de ne pas prendre le risque du VPN « parce qu’on sera plus vulnérable aux fake news » et de se méfier des vidéos qui pourront être fausses. Il a demandé aux forces extraparlementaires de se rallier pour faire botter le gouvernement hors du pouvoir.
Paul Bérenger a clôturé la conférence de presse en présentant ses sympathies aux victimes des réseaux sociaux de cette suspension, qui a débuté au milieu de la nuit. L’ICTA a, dans son communiqué, affirmé avoir reçu des directives alors que le gouvernement à travers sa cellule de communication a affirmé que « tous les efforts sont en train d’être consentis pour un retour à la normale » alors que c’est lui qui a demandé de suspendre les plateformes de réseaux sociaux. Il a souhaité que les réseaux sociaux soient rétablis au plus vite. Paul Bérenger a demandé à la population d’apporter la solution à travers leur vote le 10.
Quant aux rumeurs de cyberattaque au PMO, Shakeel Mohamed a mis en avant que c’est un problème qui peut être réglé sans bloquer les réseaux sociaux.

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