Campagne pour la Maison Blanche : course plus que jamais ouverte après le désistement de Biden !         

La pression étant devenue intenable, Joe Biden, 81 ans, a finalement décidé de jeter l’éponge en pleine campagne électorale et apportera, selon le communiqué émis le 21 juillet 2024 pour annoncer sa décision, son soutien « total » à la vice-présidente, Kamala Harris, en vue de sa nomination en tant que candidate des Démocrates au scrutin de novembre prochain. Pourtant, le président américain a, depuis le débat télévisé notoire du 27 juin dernier, farouchement résisté aux assauts venant de son propre camp pour un éventuel désistement, avouant même qu’il est « le meilleur candidat à pouvoir battre Donald Trump » et qu’il jouit d’une « parfaite santé pour continuer et terminer le combat ». Or, entre-temps, certains événements qui se sont produits ne plaident pas en sa faveur, comme, par exemple, son affection par la Covid-19, le contraignant à l’isolement. Ce alors que Donald Trump, lui, poursuit sereinement sa campagne après son intronisation, accélérant même le rythme.

- Publicité -

Il convient de faire ressortir que, dans toute démocratie digne de ce nom, un débat public devant toute la nation entre candidats, aspirant à occuper la plus haute fonction de l’État ou du gouvernement, constitue une étape incontournable de la campagne électorale dans le cadre du processus de renouvellement de l’équipe dirigeante d’un pays. Un tel exercice permet, dans une grande mesure, aux électeurs de mieux jauger, avant le vote, la qualité et compétence de celui ou celle qui serait éventuellement appelé(e) à les représenter tant au niveau national qu’international. Car, débattre dans une campagne, c’est avant tout se battre pour ses idées à propos du sens que l’on souhaite accorder à une administration quant à son orientation et son efficacité. C’est également s’engager dans un affrontement politique symbolique afin d’élaborer un projet de société pour tenter in fine de convaincre l’électorat ou, du moins, la section la plus large possible, sur la pertinence de ce projet.

Cependant, comme on l’a vu lors du débat du 27 juin dernier, le travail accompli et la connaissance des dossiers sont loin d’être des éléments suffisants pour tirer son épingle du jeu car la capacité de pouvoir exposer ses arguments devant les citoyens lambda de manière explicite et cohérente joue également un rôle prépondérant. C’est ainsi, qu’avec son aplomb habituel, Donald Trump a surplombé ce débat présidentiel face à un Joe Biden, offensif certes sur le fond mais très embrouillé sur la forme et manifestement surpris par le niveau d’agressivité de son adversaire. Il convient de souligner que c’est le président démocrate sortant lui-même qui avait réclamé que cette confrontation avec son prédécesseur se tienne tôt dans la campagne avant l’investiture officielle par les partis respectifs pour tenter, semble-t-il, de mettre K.O, au premier round même, le candidat républicain. Mais le vin ayant tourné au vinaigre, c’est le contraire qui s’est produit. Bref, ce n’était qu’une occasion ratée pour Joe Biden de rassurer les millions d’électeurs sur sa vitalité et sa santé. Et même les grands bailleurs de fonds ont exprimé leur réticence à financer sa campagne.

Or, depuis que les débats télévisés ont débuté aux États-Unis il y a plus de 60 ans de cela avec celui de 1960 justement entre John F. Kennedy et Richard Nixon, force est de constater que la forme a joué un rôle aussi, voire plus, important que le fond. Même si Donald Trump qui a été condamné au pénal fin mai dans l’affaire de l’ancienne actrice des films X, Stormy Daniels, n’a jamais reconnu sa défaite à l’élection présidentielle de 2020 et a, lors du débat, multiplié les exagérations et les demi-vérités notamment sur des sujets vitaux tels l’immigration, l’avortement, le climat, entre autres, c’est lui qui est sorti la tête haute de cette joute électorale, qualifiée par certains Démocrates de « désastre » pour leur candidat qui était souvent apparu confus, balbutiant ses mots et s’emmêlant plus d’une fois les pinceaux.

Mais quoi qu’il en soit, en dépit de cette contre-performance du président sortant – qu’il met sur le compte de la fatigue liée à ses récents déplacements à l’étranger –, il était toutefois assez tôt dans la campagne pour prédire si ce face-à-face ferait radicalement bouger les lignes ou non. Et même si la tentative d’assassinat du 13 juillet dernier contre Donald Trump – « une balle pour la démocratie », ironise-t-il – a fait, momentanément, grimper son score dans les sondages ; même avec un soutien unitaire des Républicains – soutien également de Nikki Haley, sa plus farouche opposante durant les primaires – lors de la convention de Milwaukee qui l’a intronisé officiellement le 18 juillet dernier en tant que candidat du parti pour la présidentielle de novembre prochain, rien n’est encore joué à ce stade. Tout dépendra, bien évidemment et dans une grande mesure, de la prestation attendue du candidat ou de la candidate qui sera désigné(e) par la convention des Démocrates à la mi-août prochain à Chicago. Et, il va sans dire qu’avec le soutien qui s’accumule déjà en sa faveur, Kamala Harris est bien partie pour affronter Donald Trump dans trois mois.

À Maurice, il est malheureux que le débat public entre les principaux prétendants au poste de PM n’est pas encore entré dans les moeurs du processus électoral. Pour tenter de mettre toutes les chances de leurs côtés, ils préfèrent, paraît-il, passer entre les gouttes et jouer la carte de la prudence car un simple trébuchement ou décontenancement à la toute dernière minute pourrait s’avérer politiquement fatal et gâcher tout un travail abattu lors d’une campagne coûteuse, intense et éreintante. Manifestement, la peur de voir s’éloigner le bâtiment du Trésor et tous les privilèges qui y sont associés a préséance sur un exercice démocratique qui aurait pourtant permis aux électeurs d’accomplir leur devoir de citoyens avec plus de perspicacité et de discernement. Mais, après tout, qui s’en soucie ?

D’ailleurs, un PM sortant n’est même pas tenu à faire le bilan de sa mandature et de son programme gouvernemental présenté au tout début de son administration. Des projets phares annoncés dans le manifeste électoral de 2019 comme, par exemple, la révision du fonctionnement de la PSC, la DFSC et la LGSC ; la réforme électorale ; des amendements pour déterminer les échéances des élections municipales et villageoises ; la création d’une académie pour la formation des policiers et garde-chiourmes, etc, n’ont pas été implémentés sans que personne ne s’en offusque. S’il est vrai que, dans une société de consommation à outrance comme la nôtre, les « bread and butter issues » constituent le plat de résistance de l’électorat, la décence politique exige néanmoins qu’un bilan en bonne et due forme soit exposé devant la population par les dirigeants sortants, d’autant plus s’ils entendent solliciter à nouveau son suffrage en vue d’une éventuelle reconduction au pouvoir.

                                                                                                                                    Dr Diplal MAROAM   

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -