« A bridge to the future 2025–2029 », le tant attendu discours-programme du nouveau gouvernement, qui gère le pays depuis son phénoménal 60–0 du 11 novembre, contient une foule de pistes intéressantes et ambitieuses. Tant pour ce qui est d’une profonde révision de notre Constitution sur d’autres fronts, comme le respect de la vie privée des citoyens avec l’annulation des insipides Regulations du gouvernement de Pravind Jugnauth, qui voulait contraindre chaque Mauricien à divulguer des données privées sensibles, en passant par le respect et l’inclusion des droits de la nature dans le développement réfléchi, faire éclater la vérité et rendre justice s’agissant des scandales du précédent régime, le bien-être des animaux, le logement pour chacun comme un droit, entre autres. Ceux, et ils sont très nombreux, qui soutiennent Rezistans ek Alternativ (ReA), sont certes soulagés que les causes défendues et les combats engagés par ce parti se retrouvent (beaucoup) dans les projets de notre nouvelle société !
Certains de ces projets ne pourront probablement pas être réalisés durant les cinq premières années de L’Alliance du Changement. Le temps, les moyens et les ressources, mais surtout des priorités, ayant préséance. Les détracteurs et opposants de ceux qui sont actuellement à la tête du pays ne perdront pas de temps pour chercher la petite bête et cracher leur venin.
Ceux qui ont été plébiscités par le troisième 60–0 de notre histoire ont, nous le souhaitons tous ardemment, très à coeur de ne pas laisser l’histoire des précédentes cassures se répéter. Même si quelques-uns de l’ancienne garde des partis classiques semblent toujours avoir quelques difficultés à s’adapter aux nouvelles exigences, parions qu’ils sont majoritaires ceux qui se sont déjà retroussé les manches et qui labourent le terrain pour semer les graines d’une île Maurice où « peace, justice & liberty » résonnent dans les cœurs et les tripes !
Et il y a aussi ces autres priorités qui réclament toute l’attention de nos décideurs. Les ravages incommensurables des drogues au sein de notre société; la sécheresse, qui menace tant nos cultures vivrières que notre quotidien tout court; les différentes formes de violences, avec une nette détérioration parmi nos jeunes; les accidents de la route, qui n’arrêtent de faire croître le nombre de victimes chaque jour; les conflits mondiaux, qui répercutent des pénuries d’aliments et de médicaments sur notre marché… Et la liste s’allonge. Chaque élu est bien conscient de l’immense responsabilité qui repose sur ses épaules et comprend qu’il doit multiplier ses efforts. Que l’erreur n’est pas permise. Qu’il est scruté par ceux-là mêmes qui n’ont pas hésité à changer la donne radicalement le 10 novembre dernier.
« A Bridge to the future » n’élabore pas suffisamment les mesures à prendre, par exemple, dans le court comme le long termes pour l’épineux problème de manque d’eau. Certes, des travaux sont déjà en cours à différents niveaux pour remédier au plus pressé. Mais quid du futur ? Changement climatique oblige, les paramètres ont changé. Certaines régions sont plus souvent arrosées que d’autres, alors que dans un récent passé, ces endroits étaient très secs. Études, projets et fast-track devraient, à notre sens, être privilégiés afin de soulager au plus vite, et bien, chaque Mauricien.
La circulation de vidéos montrant nos jeunes – en uniformes ou en civil – s’empoignant, se battant, proférant des injures à faire blêmir un charretier, dénote une montée de violences sans précédent. Cela pourrait en partie résulter des périodes des confinements, où ces jeunes n’ont pu évacuer l’adrénaline de leur système. Mais cela traduit aussi une immense faiblesse, tant au niveau de nos cellules parentales que de nos institutions. Le ministre Mahen Gungapersad a pris le taureau par les cornes avec les consultations et prises de décisions rapides. Souhaitons évidemment que cette démarche soit suivie et totale pour être adéquate. Et pour cela, c’est un travail dur qui attend tant l’Education, mais autant tout le reste du pays, citoyens et décideurs !
Idem pour les autres secteurs. Cette complémentarité des forces actives doit devenir un réflexe, et non une faveur. Ainsi que le prône Patrick Michel dans son dernier édito, ce gouvernement n’est « nullement A bridge too far » pour atteindre ses objectifs.
Husna Ramjanally