Bonne nouvelle : notre planète n’est pas en danger et a encore de beaux jours à couler; de quatre à cinq milliards d’années pour être plus précis. Bon, évidemment, nous ne parlons que de la planète dans le sens le plus strict du terme, car pour le reste, les choses ne sont pas aussi réjouissantes. Car si le support (notre Terre) est parfait, le logiciel, lui, est pour ainsi dire grippé. En d’autres mots, le programme du vivant a un virus, et ce virus… c’est nous. Le souci, c’est que si nous voulons nous en débarrasser, il nous faudra tous passer à la guillotine.
En d’autres mots, nous nous dirigeons inéluctablement vers la 6e extinction de masse connue par le vivant depuis l’apparition de la vie, soit il y a un peu moins de quatre milliards d’années. Un superordinateur a même calculé le moment où l’humanité disparaîtra de la surface du globe si nous n’arrivons pas à endiguer rapidement le réchauffement climatique. Et c’est dans… 250 millions d’années, soit bien avant que le Soleil ne rende la terre stérile. Bon, vous l’aurez compris, selon cette énième simulation, ce n’est donc pas pour tout de suite, et il n’y aurait donc pas trop à s’en faire autant pour notre propre existence que pour celles de notre progéniture. Sauf que…
Le souci, c’est que ces calculs – qui ne sont d’ailleurs jamais que des extrapolations calculées sur la base de données actuelles – ne prennent en compte que la seule réalité climatique, et aucunement des effets associés, à l’instar de l’intensification des phénomènes extrêmes, des conséquences sociales, de la croissance démographique, de la disparition de nos ressources, et, bien entendu, au final, de l’effondrement civilisationnel. Autant dire que la fiabilité de ce lointain ultimatum nous pousse à relativiser au maximum ce qui pourrait être faussement perçu comme une « vraie bonne nouvelle ». Car non, pour le coup, ce n’en est pas une !
Pour s’en convaincre, faisons un petit saut dans le passé, de 900 000 ans pour être exact. Soit à une époque où l’humanité n’aura jamais été aussi proche de l’extinction. En un peu plus de 100 000 ans seulement, près de 99% de nos ancêtres ont en effet disparu de la surface de la Terre, ne laissant, selon là encore une modélisation informatique, que… 1 280 représentants de notre espèce à travers le globe, pour près de huit milliards aujourd’hui. Les raisons de cette extinction massive : des changements climatiques extrêmes au milieu du Pléistocène, avec des périodes glaciaires plus longues et plus intenses. Autant dire que même si les conditions climatiques sont tout autres près d’un million d’années plus tard, les raisons d’être optimistes, elles, sont pour le moins légères.
Et ce n’est hélas pas tout car, comme l’ont rappelé il n’y a pas si longtemps des scientifiques de l’université de Stockholm, il faut ajouter à la problématique 14 impasses naturelles et sociales qui pourraient, elles aussi, et à court terme, signer la disparition de l’Homme, et ce, du fait principalement de notre domination sur la nature et les autres membres du vivant. Dans cette conjoncture de crises multiples que traverse l’humanité, cinq menaces sont même qualifiées d’impasses évolutives globales. La « croissance pour la croissance » est l’une d’elles. En d’autres termes, poursuivre de manière ininterrompue la croissance finira un jour par nuire au bien-être de l’humanité.
À la croissance, nous devons aussi ajouter le « dépassement », autrement dit une utilisation supérieure par l’Homme des ressources que la Terre peut fournir, mais encore les conflits, comme ceux que nous connaissons aujourd’hui en Ukraine ou au Moyen-Orient. Tout cela sans compter la multiplication et la prolifération de maladies infectieuses (pas besoin ici de donner d’exemples) ou encore, parmi les autres calamités anthropiques, les pièges évolutifs dits « structurels », comme la surconsommation, la déconnexion de la biosphère ou la perte du capital social local.
En d’autres mots, si le réchauffement planétaire ne précipitera pas forcément la fin de l’espèce humaine, d’autres menaces – connectées par notre modèle économique au changement climatique – risquent bien de le faire à sa place. Petit à petit, nos activités amènent l’humanité à s’approcher dangereusement de nombreux seuils critiques. Et si Sapiens n’est pas encore condamné, sans transformation sociétale active, il en prend définitivement le chemin. Mais bon, on vous l’a dit depuis le début : notre planète, elle, continuera de tourner encore longtemps. Et ça, c’est plutôt une bonne nouvelle, non ?