Oubliez la Covid, la hausse des inégalités, les bouleversements sociaux et la crise économique ! Le danger, le vrai, est ailleurs. Tapis dans l’ombre d’un soleil aux rayons de plus en plus ardents, pesants. Ravageurs et mortels ! Car si le terme « réchauffement climatique », à son apparition, il y a quelques décennies à peine, engendrait un haut niveau de scepticisme, au point d’être le plus souvent décrédibilisé lorsqu’il s’invitait dans les quelques rares conférences ou colloques qui lui étaient consacrés, aujourd’hui, non seulement il ne fait plus rire, mais il aura fédéré la majorité des instances scientifiques, toutes disciplines confondues. C’est un fait : désormais, le « changement climatique » (son « nouveau » nom) n’est plus une banale légende urbaine, mais bien une réalité avec laquelle nous devons composer.
Pour s’en convaincre, jetons un coup d’œil rapide sur les dernières études qui lui ont été consacrées ces dernières semaines, et non des moindres puisqu’elles émanent d’instances comptant parmi les plus reconnues du monde, et donc dont seuls les adeptes de la secte du déni ne peuvent se permettre de mettre en doute les conclusions, à savoir la Nasa, la NOAA ou encore Copernicus. Ainsi, la Nasa et l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) ont confirmé, le 13 janvier dernier, une tendance déjà notée, à savoir que notre planète continue bel et bien de se réchauffer. Inexorablement.
Mieux (ou pire, selon le point de vue) : comme pour donner davantage de crédit à ces rapports combien alarmants, Dame Nature nous aura gratifié, le jour même de leur publication, d’un record absolu de température en Australie, où le mercure affichait près de 51 °C sur la côte ouest. Du jamais vu dans tout l’hémisphère sud, même tenant compte que le « pays continent » se trouve dans sa période la plus chaude de l’année. Autant dire que 2022 risque bien de battre le record de 2021, qui vient donc d’être décrété comme l’une des années les plus chaudes jamais enregistrées.
On le voit, la menace est réelle, tant il est évident que de telles températures s’avèrent extrêmement létales, pour l’être humain, mais aussi pour un grand nombre d’autres espèces animales. Les propos de Gavin Schmidt, directeur du principal centre de modélisation climatique et de recherche sur le changement climatique de la Nasa, sont d’ailleurs sans équivoque : « La complexité des diverses analyses est sans importance parce que les signaux sont extrêmement forts. » Il est suivi par Bill Nelson, administrateur de la même agence américaine, pour qui « il n’y a aucun doute : le réchauffement climatique constitue désormais une menace existentielle de notre temps ».
Cette étude vient ainsi en confirmer une autre, dont les résultats ont été publiés une semaine plus tôt, soit celle du service européen Copernicus de surveillance de l’atmosphère, qui concluait que les sept dernières années auront été les plus chaudes jamais enregistrées. Par ailleurs, ses auteurs ont confirmé une autre tendance, que nous avons d’ailleurs plusieurs fois évoquée dans ces mêmes colonnes, en l’occurrence la part croissante du méthane dans nos émissions de gaz à effet de serre. Un taux que les experts qualifient d’ailleurs de particulièrement « inquiétant » pour 2020 et 2021, mais dont ils disent dans le même temps en ignorer l’origine.
Quoi qu’il en soit, ces récents travaux témoignent une fois de plus que nous sommes en état d’urgence climatique. « Huit des dix années les plus chaudes de notre planète se sont produites au cours de la dernière décennie. Un fait incontestable qui souligne la nécessité d’une action audacieuse pour sauvegarder l’avenir de toute l’humanité », déclarait encore à ce propos Bill Nelson. La principale crainte étant de savoir si nous pourrons actionner suffisamment de leviers climatiques afin d’éviter de franchir la frontière fatidique, qui plongerait alors le climat dans un emballement que nous ne pourrons plus jamais freiner. Auquel cas nous ne pourrions alors plus rien faire, si ce n’est que d’assister, impuissants, aux derniers soubresauts de l’humanité. Bref, à peine le temps de se dire au revoir et de se souhaiter bon voyage !