La présente législature tire à sa fin. Bientôt, que ce soit pour le gouvernement ou encore pour l’opposition, ce sera l’heure de dresser le bilan. Dans le camp du gouvernement, l’accent sera primordialement mis sur la colonne des réalisations avec des pointes ciblées à l’encontre des écarts.
À coup sûr, l’opposition privilégiera le chapelet des échecs ou encore les manquements dans la gestion des affaires, que ce soit sur le plan financier ou dans le respect des Droits fondamentaux.
Et la population, plus particulièrement l’électorat, tirera ses propres conclusions en son âme et conscience en déposant son bulletin de vote dans l’urne le jour qui sera décrété le Polling Day aux termes des dispositions de la Representation of the People Act. Ce sera le 13e bilan des profits et pertes quant à la démocratie depuis l’accession de Maurice au statut d’indépendant.
Comme il a été parfois le cas, notamment avec les 60-0, inaugurés un 11 juin 1982, le verdict populaire, bien sûr il ne peut être question de vindicte populaire, puisque tout cela relève du registre de la démocratie, était sans appel parfois. Que ce soit pour le gouvernement sortant ou l’opposition en position de Challenger.
Qui ne se rappelle l’image de feu sir Anerood Jugnauth à l’ombre d’un arbre dans la cour du principal centre de vote à Piton/Rivière-du-Rempart (No 7) en décembre 1995, voyant défiler devant lui cet électorat, qui jadis lui fut fidèle. Pour lui, c’était l’heure du bilan de 13 années de pouvoir. Difficile de dire sans partage au vu des alliances et mésalliances qui se sont succédé à l’Hôtel du Gouvernement.
Certes, cela va faire trente ans déjà. Demain, par contre, au sein de l’hémicycle, un autre bilan devra s’établir. Sur fond du Financial Crimes Commission Bill, le procès, disons le bilan, de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC), l’institution portée aux fonts baptismaux par Ivan Collendavelloo à l’initiative du gouvernement MSM/MMM en 2002 pour faire de Maurice une Corruption-Free Country, sera instruit.
Depuis ce février 2002, de l’eau a coulé sous les ponts au point où le gouvernement du jour a cru nécessaire d’évacuer cette institution de la scène pour faire de la place à la Financial Crimes Commission. Mais, attention, le patron de la FCC s’annonce être le même que la défunte ICAC mais investi de pouvoirs accrus, s’apparentant à ceux relevant de la Constitution attribués au Directeur des Poursuites Publiques (DPP).
Pour utiliser un vocabulaire enivrant, suite à l’énumération, mardi dernier, des bouteilles de boissons alcoolisées, financées des fonds publics pour la période de 2010 à 2014, l’exercice ressemble à une présentation de Old Wine in a New Bottle.
Pendant deux séances, comme des gladiateurs dans l’arène, parlementaires de la majorité et ceux de l’opposition s’affronteront, et surtout convaincus de la pertinence et de la justesse de leurs arguments. La majorité numérique au Parlement aura le dessus sur les accusations de grignotage de l’espace des Droits fondamentaux de l’individu, notamment que Justice must not only be done, but must also be seen to be done.
Toutefois, dans la conjoncture, le bilan sans rémission s’affiche sur les routes. Choquante est cette révélation, ne souffrant d’aucune contestation que pour la première semaine de décembre, la route a fait six victimes, oui, victimes car les coupables sont encore en vie, presque toutes à la fleur de l’âge.
Encore plus choquante est l’information qu’une victime sur trois d’accidents de la route jusqu’ici cette année est âgée de moins de 25 ans. Déjà, les 128 victimes depuis le 1er janvier de cette année auraient provoqué un sursaut en termes de bilan d’insécurité routière.
Dilo lor bred sonz, semble-t-il. Encore les statistiques officielles dénotent que pour le premier semestre de cette année, quelque 17 000 accidents de la route ont été rapportés officiellement. Une moyenne de 84 par jour, soit un presque toutes les quatre minutes.
Ce bilan catastrophique n’est-il pas suffisant pour susciter un sursaut salutaire de la part de chaque usager de la route ou encore les autorités de concéder que le moment n’est plus a kot nou’nn fote. Mais davantage, nou’nn fote.
Aux premiers bancs des accusés doivent se retrouver ces moniteurs d’auto-école, qui monnayent à longueur de journée leur expertise en matière de conduite de véhicule. Qu’en est-il de ces officiers de police, qui assurent les Driving Tests ?
Le moment n’est-il pas venu de remettre en question les critères de ces Tests pour vérifier s’ils sont Fatal Accident Foolproof pour que le réseau routier moderne ne se transforme pas en hécatombe et que cessent ces cris de détresse. L’unique bilan des familles des victimes…