Du bon et du moins bon dans le quatrième budget de Renganaden Padayachy. C’est ce que semble vouloir faire comprendre l’économiste Bhavish Jugurnath, qui est d’avis que « le ministre des Finances a joué la carte de la sécurité ». Il ajoute que le plus important reste la réalisation de tous les projets annoncés.
« Pour ce faire, ce sera un défi de pouvoir débloquer les fonds nécessaires dans les temps », dit-il en s’interrogeant sur le financement des dépenses annoncées, aspect qui fait défaut dans le Budget Speech. Il se demande pourquoi le ministre des Finances est resté muet sur la stratégie africaine.
La baisse du prix des carburants et l’augmentation des pensions et du salaire minimum méritent d’être soulignées, selon l’économiste, tout comme le nouveau système d’impôt progressif et l’abolition du Solidarity Levy doivent également être considérés comme des éléments positifs du dernier budget.
L’innovation est un secteur où Bhavish Jugurnath dit avoir eu beaucoup d’attentes. Légèrement déçu, il note cependant quelques bonnes initiatives, comme le projet de numérisation des départements gouvernementaux et l’introduction du Central Bank Digital Currency (CBDC), attendu depuis 2021.
Globalement, il parle de budget de consolidation de l’économie, qui était déjà fragilisée par la disparité en termes de Basic Income et de niveau de vie. « Ce budget s’inscrit dans une dynamique prônant le re-engineering de l’economic mindset », dit-il, soulignant l’importance de soutenir les personnes vulnérables, les retraités, les personnes à faible revenu et même celles à revenu moyen – surtout en cette période de crise sans précédent.
Il est d’avis que les mesures annoncées pour encourager la production alimentaire locale, stimuler les exportations, soutenir et encourager les PME et développer la production d’énergie renouvelable sont louables et aideront l’économie à croître de manière durable et à devenir plus résiliente.
Toutefois, il se demande si ces projets sont réalisables à court terme. « Tout ce que nous pouvons espérer, c’est qu’ils se concrétisent. Cependant, la réalité est que notre économie doit également s’adapter à la nouvelle reprise post-Covid et que nous avons besoin d’une croissance plus soutenue, qui ne peut venir que de mesures innovantes. Et celles-ci requièrent à leur tour une réflexion stratégique », déclare Bhavish Jugurnath, regrettant du même coup que « malheureusement, le budget ne répond pas à cette exigence, qu’il s’agisse des services financiers, du tourisme ou du développement fondé sur la technologie ».
D’autre part, Bhavish Jugurnath met l’accent sur le fait que le pays dépend fortement de l’investissement direct étranger pour son développement et affirme qu’au-delà des mesures de facilitation des affaires annoncées, « il est urgent d’attirer des capitaux dans les différents secteurs de l’économie ».
En conclusion, il reconnaît que dans une situation économique extrêmement difficile, associée à une inflation et à un coût de la vie en constante augmentation, « la priorité était d’apporter une aide à ceux qui en avaient le plus besoin afin de permettre une croissance inclusive. Grosso modo, cet objectif a été atteint. Le budget apporte un feel-good factor, bien qu’il ne mentionne pas explicitement comment le gouvernement financera effectivement ses dépenses… »