« Nos ancêtres nous ont laissé de la dignité dans ce pays. » C’est ce qu’a déclaré le Premier ministre, Pravind Jugnauth, samedi à Belle-Vue-Harel lors du dévoilement d’une plaque commémorative du 80e anniversaire d’Anjalay Coopen. Faisant référence au destin de cette dernière, il avance que cet événement tragique est « une étape extrêmement douloureuse de notre histoire ».
« Je voudrais faire ressortir que cette lutte ne s’adressait pas à une seule communauté. Elle concernait une revendication des droits de tous les travailleurs », a dit le Premier ministre. « Il faut savoir que notre sœur Anjalay Coopen a perdu la vie le 27 septembre 1943 lorsque la police coloniale a tiré des coups de feu sur des laboureurs. Anjalay Coopen est tombée à la suite de cette fusillade, mais elle n’était pas seule dans son combat. Deux autres laboureurs sont tombés en même temps », indique-t-il.
« Anjalay Coopen avait 32 ans et on a mis fin à sa vie alors qu’elle portait un enfant », a fait comprendre Pravind Jugnauth, rappelant qu’auparavant, la police coloniale avait fait irruption dans un lieu de prières où se trouvait Anjalay Coopen. « Je suis en train de mentionner cette période, car il faut savoir qu’à Maurice, tout le monde pratique sa croyance religieuse et que les plus grandes religions existent dans notre pays. Il est vrai cependant qu’il y a aussi des gens qui ne croient pas dans la prière et qu’ils ne fréquentent pas les institutions religieuses. Mais c’est leur droit », poursuit-il.
Cependant, cette mentalité de critiquer les gens a évolué au fil du temps, dit-il, ce qui n’empêche pas certaines personnes de « continuer à humilier » des gens. « Je tiens à donner un exemple. Lorsque mon épouse et moi faisions la prière, on a tenu des propos humiliants à notre égard, comme “Manz Bondie kaka dia”. Je ne sais pas si la personne qui a émis ce genre de propos voulait dénigrer la prière ou tout simplement s’attaquer à mon épouse et moi par rapport à notre appartenance religieuse. En tout cas, ce genre de propos est vraiment dégradant. Cela n’aurait pas dû exister aujourd’hui », fait-il ressortir.
Poursuivant sur ce même chapitre, il cite un membre de l’Assemblée nationale ayant tenu lui aussi, selon lui, des propos humiliants, tels que « Sovaz », « Koson » ou encore « Zako ». Il ajoute : « C’est pourquoi j’insiste sur le fait que cette époque est révolue. C’est à l’époque coloniale qu’on utilisait des qualificatifs dégradants à l’égard des gens. J’espère que nous allons unir nos forces pour que ces gens ne puissent plus tenir ce genre de propos. (…) Les larmes et le sang de nos ancêtres ont béni notre pays, car c’est à travers leur lutte et leur sacrifice ki zot finn fer nou gayn dinyite zordi. Il ne faut jamais oublier l’héritage et les valeurs que nos ancêtres nous ont laissés. »
Le ministre des Arts et du Patrimoine culturel, Avinash Teeluck, a, lui, procédé au dévoilement d’une plaque marquant le nouveau nom du stade de Belle-Vue-Harel, qui devient l’Anjalay Coopen Stadium. Il devait aussi faire ressortir qu’aucun politicien n’avait eu jusqu’ici « l’audace » de venir de l’avant avec l’introduction du salaire minimum dans le pays.