Banques : Sithanen évoque dix chantiers de développement socio-économique

Après le constat de la situation économique, tel que présenté par le Premier ministre Navin Ramgoolam, le gouverneur de la Banque de Maurice, Rama Sithanen s’est exprimé sur le sujet jeudi dernier lors de We-Connect, événement de réseautage du Mauritius Institute of Directors. L’occasion pour lui de partager une dizaine de grands chantiers visant à transformer l’économie et assurer une croissance du PIB durable, forte, inclusive et résiliente. Et cela prélude à la première réunion du Monetary Policy Committee New Look, constitué après les dernières élections générales du 10 novembre de l’année dernière.

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D’emblée, il a précisé avoir un devoir de réserve en tant que gouverneur de la BOM et a parlé en sa qualité d’économiste. Il n’a donc pas abordé les sujets comme la roupie et les taux d’intérêt, la Mauritius Investment Corporation Limited et la politique monétaire, ni même les prochaines délibérations du MPC.  Invité par We-Connect à parler sur le thème Navigating Today, Shaping Tomorrow, il a égrené une série de propositions face à un parterre de capitaines de l’industrie, de chefs d’entreprises et de décisionnaires du secteur privé.

Ces 10 grands chantiers évoqués devraient permettre au pays de passer du statut de Upper Middle Income à High Income Economy, grâce à une croissance inclusive, soutenable et résiliente. Il y a des conditions qui mettront le pays sur la bonne voie, « quoi que nous fassions, il faudra résoudre ces dix problématiques, » dit-il.

En premier, le défi de la transition démographique : « Nous avons une population qui est vieillissante et qui est en baisse depuis 2023. C’est une situation extrêmement difficile et le rythme de baisse de la population – tout comme le vieillissement – va s’accélérer. Faut-il des Pro-Family Policies ? Encourager l’immigration ? Assurer une plus grande participation des femmes dans le marché du travail ? Et potentiellement permettre aux retraités de rester plus longtemps sur le marché du travail comme à Singapour, au Japon ou en Italie par exemple. Il faut des solutions. » Il y a aussi la technologie qui remplace le travail des humains, avec l’IA et la robotisation.

Revoir le modèle économique

Deuxième axe de travail : la transition climatique, extrêmement importante car le monde subit déjà les effets du dérèglement du climat comme cela s’est vu récemment à Los Angeles ou à Valence. « Ici même, nous connaissons la sécheresse, les Flash Floods, la montée du niveau de la mer et l’érosion des plages. Le climat représente une menace existentielle pour notre pays. Il y a des populations qui résident dans des endroits où leur existence même est menacée. »

Diverses mesures de mitigation et d’adaptation doivent être mises en place et il est fort possible qu’il faille aussi revoir le modèle économique, argue-t-il. Il s’agit également de prendre en considération l’effet climat dans tout processus décisionnel, « le climat est devenu une contrainte très importante pour un pays comme Maurice. Nous devons adopter l’économie circulaire et les énergies renouvelables. »
Troisièmement, transition technologique : « Nous devons nous servir de l’IA, la Blockchain, le Machine Learning et la Fintech comme catalyseurs économiques. Ces technologies doivent devenir de nouveaux moteurs de croissance pour Maurice », poursuit Rama Sithanen.

Optimiser le capital humain

Après la transition démographique, la transition climatique et la transition technologique, le quatrième défi pour Maurice se présente sous la forme de la transition du capital humain : « nous mettons beaucoup d’accent sur l’optimisation du capital humain, les pays qui le font sont des pays qui réussissent, comme la Finlande, Singapour et la Corée du Sud. Ces pays ont mis l’accent sur le STEM (science, technologie, mathématiques et ingénierie). Nous devons encourager l’éducation en ce sens. »

Le cinquième grand défi économique demeure l’infrastructure – et surtout l’infrastructure de qualité, précise Rama Sithanen​ qui insiste sur des infrastructures modernes et efficaces, à commencer par le port et aéroport, mais aussi pour l’eau et l’électricité. « L’infrastructure joue un rôle extrêmement important pour être capable d’émerger économiquement. Alors l’investissement dans toute cette infrastructure-là, dans la qualité de l’infrastructure, c’est très important pour l’avenir du pays, »

Why nations fail

Sixièmement, il y a le chantier des institutions et de la bonne gouvernance. Et là, il se réfère au livre « Why nations fail », des deux prix Nobel d’économie, Daron Acemoglu et James Robinson, qui explique à quel point les institutions sont critiques dans le succès d’une nation.

« Avec des institutions fortes et indépendantes, qui fonctionnent avec une bonne gouvernance et qui sont redevables, certains pays font beaucoup mieux que d’autres. C’est cet élément aussi qui nous permettra d’atteindre le statut de High Income Economy », dit-il.

Septièmement, il y a l’utilisation optimale des ressources, grâce à la diversité et l’inclusion sur le marché du travail. « Maurice est l’un des rares pays ayant un marché du travail très limité avec moins de 600 000 personnes. Mais nous avons deux marchés du travail – sinon trois. Nous avons un marché du travail public, un marché du travail privé et un marché du travail informel. Cela n’a pas de sens.»

Huitième défi soulevé par l’économiste Rama Sithanen : la productivité et la compétitivité. Un pays qui réussit à un bon niveau de productivité, que ce soit au niveau des ressources humaines que du capital. Et il soutient qu’il faut restaurer la compétitivité de nos exportations « pour être capables de gagner des parts de marché. »

Le neuvième axe de travail est la balance commerciale « structurellement déficitaire ». Il s’agit d’augmenter les exportations et maîtriser les importations. « La clé c’est la sécurité alimentaire, nous devons être capables de produire une partie de ce que nous consommons. »

Enfin, le 10e axe est le partenariat public-privé-société civile. Enfin, Rama Sithanen mentionne un onzième point : maintenir une économie ouverte « même si nous voyons certaines tentatives de repli dans le monde, nous devons garder le cap sur une économie ouverte sur le monde, ouverte aux nouvelles idées, ouverte au capital et à la connaissance. »

Encourager le réseautage

L’impact de We-Connect sur la communauté des affaires est indéniable. Lancée pour la première fois en août 2024, la plateforme s’est imposée comme un outil clé pour le développement de réseaux professionnels de qualité, soutenant l’excellence en gouvernance d’entreprise.

Sheila Ujoodha, Chief Eexecutive Officer du MIoD, explique : « We-Connect est le reflet de notre engagement à enrichir continuellement l’expérience professionnelle de nos membres. Cette plateforme ne se contente pas de faciliter uniquement le réseautage traditionnel ; elle sert d’incubateur de relations professionnelles qui évoluent vers des partenariats profonds et influents, soutenant nos ambitions de promouvoir les meilleures pratiques de gouvernance d’entreprise à travers toutes les industries. »

Thierry Vallet, CEO d’AfrAsia Bank, affirme pour sa part que « le changement étant la seule constante dans le monde complexe d’aujourd’hui, ​naviguer aujourd’hui, façonner demain est un sujet qui interpelle AfrAsia Bank. Comprendre l’impact des défis et des opportunités est crucial pour nous permettre de naviguer à travers les fluctuations économiques et de développer des stratégies qui tirent avantage des conditions favorables du marché tout en atténuant les risques. »

Incorporé en 2008, le MIoD s’engage à promouvoir l’excellence dans la direction d’entreprises en offrant des ressources et un soutien pour développer la capacité institutionnelle de ses membres et à la communauté des affaires. L’institut équipe les administrateurs et les leaders d’entreprise avec les outils et les connaissances nécessaires pour faire face aux défis modernes de la gouvernance.

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