Le gouverneur de la Banque de Maurice, Rama Sithanen, qui rencontrait la presse en présence du premier et du second gouverneur, Rajeev Hasnah et Gérard Sanspeur, a annoncé une série de mesures visant à augmenter le flot de devises étrangères dans le pays, dont l’arrêt des transactions illégales des devises à travers des courtiers qui n’ont pas de licence. Il veut également encourager ceux qui détiennent des devises à l’étranger à les ramener à Maurice. « Nous préconisons une politique monétaire qui bénéficie à toute la population et pas uniquement à une trentaine de personnes », a-t-il déclaré ;
D’entrée de jeu, Rama Sithanen avance que la pandémie de Covid-19 a affecté toutes les activités qui génèrent des devises, dont le secteur de l’hôtellerie et de l’hospitalité entraînant un début de dépréciation de la roupie. La Banque de Maurice a été contrainte à intervenir massivement sur le marché tenant pour assurer l’importation de la nourriture, des produits pétroliers et autres biens et services. De 2020 à ce jour, la Banque centrale a injecté $ 4,5 milliards (soit Rs 225 milliards) stabiliser la roupie. À cette époque, la roupie avait déprécié de 27% en précisant que depuis 2014 le taux de dépréciation était de 46%. La conséquence a été une hausse importante du taux de l’inflation et du coût de la vie.
Rama Sithanen indique que les taux d’intérêt constituent un instrument majeur dans la lutte contre l’inflation. Toutefois, la hausse du taux d’intérêt à Maurice a été inférieure à celle pratiquée par des pays, dont les Seychelles. Le taux d’intérêt différentiel entre les devises et la roupie n’a pas jouer en faveur de Maurice. Les opérateurs aussi bien que les Mauriciens ont investi dans le dollar.
Pour le gouverneur, la situation s’est dégradée en termes d’inflation avec l’injection massive d’argent créé par la Banque de Maurice, soit Rs 140 milliards. La conjugaison de la politique fiscale expansionniste et la politique monétaire qui n’a pas été assez restrictive ont entraîné la dépréciation et la hausse de l’inflation. D’ailleurs, le taux d’inflation a été beaucoup plus élevé que d’habitude pendant longtemps. Il a expliqué que depuis son arrivée à la tête de la Banque Centrale il a pratiqué la Moral Suasion avec les banques. L’élection de Donald Trump a encore dopé le dollar américain au point de devenir presque à parité avec l’Euro.
Le gouverneur de la Banque centrale a annoncé une série de mesures visant à atténuer les distorsions dans le marché, causant des distorsions sur les prix et la valeur de la roupie. « Nous essaierons de diminuer la pression sur la demande. Nous mettrons de l’ordre dans la conduite des opérateurs y compris les banques. Il nous faudra également gérer les attentes », préconise-t-il.
La première mesure concerne les courtiers de devises étrangères qui ne sont pas licenciés par la Banque de Maurice. « Nous leur demandons d’arrêter leurs pratiques puisqu’ils agissent dans l’illégalité », met-il en garde. La deuxième concerne les activités de certaines compagnies qui ont obtenu leurs licences de la Financial Services Commission. Ainsi, en sa qualité de président de la FSC, il a écrit à ces compagnies pour leur dire qu’ils peuvent conseiller leurs clients concernant la gestion des devises, mais ne peuvent s’engager dans l’achat et la vente des devises étrangères.
« Nous mettrons fin à cette pratique parce qu’elle a créé un marché parallèle que nous voulons éliminer. La troisième mesure concerne ceux qui pratiquent le Customer to Customer. Ce qui est illégal. Nous demandons aux banques commerciales et à ceux engagés dans cette pratique de revoir leurs opérations », déclare Rama Sithanen.
D’autre part, le premier gouverneur adjoint de Banque de Maurice rencontrera les banques sur le Forward Pricing et le Swap pour empêcher les abus et spéculations. Des inspections dans les Nostro et Vostro Accounts sont aussi annoncées de même qu’une plus grande transparence dans des pratiques de Group Treasury.
Rama Sithanen a aussi annoncé des mesures pour augmenter le volume de devises étrangères dans le système mauricien. Ainsi, les IRS peuvent être vendus dans n’importe quelle devise, mais la Banque Centrale exige que la transaction se fasse à Maurice à travers les banques commerciales avec 85% de la transaction convertie en roupies. Un communiqué dans ce sens a été diffusé par le ministère de Finances et l’Economic Development Board a donné des instructions aux banques et aux notaires. De plus, les IRS ne pourront pas être vendus aux Mauriciens en devises étrangères, mais en roupies.
Concernant les compagnies qui gardent leurs devises en dehors de Maurice, la Banque Centrale a ordonné que lorsqu’elles les convertissent en roupies pour les besoins à Maurice, cette conversion doit se faire à travers les banques commerciales à Maurice. Il a annoncé des réunions régulières avec les opérateurs pour le Monitoring.
Pour ce qu’il s’agit de la Monetary Policy, la Banque procède actuellement à la nomination des membres de cette instance avec le calendrier des réunions connu d’avance et pas la veille.
« La lutte contre l’inflation et la dépréciation de la roupie ne dépend pas uniquement de la Banque Centrale, mais également de la politique fiscale. Avec un déficit fiscal trop élevé et une dette trop élevée la roupie dépréciera. D’où l’importance d’augmenter les exportations des biens et services, il faut des réformes structurelles. Il faut baisser les importations et privilégier des produits de substitution et encourager les énergies renouvelables. Les réserves monétaires doivent être soutenues afin que l’économie soit résiliente face aux dangers qui peuvent se présenter. Il faut une bonne coordination entre la politique monétaire et fiscale pour protéger le pouvoir d’achat de la population tout en respectant l’indépendance de la Banque Centrale, mais il faut reconnaitre que nous n’opérons pas en isolation », a conclu le gouverneur, qui a annoncé une série de rencontres avec les représentants des banques dès aujourd’hui.
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La MIC se conjugue au féminin
Les femmes seront en majorité au sein du conseil d’administration de la Mauritius Investment Corporation, compagnie subsidiaire de la Banque de Maurice. Le conseil sera présidé par le premier gouverneur adjoint Rajeev Hasnah et comprendra également le deuxième gouverneur adjoint, Gérard Sanspeur.
Les membres indépendants seront composés d’un homme et de quatre femmes. Rama Sithanen a voulu démontrer l’importance du Women in Finance. Il a expliqué que ces nominations tiennent en ligne de compte le mérite, la compétence et la diversité de l’expérience. La MIC n’a ni CEO et d’Investment Committee actuellement. Le CEO sera nommé bientôt par le Premier ministre, Navin Ramgoolam.