Depuis le 7 octobre, des membres du club très select des Palto Kravat du monde entier sont engagés dans un ballet diplomatique avec le Proche-Orient en tant que point focal. L’objectif est de réunir les éléments convergents pour éviter dans un premier temps la propagation de cette sinistre guerre livrée sur le territoire de Gaza à d’autres zones de haute tension politique dans cette partie du monde.
Subséquemment, dans leurs déplacements et toujours se mettant sur leur trente-et-un, ils se sont donné pour mission d’essayer de dégager un cessez-le-feu entre les belligérants. Sans succès, il faut le dire. Jusqu’ici. Mais au sein de la ligue des Palto Kravat, il y a une conviction : il ne faut jamais baisser les bras.
En parallèle, les manifestations à travers le monde réclamant ce que John Lennon, avec à ses côtés Yoko Ono, avait entonné, en 1969, pour son premier album solo, Give Peace a Chance, se multiplient. Samedi, ils étaient 300 000 à participer à une marche à Londres, soit la plus importante depuis ce fatidique 7 octobre. Les manifestants pacifistes eux aussi ne comptent pas abandonner sans pour autant croire que la voix de la rue sera entendue.
La cynique réalité est tant que dureront les conflits armés à l’international, l’industrie de l’armement fleurira. Les fronts devront être alimentés en armes lourdes aussi bien qu’en munitions.
Vous n’y croyez pas. Le bilan financier de BAE Systems, publié à Londres aujourd’hui, devra convaincre. À elle seule, en une année, cette entreprise confirmera des ventes d’armes de plus de £ 12 milliards, soit Rs 660 milliards. Tiens, un peu plus que le PIB de Maurice, paramètre si cher au Grand Argentier, Renganaden Padayachy, avec la reprise annoncée. Dans ce secteur, il n’y a pas que BAE Systems qui s’y frotte les mains avec l’embourbement sur les terrains minés.
Dans la conjoncture, est-il encore plus cynique de se rappeler 1986, le film Platoon, où Oliver Stone se permet de parodier le sénateur américain Hiram Johnson pour affirmer que The First Casualty of War is Innocence?
Samedi, 19h48, une dépêche de l’AFP, reprenant une information de l’ONG Physician for Human Rights-Israel, annonce que deux bébés prématurés étaient morts. C’était la conséquence de l’arrêt forcé des soins intensifs néonataux faute d’électricité à l’hôpital al-Chifa, le plus grand de la bande de Gaza, assiégé. 37 autres bébés se retrouvent à risques dans ce même hôpital.
En fin de semaine, avec le bilan des victimes se montant à quelque 11 000, il fallait dénombrer 4 506 enfants et 3 027 femmes, 8 600 enfants sur les 27 940 personnes blessées ou encore 1 500 enfants sur les 2 700 disparus. Statistiquement, deux victimes sur trois sont des enfants et des femmes. Quelle connerie la guerre, a écrit Jacques Prévert en 1946.
Viennent se greffer à ces statistiques ahurissantes plus de 1,6 million de personnes déplacées à l’intérieur du territoire, la moitié étant des femmes et des enfants. Les estimations les plus conservatrices donnent que plus d’un million d’enfants à Gaza sont affectés par la guerre.
Tout cela pour ce qui est de la dimension chiffrée de ces affrontements sans merci. Mais qu’en est-il des dégâts psychologiques et psychiques pour ces générations à venir, convaincues d’être victimes d’une injustice sans limites ?
Plus qu’une enfance volée. La face cachée de la guerre ! Qui s’en chargera ? Certes, dans l’après-guerre, des milliards pourront être injectés dans la réhabilitation de l’infrastructure économique. Mais, quel remède, quel recours pour une enfance déconstruite ?
De leur côté, les Palto Kravat du monde semblent être bel et bien vaccinés contre les risques de guerre alors que les dividendes générés par la hausse dans le commerce des armes ouvrent des perspectives des plus reluisantes à la sortie de la morosité de la pandémie du Covid-19.
En plus, ces opérations économico-militaires sont aussi à l’abri des dégâts du réchauffement climatique, qui est une hantise pour le monde entier.
Avec autant de détresse défilant sur la planète Terre, l’instinct de survivre de l’espèce humaine, dont celui des Palto Kravat, doit impérativement se conjuguer avec paix et fraternité. Tout en contredisant l’homme d’État français, Georges Clémenceau, dit Père Victoire, qui avait trouvé à tort ou à raison qu’« il est plus facile de faire la guerre que la paix », n’est-il pas venu le moment de forcer les Palto Kravat à comprendre qu’il faut stopper la prolifération des armes pour concrétiser cette velléité de paix ?
Sans armes, pas de guerre! Et la Terre pourrait prétendre redevenir ce jardin que rêvait en 1971 Georges Moustaki:
… Il y avait un jardin qu’on appelait la terre.
Il était assez grand pour des milliers d’enfants.
Il était habité jadis par nos grands-pères
Qui le tenaient eux-mêmes de leurs grands-parents.