Que se passe-t-il donc au sein de l’Association mauricienne de badminton (AMB) ? Alors que, ces derniers temps, cette fédération a souvent fait la une pour les bonnes raisons, voilà que les choses semblent prendre une tournure grave. Gavin Veerasamy, ancien trésorier de l’AMB, vient porter de graves accusations.
Un scandale financier pourrait secouer l’Association mauricienne de badminton après la démission de son trésorier, Gavin Veerasamy, qui dénonce des transactions effectuées à son insu. Il a ainsi déposé une main-courante (ndlr : Precautionary Measure) au poste de police de Rose-Hill lundi. Dans cette main-courante, il déclare avoir été élu à ce poste en décembre 2023 lors de l’assemblée générale de l’association. Il affirme avoir découvert plusieurs irrégularités dans la gestion financière de l’AMB. Parmi les points soulevés, la mise en place d’une école de badminton sans son consentement, dirigée par le président Gaurav Heerowa, le secrétaire général Sachin Ramessur, la secrétaire administrative Mlle. Luximon et le vice-président Vishal Sawaram.
L’école, qui propose un programme d’entraînement pour des élèves à partir de sept ans, aurait généré des revenus de Rs 250 000 en frais d’inscription et Rs 125 000 de frais mensuels. Cependant, selon l’ancien trésorier, ces transactions n’ont jamais été portées à sa connaissance ni validées selon les procédures officielles de l’association. De plus, les parents des jeunes badistes auraient reçu des quittances portant le cachet non officiel de l’école de badminton, signées par Sachin Ramessur, au lieu du cachet officiel de l’AMB.
Le trésorier démissionnaire signale également que plusieurs chèques auraient été signés par le président, le vice-président et le trésorier adjoint sans son approbation ni celle des autres membres du conseil d’administration. Ces actions, contraires aux règles de gouvernance financière, suscitent des interrogations quant à la gestion des fonds de l’association. Selon les règlements en vigueur, toutes les transactions financières doivent être cosignées par au moins deux membres exécutifs, notamment le président et le trésorier, ce qui n’aurait pas été respecté dans plusieurs cas.
Un autre élément troublant est survenu en août 2024, lorsque Daniel Siouw a informé Gavin Veerasamy d’un courriel officiel de l’AMB contenant une facture et un reçu portant le titre de trésorier. Or, ces documents n’étaient signés par aucune autorité compétente, soulevant davantage de doutes sur les pratiques comptables de l’association. De telles irrégularités pourraient indiquer une tentative de manipulation des finances de l’AMB, mettant en péril la transparence et la crédibilité de l’organisation.
Timing
Face à ces irrégularités, l’ancien trésorier a finalement décidé de quitter ses fonctions en décembre 2024 pour se concentrer sur ses responsabilités au sein du comité de badminton de la police et sur d’autres engagements professionnels. Il assure cependant que toutes les transactions mises en cause ont été réalisées à son insu et sans son consentement. Il exprime également sa frustration face au manque de contrôle interne et aux dysfonctionnements dans la gestion des ressources financières de l’association.
Aujourd’hui, il suspecte certains membres du bureau d’avoir orchestré des transactions frauduleuses en exploitant son nom et son autorité de trésorier pour détourner des fonds publics. Une enquête pourrait être ouverte pour faire la lumière sur ces allégations qui ternissent l’image de l’AMB. Plusieurs membres du conseil d’administration pourraient être appelés à fournir des explications sur la gestion des finances et les décisions prises en dehors du cadre officiel.
Nous avons contacté Gavin Veerasamy pour une déclaration. Ce dernier nous a fait comprendre qu’il ne compte s’exprimer publiquement pour le moment. En revanche, Gaurav Heerowa, président de l’AMB, s’est montré plus loquace.
Réagissant aux accusations de détournement de fonds, il dira que tous les documents ont été soumis aux auditeurs de l’AMB. Mais il s’interroge surtout sur le timing. « Si l’affaire remonte à aussi loin, pourquoi a-t-il attendu aussi longtemps pour se manifester ? De plus, ne sait-il pas que, selon la Registrar of Associations Act, le vice-président et l’assistant-trésorier peuvent aussi être signataires des chèques ? », dit le président de l’AMB, qui estime que la démarche de l’ancien trésorier est liée au fait que l’AMB lui ait demandé d’effectuer un handing over en bonne et due forme.