À chaque étape de la vie, ne serait-ce la moins significative, qui n’aime pas avoir raison ? Dans son argumentation, dans sa démarche, dans son action ou encore dans la finalité. La nuance demeure si avoir raison veut automatiquement être crédible. C’est là toute la question.Avec l’épisode du Black Monday, dont les pluies catastrophiques de la mi-journée du lundi 15 janvier, avec de nombreux Mauriciens encore marqués psychologiquement par la montée subite des eaux, la station météo de Vacoas a cru voir dans le passage de Candice une occasion de se redorer le blason, et mieux se racheter des errements d’il y a une semaine de cela.
Certes, le baptême tardif de cette dépression tropicale se présente comme un argument irréfutable que la Météo avait raison d’émettre des avertissements de classe I et de classe II de manière exceptionnelle et prématurée. Même un jour au chômage forcé pour l’ensemble de la Fonction publique alors que les salariés du secteur privé étaient laissés aux aléas du Work From Home.Ces deux extrêmes ne devraient-ils pas pousser des têtes pensantes, publiques et privées du pays à se demander quelle est la voie médiane pour avoir raison et être crédibles ? Et à établir une série de critères et de conditions devant faire partie intégrante d’un système de Preparedness et d’interventions d’urgence.
C’est vrai qu’il n’y a pas plus imprévisibles que des prévisions du temps en ce temps de changement climatique.Mais la conjugaison de ce que le pays a vécu avec Belal et Candice ne constitue nullement la recette idéale en vue de projeter sur le front international d’une république de Maurice sûre d’elle et capable d’offrir la garantie nécessaire au moment opportun.En tout cas, l’épisode de samedi après-midi à Port-Louis, plus particulièrement dans la zone à risque, couvrant la rue de La-Poudrière à La-Chaussée en passant par le Jardin de la Compagnie, se voulait être une démonstration en matière de prévention. Il se mettait à pleuvoir. Un avis de veille de fortes pluies était en vigueur pour toute l’île depuis la mi-journée. Aussi était-il vrai de dire que certaines régions du pays étaient déjà affectées par des pluies abondantes. Pour les autorités, il y avait urgence dans cette partie de la capitale après le Black Monday du 15 janvier.Donc, logique ce déploiement des forces de l’ordre, équipées de canots pneumatiques dans ces points névralgiques de Port-Louis avec ces premières pluies.
Une psychose pour des usagers de la route traversant ce périmètre en pleine journée. Quelques instants après, des rayons de soleil et une éclaircie, et ce pendant tout l’après-midi, sont venus remettre en question cette décision bien réfléchie entérinée dans les plus hautes instances.Pourtant, elles avaient raison de prévenir tout danger. Mais aux yeux des Portlouisiens et des passants dans la capitale ce samedi après-midi, ce déploiement de sécurité manquait de crédibilité.
Un grand Mauricien de la période post-indépendante, Paul Eynaud, rayonnant que ce soit dans le secteur économique, notamment à la tête du Syndicat des Sucres à l’époque où la survie de l’économie dépendait de Sa Majesté le Roi Sucre, aussi bien que dans le monde des arts, surtout le théâtre, réitérait toujours à ses interlocuteurs une phrase.« Il ne suffit pas toujours d’avoir raison. Il faut savoir se faire des alliés », disait en substance ce Mauricien. Donc, par extension, savoir créer des ponts avec les autres. Il est toujours possible de se donner raison de manière aléatoire. Mais aux yeux des autres, la crédibilité peut être facilement entamée.
Avec le taux de pénétration de la technologie de la communication, ou, plus précisément l’accessibilité aux réseaux sociaux, cette même crédibilité est régulièrement mise à rude épreuve en cette période avec l’apport de la technologie et les abus de l’intelligence artificielle.Ces marchands de Fake News, ou apprentis sorciers, dénaturant à tout bout de champ de manière virtuelle ce qui est authentique en réalité, n’ont qu’un unique objectif : nuire With Malice à tout ce qui est crédible. Et ils sont des légions à l’oeuvre dans tous les domaines et avec des cibles intéressées.Mais comme le temps, ils sont tout aussi imprévisibles surtout si le vis-à-vis a un potentiel de crédibilité littéralement à toute épreuve.