Le premier conglomérat du pays a le vent en poupe. Il multiplie les acquisitions en Afrique depuis quelques mois et son chiffre d’affaires en hausse de 20% au 30 juin 2023 – à Rs 54 milliards –, représente déjà près de 10% du Produit intérieur brut de Maurice. De plus, le groupe enregistre des profits nets de Rs 4,8 milliards, contre Rs 1,9 milliard pour le précédent exercice financier, soit une progression de 148,6%.
Face aux dirigeants du groupe IBL, aux analystes financiers et aux journalistes, le Group Chief Executive Officer, Arnaud Lagesse, cache difficilement sa satisfaction somme toute légitime des résultats affichés. « L’ensemble des indicateurs est au vert et c’est assez exceptionnel. Nous avons très bien rebondi depuis les difficultés du Covid-19 et nous avons commencé à travailler sur notre plan Vision 2030 qui sera présenté au conseil d’administration d’ici la fin de l’année.
C’est un plan extrêmement ambitieux, notamment en termes d’objectifs financiers, de création d’emplois et du schéma de risques que nous allons faire évoluer, mais notre activité qui était à 90% locale sera maintenant à hauteur de 50% à l’étranger. Des moments palpitants sont à venir », déclare-t-il.
100 supermarchés au Kenya
Pour mieux s’armer à déployer ses ailes en Afrique de l’Est, le groupe a déjà été très actif ces derniers mois avec une série d’acquisitions régionales, parmi la chaîne Run Market à La Réunion, qui compte quatre supermarchés et où les perspectives de développement sont intéressantes ; 51% dans la chaîne de supermarchés Naivas au Kenya, qui inaugure son 100e supermarché la semaine prochaine, sachant que Naivas ouvre un supermarché chaque mois.
D’ici la fin du mois, IBL finalisera l’acquisition de 67% du capital du groupe de distribution pharmaceutique Harley’s au Kenya, qui est le numéro deux de la distribution médicale dans la région. Le groupe Lux*, qui a décroché un contrat de gestion au Zanzibar.
Les ambitions du plan Vision 2030 visent à positionner IBL comme un incontournable acteur régional, avec son Business Shift vers davantage d’activités hors de Maurice, « ce ratio sera déjà une réalité au 30 juin 2024 », confie Arnaud Lagesse, s’empressant de préciser et de rassurer que « l’idée n’est pas de quitter Maurice, loin de là . La base de notre métier restera à Maurice ». IBL emploie plus de 24 000 personnes localement.
Répartition efficace des capitaux
Avec les premiers jalons importants en Afrique de l’Est, IBL vise un chiffre d’affaires au-delà de Rs 100 milliards, variant entre USD 3 milliards et 5 milliards d’ici 2030, soit entre Rs 133 milliards et Rs 222 milliards (contre Rs 54 milliards actuellement). D’autres changements sont envisagés, comme le resserrement des segments d’activités.
Pour atteindre les objectifs de Vision 2030, l’accent sera mis sur les marges bénéficiaires et le groupe se concentrera sur des business sains et qui génèrent du cash. Le groupe privilégiera une répartition efficace de ses capitaux ainsi que ses engagements ESG.
Arnaud Lagesse explique que le groupe IBL est basé sur une culture d’entrepreneuriat et « cela permet de piloter le groupe de manière très agile, sinon on peut entrer dans une gouvernance lourde avec un Decision Making très difficile. Tandis qu’au sein du groupe, nous pouvons saisir les opportunités rapidement. »
Évoquant la pénurie de main-d’œuvre dans le pays, il souligne qu’« après le Covid-19, un changement s’est opéré dans le pays et nous avons davantage de difficultés à recruter et retenir les personnes. Il y a une fuite de talents, c’est aussi le cas, dans une moindre mesure, chez IBL, mais nous travaillons à mieux accompagner nos équipes et mieux les faire grandir. C’est la clé de notre développement. »
Abordant le développement durable, Arnaud Lagesse affirme que « le monde brûle la chandelle par les deux bouts » et qu’en tant que leader, IBL se doit d’insuffler un certain leadership à ce niveau. « Ce n’est pas évident car certaines entreprises restent polluantes, mais nous essayons de faire évoluer les business models et les mentalités. Nous sommes déjà en train d’agir à ce niveau », fait-il comprendre.
Sur le plan sectoriel, le bilan du groupe au 30 juin 2023 montre que le pôle Agro and Energy bénéficie des profits en hausse d’Alteo, notamment avec la hausse des prix du sucre sur le marché mondial. Les opérations kenyanes et tanzaniennes via la filiale Miwa Sugar, entité née de la scission d’Alteo , ont également profité de la hausse de prix du sucre, avec des niveaux de production records.
Le segment Building and Engineering affiche une croissance de 61% de son résultat opérationnel, notamment avec un Significant Turnaround réalisé par Manser Saxon, surtout par le biais d’une meilleure efficience. Ce pôle a pu tirer profit de la performance améliorée dans les secteurs Retail et agriculture.
La filière Commercial and Distribution se porte bien, PhoenixBev réalisant une hausse de 50% de ses profits opérationnels. La chaîne de supermarchés Winners continue de tendre vers le haut, avec une croissance à deux chiffres de ses profits. L’ouverture du Flagship Store, Winners Tribeca, en décembre dernier a déjà convaincu la clientèle, même si le mall n’est pas entièrement opérationnel.
Par ailleurs, le positionnement d’IBL dans la grande distribution au Kenya à travers la chaîne de supermarchés Naivas, paye déjà ses dividendes. Naivas a enregistré une solide performance pendant l’année financière écoulée.
Au titre des Financial Services, la performance d’AfrAsia qui est notée : « AfrAsia’s profitability has increased significantly. Eagle Insurance has been deeply impacted this year with a high claims ratio. DTOS Group also experienced a small decrease in profitability due to increases in staff costs in relation to cross-border expansion projects. City Brokers registered an improved performance, led by a significant increase in its net brokerage income. »