Aux chanceux, elle s’hérite, Aux valeureux, se mérite

DENIS PATRICE LEBON

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Je méprise avec force et dédain ce calcul froid

J’abhorre, en mon sein, la sombre et fade automaticité

Quand l’âme d’une nation qui ne s’octroie jamais sans dignité

Rouage dénué d’âme : nationalité dévoyée, faisandée et sans foi

 

Ile Maurice, terre bénie,  jadis France sous les cieux

Là où sueur, noble effort et héritage des Dieux

Devraient sanctifier l’élue, la terre de nos aïeux

Ô Maurice, éden perdu, perle d’une mer azurée

Isle de France que les vents et les flots ont couronnée

À la bataille du Vieux-Grand-Port, où rugit le souffle victorieux

Ce Grand-Port, en ce jour sacré, retentit d’un fulgurant hurlement

Ce 23 août 1810, dans la gloire, tu défias cet océan vrombissant

 

Napoléon, l’œil impérial, impérieux, d’un geste souverain

Inscrivit dans le marbre la grave épopée de l’immense destin

À la place de l’Étoile, dans le sillon marmoréen et immortel

Là où la France, étincelante, fière, sans zèle, brisa le fiel

La seule, l’unique bataille où, d’une main solaire

Elle balaya l’Anglais, en éclipsant son fer délétère

 

Mais la même année, cruelle, dans ses plis perfides

Où l’astre, hélas, se voile sous des nuages amers

Vit, ce même Anglais, conquérir d’un bras rigide

Et l’année expira dans des tourments sévères

 

Jamais défaite ne fut si lourde à notre histoire

Au 3 décembre, Albion, perfide et sans éclat

Vint dresser son étendard, son funeste trépas

Car, enfin elle ternit la gloire et brûla l’espoir

 

Sur l’Isle de France, en des jours empreints de rage

Imposant son joug sur le plus pur et noble héritage

Pourtant, avant que l’ombre n’eût tout consumé

Le feu français, sous la cendre, demeure à jamais

 

Jamais défaite ne laissa un goût plus âpre, profond

En ce qu’elle éteignit l’espoir, mais non la rébellion

Mais avant que la nuit n’engloutît notre terre chérie

La flamme française, taciturne, persiste à luire à l’infini

 

Though one might claim with tongue of steel to master English lore

When even though one reads, speaks and pens in English might

How shall such feeble sounds in French’s shadow soar?

How shall one bear French, whose words take flight?

For where French speaks, the very winds do hush

In awe of words that, like stars, burn and blush

In airs si nobles que l’esprit s’enchante

Par sa grâce infinie, que rien n’égale, rien ne tente

 

For no mere tongue of Albion, however well-versed

Shall touch the realm where French’s  still rehearsed

No clumsy verse in Albion’s prosaic veil

Can rival the celestial, where French sets sail

From Molière’s lips to realms, ethereal and bright

Each phrase’s a universe, igniting  the night

That Molière’s verse, sublime, enchains  the soul

In each word and every phrase, the universe unrolls

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