Depuis maintenant un peu plus de deux ans, la planète est en feu. Certes, pas dans le sens littéral du terme, bien que le thermomètre continue de monter année après année dans de nombreuses régions du monde. L’arrivée de la Covid, début 2020, aura en effet marqué l’histoire humaine à plus d’un titre. Et d’abord, bien entendu, sur le plan sanitaire. Jamais en effet, depuis de très longues décennies, le monde n’aura eu à faire face à pareil ennemi, lequel, en l’espace de deux petites années seulement, aura officiellement emporté plus de 5 millions de vies, et pas moins de trois fois plus selon des sources officieuses. Ensuite, par la crise économique et sociale qui en aura directement découlé, entre autres du fait des multiples confinements imposés et de la mise à l’arrêt et/ou le ralentissement de nos chaînes de production.
Et comme si cela ne suffisait pas, à peine la machine économique timidement relancée que celle-ci se sera retrouvée à nouveau grippée. En cause cette fois : la guerre en Ukraine, que peu de personnes avaient vu venir, en tout cas à cet instant précis où le monde (industriel) retrouvait peu à peu ses marques. Avec pour conséquences d’assister, aux quatre coins du monde, à une hausse des prix généralisée, et dans son sillage donc, à l’éclatement de nouvelles crises sociales. Pour autant, ces deux crises – celle de la Covid et le conflit russo-ukrainien – ne semblent d’un prime abord qu’une malheureuse coïncidence conjoncturelle, et donc sans aucun rapport entre elles. Et pourtant…
Et pourtant, en effet. Faut-il le rappeler, mais la crise de la Covid, tant sanitaire que sur le plan de ses implications socio-économiques, est le pur fruit de notre système capitaliste, axé sur l’échange de biens et de services. Sans ce système, jamais le virus n’aurait en effet, et surtout si rapidement, pris de telles proportions, car restant confiné comme certains de ses « illustres » prédécesseurs à une zone géographique relativement restreinte. Et avec cette grande probabilité donc que la « bébête » n’atteigne donc jamais le tarmac des aéroports, se voyant de fait privée de la possibilité de s’envoler pour les antipodes.
Oui, mais quel rapport avec la guerre, demanderez-vous ? Eh bien, sans ce système marchandivore qui anime aujourd’hui nos marchés, le conflit entamé par Moscou n’aurait pu naître totalement des mêmes motivations, la question économique en étant alors globalement écartée, ou au moins amoindrie. Ce qui ne veut aucunement dire bien sûr que la guerre n’aurait pas éclaté dans cette partie d’Europe de l’Est, mais qu’elle se serait alors axée davantage sur des questions d’ordre plutôt géopolitique. Quant aux conséquences de la guerre sur le plan économique et social, l’impact aurait, là aussi, été largement amoindri, si ce n’est même rendu carrément inexistant dans certaines régions du monde, qui auraient appris à mettre en pratique des mesures d’autosuffisance.
La Covid partage en effet avec la guerre le fait que toutes deux sont nées de notre système globalisé. En étant tous aussi dépendants du reste du monde, nous payons le prix fort au moindre écueil, qu’il soit sanitaire, économique, politique, social, géopolitique, énergétique… Et ce, quand bien même cela ne concernerait à la base qu’une lointaine zone géographique.
Le cas mauricien est d’ailleurs éloquent, puisque, n’étant ni à la base de la propagation du virus, ni encore moins de la guerre russo-ukrainienne, nous nous retrouvons aujourd’hui au bord d’une explosion sociale. La faute à qui ? Eh bien principalement à ce système, que nous avons, comme le reste du monde, entretenu (et soutenu) depuis toujours, sans chercher à nous sortir de cet axe de dépendance. Le pire étant que nous avons les clés pour nous soustraire du système, du moins sur les volets alimentaire (partiellement) et énergétique (totalement), car ne manquant pas de ressources (soleil, vent…). Seules manquent finalement à l’appel la volonté politique et une synergie.
Ce rapprochement entre, d’un côté, la Covid et la guerre, et, de l’autre, notre course sans fin à la croissance, s’applique bien sûr aussi à d’autres dilemmes, comme la pollution, le climat, la biodiversité, la déforestation, etc. Items, faut-il le rappeler, bien plus prioritaires que les deux questions susmentionnées, car menaçant directement l’ensemble du vivant. Autant dire qu’avec autant de départs de feu simultanés, nous manquerons très vite de pompiers. D’autant que les casernes ne semblent toujours pas s’en inquiéter.