Quelque 500 délégués représentant des compagnies d’assurances et de réassurance d’une cinquantaine de pays africains et du monde sont réunis depuis hier matin, à l’hôtel Intercontinental, Balaclava, pour, d’une part, réfléchir sur l’évolution de l’industrie africaine de l’assurance et les enjeux pour la prochaine décennie et, d’autre part, conclure des accords commerciaux d’envergure dont la valeur, selon les spécialistes, pourrait s’élever à plusieurs milliards de roupies. Lors de l’ouverture officielle de ce 18ème forum de la réassurance africaine, organisée conjointement par l’Organisation des Assureurs africains et l’Association des Assureurs de l’île Maurice, le ministre du Business, des PME et des Coopératives, Jim Seetaram, qui remplaçait son collègue des Finances, Xavier-Luc Duval, a déclaré que le secteur de l’assurance à Maurice a fait montre de résilience face à la crise globale et poursuit résolument son développement.
Selon Jim Seetaram, l’industrie de l’assurance à Maurice a enregistré un taux de croissance de 4,5% en 2011, les actifs du secteur, qui compte 21 compagnies, progressant de 8% pour atteindre Rs 95,9 milliards. Les primes brutes totales encaissées par ces compagnies se sont élevées à Rs 19,2 milliards, soit une hausse de 9%. La contribution du secteur au Produit intérieur brut (PIB) se montait à 3% l’année dernière. Maurice comptait également 10 compagnies de réassurance en opération à fin juillet 2010 ainsi que 5 sociétés spécialisées dans l’assurance captive. Jim Seetaram a mis l’accent sur le cadre régulatoire solide dont Maurice s’est doté pour assurer un développement soutenu du secteur de l’assurance, faisant remarquer que les opérateurs de ce secteur doivent se plier aux normes de gestion et de gouvernance internationales sous la supervision de la Financial Services Commission. Il a annoncé que la nouvelle Private Pensions Act sera proclamée le 1er novembre prochain, texte de loi qui donnera un coup de pouce au sous-secteur de la pension. Il a, de plus, indiqué que la FSC se penche actuellement sur la publication de plusieurs règlements portant notamment sur l’assurance-vie liée à la performance des fonds d’investissement, les opérations en termes d’assurance externe, le rôle des agents d’assurance et autres vendeurs de produits d’assurance ainsi que l’institution d’un fonds de compensation.
Le développement de l’industrie de l’assurance à Maurice est aussi le fruit d’une étroite collaboration entre le régulateur et les opérateurs, a fait ressortir le ministre. Cependant, a-t-il observé, Maurice comme d’autres petits états doit faire face au problème aigu qu’est la taille de son marché et la disponibilité des « investible assets ». Il est d’avis que les pays d’Afrique devraient considérer l’opportunité de développer la micro-assurance et de proposer des produits qui peuvent intéresser les personnes aux moyens limités.
Le secteur africain de l’assurance doit aussi faire face aux séquelles de la crise économique globale, a déclaré Srinivasan Vaideswaran, président de l’Association des Assureurs de l’île Maurice. L’industrie, a-t-il poursuivi, se voit devant un gros défi à relever vu que le taux de pénétration de l’assurance en Afrique n’est pas élevé même si un pays comme l’Afrique du Sud parvient à se distinguer sous ce chapitre. Srinivasan Vaideswaran a plaidé pour l’expansion des activités de réassurance au niveau du continent et a estimé que la célébration des 40 ans de l’Organisation des Assureurs Africains (OAA) – Maurice a été le pays hôte lors de la réunion de lancement de l’organisation en 1972 – est une opportunité de réfléchir ensemble sur les voies et moyens de propulser l’industrie de l’assurance africaine. Abondant dans le même sens, le président de l’OAA, El Sayed Mohamed, a laissé entendre qu’après des débuts modestes, l’organisation panafricaine a fait de grands bonds tout en apportant une importante contribution au progrès de l’industrie, à travers ses diverses conférences et ateliers de travail, les sessions de formation avec la contribution de la Banque mondiale, de la Conférence des Nations unies pour le Commerce et le Développement. « Nous sommes très impliqués dans le développement des capacités », a soutenu le président de l’OAA, qui a annoncé qu’un projet de création d’un African Institute est à l’étude. « Les défis sont grands et c’est à travers des actions concertées et une synergie entre les membres qu’on parviendra à les relever », a-t-il ajouté.
Plusieurs sociétés de réassurance de réputation mondiale telles Swiss Re, Munich Re, Africa Re, sont représentées à la conférence de Balaclava. Mais pour ces sociétés, ce sont surtout les opérations commerciales (contrats de réassurance avec les assureurs africains) qui seront au centre de leurs préoccupations.
Soulignons, par ailleurs, que l’OAA a récompensé Albert NDuna de Zim Re pour sa contribution personnelle à l’avancement de l’industrie dans son pays, le Zimbabwe, et en Afrique. Un trophée a été également remis à Corneille Karekezi d’Africa Re pour s’être distinguée comme la meilleure institution financière dans le secteur de l’assurance africaine alors que la CNUCED a été récompensée comme la meilleure organisation internationale pour ses actions en faveur du progrès de l’industrie de l’assurance en Afrique.
ASSURANCE: L’Afrique discute des enjeux pour la prochaine décennie
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