Deux semaines après la décision d’arrêter le procès contre Bernard Maigrot dans l’affaire du meurtre de Vanessa Lagesse, le Directeur des Poursuites Publiques instruit un nouveau procès contre l’homme d’affaires. Il devra une nouvelle fois répondre d’une accusation de Manslaughter qui a été logée hier contre lui aux Assises. La poursuite compte désormais le confronter aux nouvelles preuves scientifiques sur lesquelles elle s’était basée pour le poursuivre en 2011. L’affaire sera appelée pro forma le 3 mars prochain.
À peine un homme libre il y a deux semaines, voilà que Bernard Maigrot devra de nouveau répondre à une accusation de meurtre dans l’affaire Vanessa Lagesse. Après avoir référé l’enquête une fois de plus à la police, le DPP a logé hier une nouvelle accusation formelle contre Bernard Maigrot, ceci pour la troisième fois.
Le 9 février, le bureau du DPP avait décidé de mettre fin au procès contre Bernard Maigrot suite à un jugement du juge Benjamin Marie Joseph selon lequel la poursuite ne pourrait s’appuyer sur des preuves scientifiques contre lui car il n’avait pas été confronté à ces nouveaux éléments.
Le DPP a dû revoir sa stratégie. Alors qu’un interrogatoire était prévu le 15 février dernier, ceci n’a pas eu lieu. La police, sur demande du Directeur des Poursuites publiques, souhaitait confronter Bernard Maigrot aux conclusions d’un rapport du laboratoire médico-légal de Bordeaux – qui a décelé son ADN sur une corde et un vêtement au domicile de la victime à Bain-Boeuf.
Ce développement a eu lieu grâce au déplacement d’une équipe française à Maurice, dirigée par le commandant Philippe Bishop et du capitaine Nicolas Pajani en 2008. Ils devaient enquêter sur des affaires non résolues dont celle du meurtre de Vanessa Lagesse. Les enquêteurs avaient alors demandé que des pièces à conviction soient envoyées au laboratoire de Bordeaux où des techniques ADN dernier cri sont disponibles. C’est un an après que ces objets avaient été envoyés en France et les résultats connus plus tard.
Entre-temps, Bernard Maigrot a fait face à un deuxième procès lorsque le Parquet a voulu le confronter à ces nouveaux éléments scientifiques. Me Gavin Glover, Senior Counsel, a protesté, soulignant que son client n’a jamais été confronté à cet indice par la police. Le DPP a alors réclamé l’arrêt des procédures le 9 février.
Pour rappel, c’est dans la nuit du 9 mars 2001 que la styliste Vanessa Lagesse a été tuée dans son bungalow à Bain-Boeuf. L’autopsie avait conclu que son assassin l’avait cognée contre un mur et qu’elle avait eu la nuque brisée.
Puis, elle avait été traînée au sol avec une corde à linge pour être placée dans sa baignoire. C’est dans cette position que la police l’avait retrouvée. Un vêtement avait été utilisé pour essuyer les traces de sang à l’intérieur.
La Major Crime Investigation Team avait procédé à l’arrestation de Bernard Maigrot qui entretenait une liaison avec la victime. Il avait fait des aveux avant de se rétracter en soutenant qu’il avait été brutalisé. L’homme d’affaires maintient qu’il n’était pas chez son ex-amante au moment des faits et qu’il dînait avec des proches. Il a ajouté que trois jours avant la mort de Vanessa Lagesse, il lui avait rendu visite et qu’ils ont eu des rapports intimes. Il s’était douché sur place avant de repartir, avait avancé Bernard Maigrot.