Le Guide - Législatives 2024

Political Mad Max hors caméra : les couloirs, théâtre d’accrochages peu « Honourable »

Sooroojdev Phokeer avait imposé au Sergeant-at-Arms de service d’expulser Paul Bérenger et Rajesh Bhagwan hors du Parliament Precinct

Les violents échanges au sein l’hémicycle lors de la tranche du Question Time de mardi se sont poursuivis dans les couloirs de l’Assemblée nationale à l’ajournement pour le déjeuner mardi, soit hors du champ des caméras de la Parliament TV. Des témoins oculaires de cet épisode de la séance parlementaire, relevant de la série Political Mad Max, reconstituent pour Le Mauricien la séquence des événements, durant lesquels un préposé du Parlement a été pris au dépourvu et projeté au premier plan de ce règlement de comptes d’ordre politique à l’approche des prochaines élections générales.

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Lors du baptême de feu de Shakeel Mohamed en tant que leader de l’opposition mardi, trois parlementaires de l’opposition ont été expulsés avant la pause déjeuner. Parmi eux, Eshan Juman, qui s’en va dans le calme. De violents échanges interviennent cependant entre les députés du MMM Paul Bérenger et Rajesh Bhagwan et le Speaker, avec l’escalade de virulents échanges, ponctués d’expressions entendues pour la première fois au sein de l’hémicycle, et même entrant dans le Hansard (voir extraits plus loin).

Le Sergeant-at-Arms de service, qui assure la suppléance suite au récent décès du titulaire, est bousculé verbalement pour escorter séance tenante en dehors de la Chambre Paul Bérenger et Rajesh Bhagwan, qui venaient d’être Named par le Speaker.
Conduit par des policiers de service, Paul Bérenger est le premier à quitter le champ des caméras. Dans les couloirs, Joanna Bérenger le rejoint. Derrière eux, les cris se font encore entendre. Escorté par des Sergeant-at-Arms, Rajesh Bhagwan se retire de l’hémicycle, alors que le Speaker suspend la séance.

Entre-temps, un député du Labour s’approche des Bérenger. « J’ai laissé le Speaker sortir avant moi », indique un membre de l’opposition, ajoutant : « Il m’a demandé si j’aurais pu avoir de la patience avec un tel désordre. Il a ri et a poursuivi son chemin. »
Dans les couloirs du Parlement, des mots sont lancés en direction du Speaker. À un certain moment, on entend le nom d’Ali, d’aucuns affirmant être très proche d’un des protagonistes de premier plan être prononcé. À partir de là, l’ambiance dans les couloirs de l’Assemblée nationale prend une tournure des plus chaudes. Sooroojdev Phokeer avance en direction des Bérenger.

Un préposé du Parlement s’interpose, de même que des policiers, appréhendant les risques d’une altercation physique. C’est alors que le Speaker appelle le Sergeant-at-Arms, qui se rapproche. « Il a agrippé le Sergeant-at-Arms et l’a poussé pour qu’ils mettent Paul Bérenger et Rajesh Bhagwan dehors de l’enceinte même du Parlement », confirme un témoin de la scène. « Il a bousculé physiquement le Sergeant-at-Arms devant nous ! » soutient un autre parlementaire. « Des policiers m’ont raconté que le Speaker est physiquement intervenu auprès du Sergeant-at-Arms », poursuit un autre député, qui entend le tumulte à quelques mètres.

Dans la foulée, Joanna Bérenger s’avance vers le Speaker et l’interpelle au sujet de ses agissements. Paul Bérenger, de son côté, insiste pour que le Sergeant-at-Arms cesse d’être malmené dans l’exercice de ses fonctions. « L’officier paraissait visiblement déboussolé par ces actions », indique un député, présent au moment des faits. La pression monte pour que les parlementaires expulsés abandonnent les lieux.

Paul Bérenger et Rajesh Bhagwan – par la suite suspendus pour les six prochaines séances – sont escortés en dehors de l’hémicycle. En se dirigeant vers son véhicule, un policier s’adresse à Rajesh Bhagwan. Par peur de représailles à son égard, il lui demande de sortir au plus vite.

« Le Speaker a choisi »

En prélude des travaux parlementaires de mardi, le Speaker a convoqué le nouveau leader de l’opposition à son bureau. Shakeel Mohamed s’y est rendu en compagnie du nouveau Whip de l’opposition, Patrick Assirvaden (PTr), et d’Adil Ameer Meea (MMM). En présence également de la Clerk de l’Assemblée nationale par intérim, Urmeelah Ramchurn. À l’ordre du jour, les Seating Arrangements au sein l’hémicycle, avec la reconfiguration de l’opposition parlementaire.

En début de semaine, les rôles au sein de leurs rangs ont été redistribués après la démission de Xavier-Luc Duval comme leader de l’opposition lundi, suivant le départ de son parti (PMSD) de l’alliance avec le PTr et le MMM la veille. Par conséquent, les sièges devaient être réalloués au sein de l’hémicycle.

À ce titre, le Speaker dispose d’une voix décisionnelle. Il est d’usage qu’il alloue un espace désigné aux partis ou alliances. Il revient alors aux membres et au leader de l’opposition de choisir les places précises pour chacun d’eux. Une sorte de tradition parlementaire perdure ainsi depuis des décennies. Or, cette tradition n’a pas été respectée. « Le Speaker a choisi qui il souhaitait inclure sur le Front Bench de l’opposition et qui cacher », explique Shakeel Mohamed, indiquant que tout a été imposé unilatéralement.

Shakeel Mohamed proteste, citant les Standing Orders et Erskine May, la bible des procédures parlementaires. The Speaker stays put. Le leader de l’opposition proteste contre une sous-représentation sur le Front Bench, de même que l’absence de femmes, dont Stéphanie Anquetil, une dirigeante principale du PTr.

« Le Speaker m’a dit de sortir de son bureau et de ne pas contester sa décision », explique Shakeel Mohamed. « Patrick (Assirvaden) lui a dit qu’il était machiavélique, qu’il décidait cet arrangement d’une façon bassement communale », ajoute-t-il au sujet d’une séance parlementaire peu “Honourable”, qui restera dans les annales…

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