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ASSEMBLÉE NATIONALE — MICROSOFT: Jugnauth attaque Ramgoolam de front

La suite et fin du Question Time à l’Assemblée nationale hier a été marquée par une attaque frontale de l’ancien vice-Premier et ministre des Finances à l’encontre du Premier ministre, qui rentre des Seychelles aujourd’hui. Pravind Jugnauth a accusé Navin Ramgoolam d’ingérence et d’avoir imposé la signature du contrat pour les logiciels de Microsoft au coût de Rs 233 millions. Cette affaire remonte à 2008. Une intervention du ministre de l’Éducation, Vasant Bunwaree, attirant l’attention du Deputy Speaker, Pradeep Peetumber, selon lequel le député de l’opposition ne peut s’engager dans de graves insinuations à l’encontre du chef du gouvernement dans son dos, a été vaine. Le leader du MSM s’est permis de remuer le couteau dans la plaie en déposant sur la table de l’Assemblée nationale une copie des instructions imposant la décision de signer le contrat alors que le ministre de tutelle, Tassarajen Pillay Chedumbrum, est resté quasiment figé sur son strapontin devant ce développement.
Les conséquences d’une consommation excessive de sel, entraînant notamment des risques cardio-vasculaires majeurs, ont été suivies avec un intérêt particulier par les parlementaires. Le ministre de la Santé, qui a annoncé une étude approfondie sur la consommation de sel, s’est contenté de rappeler que l’Organisation mondiale de la santé en recommande moins de cinq grammes par jour sans s’aventurer pour faire état du niveau de consommation à Maurice. Lormus Bundhoo a indiqué que les données actuellement disponibles à ce sujet ne sont pas scientifiquement éprouvées. Il soutient qu’il préfère attendre les résultats de l’étude en cours.
La municipalité de Quatre-Bornes était en vedette lors de cette tranche des travaux parlementaires. Le député du MMM Kavi Ramano était intéressé par le projet de film commandité par le conseil municipal en vue de vanter les charmes de cette ville. Toutefois, le script a été éclipsé par une virée en hélicoptère au coût de Rs 50 674 avec des membres du conseil à bord. Avec sa franchise parlementaire, le ministre des Administrations régionales, Hervé Aimée, a tout simplement répondu à la Chambre qu’il ne pouvait dire qui sont les édiles de Quatre-Bornes qui se trouvaient à bord de l’hélicoptère, ne sachant rien sur cette affaire.
Le ministre des Technologies de l’Information et de la Communication, Tassarajen Pillay Chedumbrum, n’avait nullement besoin d’être inquiet pour répondre à l’interpellation inscrite au nom du député Pravind Jugnauth sur la signature du contrat de logiciels avec Microsoft. Pour cause, à la suite de la publication du rapport de l’Audit, il avait essuyé une PQ similaire le 3 août 2010.
Régularisation
Pillay : Je confirme que, comme je l’avais dit le 3 août 2010, l’acquisition par le gouvernement de logiciels Microsoft en 2008 avait été effectuée par le truchement du Direct Procurement. Le Central Procurement Board n’avait soulevé aucune objection à cette démarche en vue de l’achat de 7 000 licences de logiciels pour une durée de cinq ans. Le CPB avait donné son approbation officielle. The State Law Office cleared the signature of Microsoft and advised that the contract was legally in order. The Financial Secretary was duly authorized to sign the agreement.
Mon ministère, qui s’occupe des aspects techniques, n’a été consulté qu’en matière technique dans le cadre de ce contrat. Dans un premier temps, nous avions objecté aux 7 000 licences pour cinq ans croyant que le chiffre était trop élevé et que les services du gouvernement n’en avaient pas besoin. Finalement, au 31 mai, il ne restait que 308 licences à utiliser dans la Fonction publique. Je peux confirmer que le contrat a été signé le 27 juin 2008 pour un montant de US $ 8 049 126, soit Rs 233 millions.
Jugnauth : Est-il correct de dire que le gouvernement a signé ce contrat avec Microsoft pour régulariser la situation par rapport à l’utilisation de logiciels Microsoft dans le service ?
Pillay : Le gouvernement est engagé dans le développement du secteur des TIC à Maurice. It was more than necessary that we accept the 7 000 microsoft licences. We have to adopt new technologies…
Jugnauth : Le ministre n’a pas répondu à ma question. Je veux tout simplement savoir si cette décision vise à régulariser la situation au gouvernement par rapport à l’utilisation des logiciels Microsoft. Il peut répondre par oui ou par non. C’est aussi simple que cela.
Pillay : J’ai déjà répondu à la question…
Ameer Meea : Le rapport du Directeur de l’Audit est extrêmement critique envers cette décision d’acquérir 7 000 licences Microsoft d’un seul coup il y a quatre ans. C’est un exemple de manque de planification. Nous aurions dû faire des acquisitions quand le besoin se faisait sentir…
Bancs de l’opposition : Kuma dir Hedging sa…
Pillay : It was not a waste of time…
Balamoody : It’s a waste of money. Time to kapav gaspiye kuma to anvi sa…
Pillay : At that time, I was not at the ministry…
Bancs du gouvernement : Attention Sarat Lallah derrière toi…
Pillay : À cette époque, le ministère entretenait des doutes quant à la capacité du gouvernement à prendre avantage de ces licences d’ici 2013. This has given a boost to the ICT sector…
Adil Meea : Comment l’acquisition de logiciels peut-elle insuffler un élan au secteur des TIC ?
Jugnauth : À cette époque avec ce contrat, le gouvernement a déboursé Rs 25 000 par licence alors que sur le marché une licence Microsoft était vendu à Rs 10 000…
Pillay : Je n’arrive pas à comprendre l’attitude de l’honorable Pravind Jugnauth. Let me refresh his memory…
Bancs du gouvernement : Refresh ! Refresh !
Pillay : En 2010, il était le vice-Premier ministre et ministre des Finances. Quand pour la première fois une interpellation parlementaire sur le contrat de Microsoft était inscrite à l’ordre du jour des travaux parlementaires, j’étais allé le voir car cette affaire relevait davantage des Finances que de mon ministère. I made him understood that the best is that he answered the question. He said that everything was in order that you don’t need to worry…
Ces explications du ministre de tutelle soulève des vagues de protestations dans les rangs du MSM et de l’opposition en général alors que les parlementaires de la majorité applaudissent avec des invectives à l’encontre du leader du MSM.
Jhugroo : Move manter ! Aret rakont zistwar…
Pillay : Quand l’honorable membre est de ce côté de la Chambre, il tient un autre langage. Mais dès qu’il traverse les six mètres entre les deux côtés de la Chambre, il utilise un langage complètement différent…
Bérenger : Kot l’Audit…
Deputy Speaker : The minister should answer the question in a straightforward manner…
Alors que la backbencher du gouvernement Stéphanie Anquetil tente d’intervenir dans les échanges, le leader de l’opposition lui lance : « Ala enn lot zafer Bois de Rose. To pa kone dan ki kaless kase to pe rantre. » Répondant à l’interpellation de la députée, le ministre se lance dans des explications savantes au sujet des avantages d’une plateforme informatique standardisée et dresse une longue liste des avantages.
Bérenger : Al dir sa Ali Mansoor !
Jugnauth : I never said the rubbish that the minister has said. Est-il en mesure de déposer sur la table de l’Assemblée nationale une copie de la Legal Advice du State Law Office affirmant que la formule de Direct Procurement est conforme aux procédures ?
Pillay : If the honourable member has not understood what I have said, I can’t do anything. I’ve been informed that the State Law Office cleared the signature and advised that the contract was in order. Je suis disposé à déposer une copie du document recherché sur la table de l’Assemblée nationale.
Ameer Meea : Le ministre peut-il expliquer comment l’achat de logiciels peut-il redynamiser le secteur des TIC ?
Pillay : Il n’y a pas de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir clair.
Jugnauth : Le ministre peut-il confirmer que son ministère a été consulté de manière régulière sur ce contrat ? Il y a même un rapport du Project Manager, S. Ramgoolam. The report is dead against the signature of the contract ? Is he aware of the report ?
Aimée : Ar sa mem to ti fer lalyans an 2010…
Pillay : Nous avons été consultés sur le plan technique. Le ministère avait exprimé des doutes quant à la capacité de la fonction publique à faire usage d’un nombre aussi conséquent de logiciels. Si vous aviez connaissance de ce rapport au moment où vous faisiez partie du gouvernement, pourquoi ne pas en avoir fait mention…
Bangs du gouvernement : Kulu ! Mari kulu ! Own goal…
Deerpalsing : Hypocrites…
Jugnauth : Le Premier ministre est intervenu personnellement pour que la signature de ce contrat se fasse…
Deputy Speaker (devant les protestations venant des bancs du gouvernement) : Vous vous rendez compte de ce que vous avancez….
Bunwaree : L’honorable membre fait état de graves insinuations à l’encontre du Premier ministre qui n’est pas présent dans l’hémicycle…
Jugnauth : It is not imputing motives…
Sayed-Hossen : Kan Premye minis vini to a koné…
Jugnauth : Le Premier ministre a donné des instructions pour la signature du contrat. Le ministre peut-il confirmer que le Premier ministre est intervenu personnellement ? May I table a copy of the instructions. The Honourable Prime Minister has authorized to sign the agreement…
Assirvaden : Bann fos let abitye fer-là !
Bunwaree : Taler Maya koz la vérité, zot a koné…
Toutefois, les malheurs du ministre Pillay ont perduré puisque quelques minutes après, il devait affronter un barrage d’interpellations parlementaires de Mahen Jhugroo au sujet de l’embauche de ses conseillers et des ordinateurs portables mis à leur disposition. Mais les échanges entre le député du MSM et le Deputy Speaker devaient reléguer au second plan la teneur de cette interpellation. À la fin, devant les commentaires qui fusaient, le député a lancé en direction du ministre « I do my job as a member of Parliament. Demisyone ale ! To fer bien ».
Facteur de risque
Les explications du ministre de la Santé au sujet des risques d’une consommation excessive de sel se sont déroulées dans une ambiance beaucoup plus sereine. Le député Steve Obeegadoo était intéressé par des études du ministère de la Santé sur la question. Les détails révélés par Lormus Bundhoo, soit deux adultes sur cinq souffrant d’hypertension et un décès sur trois liés à des complications cardiaques et d’hypertension, ne laissent pas insensibles.
« La preuve scientifique a établi que la consommation de sel est un facteur déterminant des problèmes de forte tension artérielle et des risques d’hypertension. Hypertension itself is a leading risk factor of cardiovascular diseases and stroke. In Mauritius, the surveys on non-communicable diseases which are being conducted since 1987, have shown a high prevalence of hypertension in the adult population », soutient le ministre.
Les derniers relevés effectués en 2009 indiquent un taux de prévalence de 38 % chez des adultes de 20 à 74 ans. « Moreover, circulatory diseases which include heart diseases, strokes and hypertensive diseases account for, 31,1 % of all deaths occurred in 2011 », ajoute-t-il. Selon les relevés sur les maladies non-transmissibles, un taux de morbidité de 49,7 % est enregistré en 1987, 1992 et 1998.
« The World Health Organisation recommends salt consumption of less than 5 grammes per person per day. However, from available data, it is known that salt consumption in many countries are much more than the recommended amount », soutient le ministre Bundhoo, qui se garde de révéler la consommation de sel par tête d’habitant à Maurice. Il laisse entendre que ce chiffre ne serait pas scientifiquement fiable.
Dans la conjoncture, le ministère de la Santé a démarré à la mi-mai une étude sur la consommation de sel. Les premiers résultats préliminaires sont prévus pour le mois d’août. En parallèle est effectué un Nutrition Survey au sein de la population. « This will enable my ministry to develop an evidence-based strategy about national salt consumption », déclare-t-il.
L’assistance technique de l’OMS a été sollicitée en vue de réduire la consommation de sel. « This includes the setting up of a realistic goal for reducing salt intake, the formulation of a public awareness campaign on the recommended 5 grammes per day message about salt consumption », conclut le ministre ajoutant qu’un atelier de travail sera organisé par l’OMS à Maurice la semaine prochaine, réunissant des pays d’Afrique anglophone. « Cet atelier de travail permettra d’élaborer un National Framework pour des stratégies de prévention en vue de réduire la consommation de sel. »
La dernière partie du Question Time a été dominée par la décision du conseil municipal de Quatre-Bornes de commanditer le tournage d’un film sur la ville. L’intérêt principal était axé sur une sortie en hélicoptère organisée à cette occasion. Répondant au député Kavi Ramano, le ministre des Administrations régionales Hervé Aimée a confirmé que le contrat a été adjugé à la Mauritius Film Development Corporation pour la somme de Rs 150 000 par Direct Procurement. Mais le hic dans cette affaire est qu’une somme de Rs 50 674 a été dépensée dans la location d’un hélicoptère. « Ce film devra mettre en valeur les principales caractéristiques de cette ville aussi bien que des étapes de son développement », ajoute-t-il.
Balamoody : Pou ena marsan briani ladan ?
Ramano : Sous prétexte du tournage de ce film, un hélicoptère a été loué par les conseillers en vue d’une virée dans les hauts…
Aimée : I regret I can’t answer the question. Mes informations sont qu’un hélicoptère a été loué à cette occasion, je n’en sais pas plus. La décision du tournage du film et de la location d’hélicoptère relève du conseil municipal.
Jhugroo : Peut-il déposer sur la table de l’Assemblée nationale une liste des conseillers se trouvant à bord de l’hélicoptère pour cette virée dans les airs…
Élevage de cabris
Un autre dossier de la ville de Quatre-Bornes, en l’occurrence la construction du nouveau marché, a été évoqué. Le ministre des Administrations régionales a annoncé que la municipalité dispose d’un budget de Rs 16,7 millions pour la réalisation de ce projet. À ce stade, aucun site n’a été identifié et aucune étude de fiabilité effectuée.
Le projet de construire le marché dans les parages du stade Candos a été abandonné. Un comité interministériel avec la participation de la parlementaire Nita Deerpalsing a été mis sur pied pour le choix du site.
Bérenger : Aucun site n’a été identifié. Aucune étude de fiabilité entreprise. Seul un budget de Rs 16,7 millions pour la réalisation e ce projet. C’est un montant relativement bas pour un tel projet.
Aimée : C’est dans le dernier budget de la municipalité…
Ramano : Mais il y avait des dotations de Rs 30 millions sous le Public Infrastructure Fund ?
Aimée : J’ai reçu des instructions pour allouer ces fonds à d’autres projets.
Toujours en ce qui concerne les Administrations régionales, l’élevage caprin du maire de Vacoas/Phoenix était en vedette suite à une interpellation du député Rajesh Bhagwan. Le ministre de l’Agro-Industrie a confirmé que ce projet a été validé dans le cadre du Food Security Fund. La Banque de Développement a accordé des financements jusqu’à hauteur de Rs 500 000 pour ce projet visant à accroître la production alimentaire.
Bhagwan : Mais le maire de Vacoas/Phoenix a bénéficié de financement du Food Security Fund sous un autre projet présenté par une autre entité ?
Faugoo : Pas à ma connaissance. Il avait soumis d’autres projets qui ont été retenus. Mais le financement n’a été accordé que pour un.
Bhagwan : Le Food Security Fund et l’AREU assurent-ils un suivi dans la mise à exécution des projets ? Dans le cas de l’élevage de cabris du maire de Vacoas/Phoenix, nous apprenons que le cheptel a été victime d’un incendie. C’est l’argent public qui part en fumée d’autant plus que tout cela relève de political backing ?
Faugoo : Je ne suis pas au courant de cette affaire.
L’allusion au political backing fait monter la tension avec une violente prise de bec entre le député Bhagwan et le PPS Assirvaden. Ce dernier a été piqué au vif avec une remarque à l’emporte-pièce du député Bhagwan à l’effet que le PPS l’aurait poussé à venir de l’avant avec cette interpellation. Le Deputy Speaker devait intervenir énergiquement pour rappeler à l’ordre Patrick Assirvaden.
Mais le ministre Faugoo devait mettre tout le monde d’accord en lançant « l’honorable Soodhun peut confirmer que c’est bon projet d’élevage. C’est un modèle de ferme Soodhun, nou pas ti ansam kan ti amène boucs ek cabris… »

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