Assemblée nationale : Des signes de nervosité difficilement dissimulables !

Le Speaker brandit la menace d’outrage à l’Assemblée nationale contre Xavier-Luc Duval et Le Mauricien

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«What nonsense » répond le Leader of the House, Pravind Jugnauth, à une remarque de Patrick Assirvaden au sujet des députés du GM au sein du PAC

À une PQ de Rajesh Bhagwan, le ministre Jagutpal confirme la présence de l’époux de l’avouée attitrée du PM à la présidence du comité Molnupiravir

Pour la troisième séance consécutive de l’Assemblée nationale, le Speaker, Sooroojdev Phokeer, n’a pas eu recours à la sanction suprême contre des parlementaires : I order you out. Mais pour la tranche du Question Time d’hier, des signes de nervosité étaient plus qu’évidents dans le camp de la majorité. Mais la sortie trahissant ce mood émanait de la Chair. De son côté, le Leader of the House, Pravind Jugnauth, n’a pu se contenir face à une interpellation supplémentaire de Patrick Assirvaden au sujet de la position des membres de la majorité siégeant sur le Public Accounts Committee (PAC). Il a sorti un « What Nonsense » des plus sonores à l’encontre du député travailliste, le Speaker devant intervenir pour rétablir la situation.

Sur le fond, comme pour ne pas changer, le Prime Minister’s Question Time se résume désormais à une seule interpellation, la première inscrite à l’ordre du jour, soit celle du député Reza Uteem, portant sur l’urgence des débats à l’Assemblée nationale axés sur les Findings du rapport du PAC. Cette requête a été catégoriquement rejetée par le Premier ministre, qui a fait comprendre qu’il y a d’autres instances, qui peuvent se pencher sur ces dérives et abus en matière de gestion des fonds publics.

Pour son retour au sein de l’hémicycle, après avoir purgé sa suspension, le député Rajesh Bhagwan, a mis dans l’embarras l’entourage de Pravind Jugnauth en obtenant une confirmation de taille dans le scandale d’un million de doses de Molnupiravir. L’époux de l’avouée attitrée du Premier ministre et Top Chef de Lakwizinn, Me Sharmila Sonah-Ori, a siégé à la présidence de la réunion du 26 novembre à la Santé se prononçant sur l’achat de ce médicament contre Covid-19. En début de séance, l’Assemblée nationale a rendu hommage à deux anciens parlementaires décédés, Vijay Venkatasamy et Mohamed Abdoulah.

Depuis que l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) a été mise en présence de ce détail crucial en début d’année, l’enquête sur le scandale d’un million de doses de Molnupiravir à Rs 79.20 l’unité se retrouve en position Bouz Fix.

Au titre de l’énervement, sans crier gare, Sooroojdev Phokeer est intervenu à la reprise après le Lunch pour faire un Statement. Il a fait état des commentaires de Xavier-Luc Duval après la PNQ de mardi dernier et rapportés dans l’édition du Mauricien de mercredi et dénonçant de manière catégorique l’attitude du Speaker lors des échanges et en parlant d’entorse à la démocratie.

« I wish to draw the attention of the House that the words uttered by the Honourable Leader of the Opposition and its ensuing publication in the press may amount to contempt of the National Assembly. The words uttered to my address is most inappropriate. Cela peut paraître comme Bringing Parliament into disrepute », a-t-il fait ressortir en souhaitant davantage de retenue de la part des membres;

En début de séance, pour la deuxième fois de suite, la Private Notice Question du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, adressée au ministre des Finances, Renganaden Padayachy, était axée sur la dépréciation de la roupie. Il s’intéressait aux mesures envisagées par le gouvernement en vue de renverser la tendance, avec actuellement une pénurie de devises étrangères dans le circuit des banques commerciales.

En réponse, le ministre des Finances est revenu sur ce qu’il affirme être « l’action du gouvernement en faveur de la population, et en premier lieu envers les plus démunis ». Il est longuement revenu sur les répercussions des deux confinements dus au Covid-19, dont deux contractions successives de l’économie, soit de 6,9% (2019-2020) et de 5,4% (2020-2021). En outre, dit-il, « le conflit russo-ukrainien « a contribué à l’incertitude et à une poussée inflationniste avec une nouvelle accentuation de la roupie. »

Il a aussi commenté les répercussions avec le tourisme et les exportations en panne. Au total, le ministre estime qu’en deux ans, le pays a enregistré un manque à gagner de l’ordre de Rs 122 milliards d’entrées de devises étrangères.

Dans ce contexte, dit-il, la Banque de Maurice a vendu USD 2,9 milliards depuis le début de la pandémie  en mars 2020. Entre 2019 et 2020, poursuit-il, Maurice a reçu un montant de USD 12,67 milliards, contre seulement USD 7,35 milliards en 2020-2021, soit une baisse de USD 5,32 milliards. Ce qui représente au total Rs 230 milliards, soit la moitié du Produit intérieur brut, répète-t-il.

Il considère cependant que l’approvisionnement régulier du marché en devises étrangères par la Banque de Maurice a permis d’éviter des perturbations, en conformité avec le régime du taux de change flottant, comme recommandé par le Fonds monétaire international (FMI). Le ministre a fait état de « perspectives encourageantes du secteur touristique » et la tendance inflationniste mondiale, la BoM est intervenue sur le marché à hauteur de USD 25 millions à un taux apprécié de Rs 43,15, contre Rs 43,25 lors de sa dernière intervention.

Élaborant sur les mesures pour soutenir le pouvoir d’achat de la population et la monnaie, Renganaden Padayachy  déclare que « le gouvernement, sous la direction du Premier ministre  travaille d’arrache-pied pour faciliter les affaires à Maurice et pour maintenir l’excellente réputation de notre juridiction comme un centre financier international ».

Des prêts concessionnels en devises étrangères ont permis d’assurer une injection de devises étrangères sur le marché local. La stratégie gouvernementale s’est également portée sur des mesures pour encourager l’investissement étranger et les expatriés, « en particulier les personnes âgées ». Il ajoute qu’un sénior  apporte au pays une moyenne de USD 9 000 pendant six mois. L’objectif est d’attirer quelque 25 000 retraités à Maurice. Il n’a pas manqué de revenir sur les subventions de Rs 8,2 milliards sur les prix des denrées essentielles.

Quant au taux de change, le ministre a soutenu que, selon la Banque de Maurice, la roupie s’est dépréciée de 7,6% en 2020 et de 9,2% en 2021. La roupie, est-il d’avis, aurait cependant pu être plus largement affectée.

Critiquant le leader de l’opposition, il dira qu’en 2014, alors que Xavier-Luc Duval était ministre des Finances, il avait provoqué la dévaluation de la roupie, « alors que les fondamentaux étaient solides et qu’il n’y avait ni pandémie, ni guerre, ni perturbation des chaînes d’approvisionnement ».

Il lui a ainsi reproché d’avoir injecté USD 100 millions dans l’économie dans le but de valoriser la roupie. « Entre 2005 et 2014, la roupie a été évaluée de 11,2% par un gouvernement, qui se souciait peu du pouvoir d’achat des Mauriciens », reproche-t-il.

Il a conclu que le budget de bien-être social est passé de Rs 48 milliards en 2014 à Rs 93 milliards en 2021-2022. « Avec le WAS et le SEAS, ce montant s’est situé à Rs 100 milliards. »

Pour sa part, le leader de l’opposition a évoqué la « colère qui prévaut dans la population », tout en soulignant qu’alors qu’il était ministre des Finances, « la roupie s’est à peine dépréciée sur une période de trois ans », contre une dépréciation de 8% entre novembre 2019 et mars 2020, dit-il, « soit trois fois plus que durant la période du Covid ».

Renganaden Padayachy affirme que la politique monétaire et celle du taux de change relèvent de la Banque de Maurice, et que le gouvernement n’est pas intervenu directement pour faire dévaluer la roupie.  Ce à quoi Xavier-Luc Duval a répliqué qu’aux Seychelles, aux Maldives et en Afrique du Sud, « leurs monnaies ont été réévaluées au niveau qui prévalait avant l’arrivée du Covid ».

De son côté, Arvin Boolell note que, selon l’Article IV du FMI, consacré à Maurice, « la roupie est surévaluée de l’ordre de 30 à 40% », demandant ainsi au ministre ce qu’il comptait faire. Il lui demande aussi s’il est « d’accord avec l’affirmation du FMI ». Le ministre a répondu prendre note des recommandations du FMI, tout en affirmant qu’il agit « en toute indépendance ».

Xavier-Luc Duval a par la suite remis en cause les chiffres donnés par le ministre des Finances, expliquant que le dollar s’est vendu à Rs 43,10,

et non pas à Rs 43,15, comme il l’a dit plus tôt. En outre, dit-il, les USD 25 millions mis sur le marché par la BoM « représentent un 10e de la demande pour le dollar en ce moment ». Avant de demander : « Comment satisfaire la demande alors qu’il y a une queue pour obtenir le dollar ? »

Le ministre  a accusé certains de s’engager à un jeu spéculatif  avec la valeur de la roupie en maintenant des devises sur leur compte. Il ajoute que la BoM continue d’approvisionner le marché. Il en veut pour preuve que « tous les produits qui doivent être importés sont disponibles dans le commerce ».

Après quoi Xavier-Luc Duval est revenu à la charge pour affirmer avoir dénoncé le ministre des Finances de s’être approprié un montant de Rs 158 milliards pour le financement de son budget courant. « Cela explique la faiblesse de la BoM aujourd’hui », dénonce-t-il en faisant comprendre que « par conséquent, ceux qui ont obtenu des dollars parce qu’ils n’ont pas confiance dans le gouvernement gardent leur monnaie en dollars américains. »

En conclusion, le leader de l’opposition et le ministre des Finances se sont engagés dans une bataille de chiffres émanant du bilan de la Banque de Maurice. Renganaden Padayachy ajoute que « la Banque Centrale dispose actuellement de devises d’un montant de USD 4,1 milliards, alors qu’en 2014, elle n’en avait que pour un montant de USD 3,3 milliards ».

Et au leader de l’opposition de rétorquer qu’ « avec des réserves de seulement Rs 6 milliards, une fluctuation de moins de 5% dans la valeur du dollar mettrait la BoM en situation de faillite. » Ce à quoi, le ministre a répondu que le leader de l’opposition « ne comprend rien à la gestion d’une Banque centrale, car si c’était le cas, on aurait eu le même problème en 2014 ».

Il reprend : « L’appréciation de la roupie dépend de l’offre et de la demande. Nous sommes dans un régime flottant. Il faut qu’il y ait des entrées en devises pour qu’il y ait une appréciation de la roupie. Tenant compte des perspectives futures en matière de rentrée de devises, la BoM a entamé des démarches pour apprécier la roupie. »

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