Une pluie… de critiques s’est abattue ce jeudi sur les services météo via les médias – journaux et radios privées, sites d’infos en ligne et réseaux sociaux. Des flots continus de commentaires virulents, mais aussi de constats plausibles et lucides, traduisant beaucoup de mécontentement, d’incompréhension et une révolte logique face à une situation témoignant d’une évidente mauvaise gestion de la part des autorités. Est-on tenté de dire pour la énième fois ! Une foule de Mauriciens en colère ne s’est ainsi pas fait prier pour alimenter les foudres déversées tant sur la station météo que le gouvernement.
Il est vrai que le temps est un élément des plus imprévisibles. Prédire quand et à quel rythme des pluies fortes, voire torrentielles, s’abattront sur le pays, et en prédire l’endroit exact, ne peut être fait avec exactitude. Mais tout au plus, les super-équipements dont disposent nos responsables de la météo, forts eux-mêmes d’une solide formation dont on ne doute pas, ne permettaient-ils pas de prévoir, en offrant une certaine marge de manœuvre, que le temps allait se détériorer sérieusement ce jeudi matin ? Et ce, sur l’ensemble de l’île ! Alors que pendant la dizaine de jours qui ont précédé le mauvais temps, les avis “veille ou veillée” de grosses pluies concernaient principalement certaines régions plutôt que d’autres. Ce jeudi 26, c’est tout le pays qui a été plus que copieusement arrosé.
Une compatriote a perdu la vie sur les rives d’un cours d’eau. Emportée par des eaux qu’on imagine déchaînées. S’il y avait eu un avis de fortes pluies, cette grand-mère aurait-elle couru ce risque, sachant qu’elle mettait en péril sa vie ? Si la météo n’avait pas enlevé cet avis à 5h ce matin-là, la grosse majorité des parents aurait, on le devine, râlé que leurs enfants ratent un autre jour de classes. Mais ils auraient été soulagés de ne pas avoir envoyé ces pauvres enfants sous une pluie battante, prenant le risque d’être trempé jusqu’aux os et, par conséquent, tomber malade ! Ce qui implique encore plus de jours d’absence des institutions.
Les années passent, mais nos services publics, surtout, semblent être dirigés par des personnes dont les compétences soulèvent des interrogations. Prenons la super-grande bonne nouvelle de la semaine écoulée : le fameux défi du drapeau humain, qui fait entrer Maurice dans le Guiness Book of Records. Certainement, c’est avec une grande ferveur que chaque Mauricien, fier de sa patrie, accueille la nouvelle. Cependant, le bémol, c’est toute cette polémique autour de la nourriture fournie.
Le ministre Teeluck s’est réfugié derrière des partenaires du privé, dont des établissements hôteliers ayant souhaité participer à l’événement. Ce qu’on se demande, c’est pourquoi ne pas avoir fait dans la simplicité ? N’était-il pas plus simple d’offrir un bon sandwich au fromage ou aux oeufs durs, au choix ? Ce qui aurait évité la (mauvaise) surprise de certains de se voir servir une collation qui ne leur était pas familière. N’était-ce pas la responsabilité de l’unité de communication et d’organisation du ministère de M. Teeluck de s’occuper de cet aspect ?
À ces gestions “anba lao” qui caractérisent de plus en plus notre pays et ses institutions publiques, comment ne pas évoquer encore et toujours celle de l’eau ? Avec les trombes de pluies qui s’abattent sur l’île et les réservoirs qui boivent enfin à leur soif, on peut espérer, prier même, que dans les prochaines semaines, nos robinets couleront un peu plus normalement. Mais parions que d’ici juillet-août, nous entendrons qu’il n’y a plus assez d’eau dans nos réservoirs ! D’autant que la phase 3 du projet Metro Express, avec son tracé jusqu’à Côte-d’Or, est déjà à l’agenda, avec le début des travaux en… avril !
En voilà des “feel good factor” pour ce début 2023. Allez évoquer la question des drains à ces familles dont les cours ont été, encore une fois, inondées, et dont les victuailles ou le matériel scolaire, stockés dans les cuisines ou garages, ont été emportés et détruits par les eaux en cette fin de mois déjà rude ! Ou à ces familles qui se trouvent dans des centres de refuge, et qui attendent depuis des années un toit décent.