Le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, qui animait samedi la première conférence de presse de la Plate-forme de l’Espoir pour 2022, exige que l’on mette un terme immédiat à la dépréciation de la roupie par la Banque de Maurice. « Les Mauriciens doivent se rendre compte que la dépréciation de la roupie épuise leur budget ménager, leur façon de vivre et leur pouvoir d’achat », dit-il, estimant que l’amélioration de la qualité de la vie des Mauriciens passe par le rétablissement de la valeur même de la roupie. Il anticipe une année 2022 « extrêmement difficile » pour les citoyens, et qui serait « sous le signe de l’appauvrissement d’une grande partie des Mauriciens sinon la majorité ».
« À cause de l’incompétence du gouvernement, du ministre Padayachy, du gouverneur de la Banque centrale, Harvesh Seegolam et du ministre Soodesh Callichurn, le pays se retrouvera avec une avalanche d’augmentations de prix en raison de la dépréciation de la roupie », déclare-t-il. Il ajoute que cette situation débouchera sur un appauvrissement de ceux au bas de l’échelle et d’une grande partie de la classe moyenne.
Ainsi, depuis les dernières élections générales, la roupie s’est dépréciée de 25% vis-à-vis de la livre sterling, de 21% au regard de l’Euro et de 20% s’agissant du dollar. Pour le leader du PMSD, il s’agit de « la dépréciation la plus forte depuis les années 1980 en raison de l’incompétence du gouvernement. Ce qui explique entre autres, l’augmentation du prix de l’essence et du ciment ».
Xavier-Luc Duval a mis en exergue que les profits réalisés à partir de la dépréciation de la roupie servent à alimenter le Special Reserve Fund du gouvernement. C’est dans ce fonds que le gouvernement puise de l’argent pour financer son budget. Ce qui l’amène en substance à accuser le gouvernement d’avoir dévalisé la Banque de Maurice en s’appropriant un montant de Rs 158 milliards du Special Reserve Fund, avec pour résultat que la Banque Centrale est incapable de défendre la roupie.
D’autre part, alors que la Banque de Maurice affirme disposer des réserves de l’ordre de 7 milliards de dollars en devises étrangères , Xavier-Luc Duval a noté qu’une bonne partie de celles-ci provient des prêts en devises étrangères des banques internationales. « En vérité, il est clair qu’avec le bilan financier de la Banque de Maurice extrêmement faible, celle-ci n’a pas d’argent pour défendre la roupie. Pour le faire il aurait fallu injecter des dollars et des euros sur le marché et les vendre à un prix afin de s’assurer que la roupie s’apprécie. Elle n’a pas d’argent et laisse la valeur de la roupie dégringoler. Ce qui lui permet d’améliorer son bilan théoriquement et d’augmenter les revenus découlant de la Taxe à la Valeur Ajoutée TVA », fait-il comprendre.
Qui plus est, Xavier-Luc Duval souligne que le gouvernement se trouve dans une position particulière où celui-ci se voit contraint d’imposer une taxe élevée sur l’essence afin de subventionner les prix à gauche et à droite. Il a réitéré son accusation contre le gouvernement selon laquelle celui-ci a accordé une subvention de Rs 500 millions aux importateurs sur le lait sans réclamer un rajustement à la baisse des prix.
Le leader du MMM, Paul Bérenger, a également mis l’accent sur le point que « le gouvernement joue avec le feu en puisant de l’argent des réserves de la Banque de Maurice ». Il a constaté que le gouvernement a obtenu Rs 25 milliards supplémentaires en décembre dernier afin de financer Airport Holdings Ltd. Alors que le Premier ministre attribue la hausse des prix à l’augmentation du coût du fret et de la hausse des prix au niveau international, Paul Bérenger estime que celles-ci découlent directement de la dépréciation de la roupie, qui a un impact sur l’inflation.
Quant au Covid-19, Paul Bérenger a fait mention des déclarations du directeur de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui se dit optimiste quant à la possibilité d’atténuer la pandémie cette année tout en invitant à ne pas prendre l’Omicron à la légère. Il a lancé un appel à la population pour qu’elle se fasse vacciner et également la dose de rappel.
Par ailleurs, le leader mauve a aussi dénoncé « l’instrumentalisation » de la police par le gouvernement pour « fer dominer » avec les manifestants de Bambous-Virieux et pour s’attaquer aux membres de l’opposition. Les abus de la MBC, et en particulier la censure du message du chef de l’Église catholique, ont été critiqués avec force.
Bérenger : « Forcer le GM à organiser les élections »
Pour Paul Bérenger, dans le courant de l’année 2022, il faudra pouvoir mettre fin aux abus gouvernementaux par le biais des élections générales. À ce propos, il faudra l’unité de l’opposition.
« La Plate-forme de l’Espoir et le PTr doivent pouvoir travailler ensemble afin de forcer le gouvernement à partir à travers l’organisation des élections générales cette année », a-t-il dit en ajoutant que d’ici la rentrée parlementaire la situation va s’éclaircir.
Nando Bodha : « Éducation, situation cauchemardesque »
Le leader du Rassemblement mauricien, Nando Bodha, a fait ressortir que la rentrée scolaire est devenue un véritable cauchemar pour les familles mauriciennes en raison de « l’incompétence au niveau du ministère de l’Éducation et l’absence de dialogue avec les parents ». L’avenir des enfants, que ce soit aux niveaux primaire, secondaire ou tertiaire, est mis en péril. Il estime que les leçons en ligne se sont révélées une faillite et ce sont les enfants des familles modestes qui paient les pots cassés.
Il a lui aussi critiqué « l’utilisation de la police par le gouvernement » pour empêcher les gens de descendre dans les rues et faire taire les critiques contre le gouvernement. Pour lui, le rôle de la police consiste à assurer la sécurité de la population, à veiller au respect du Law and Order et de la justice au lieu d’être un outil entre les mains du gouvernement.
Il a finalement insisté sur l’importance de l’unité au sein de l’opposition autour d’un programme afin de « mettre le gouvernement dehors ».