Alain Taieb : « Encourager le Français qui a réussi et aider ceux qui sont dans la détresse »

Les électeurs français résidant à l’étranger voteront cette semaine pour le premier tour des élections législatives en France. Ils se rendront aux urnes entre le 27 mai et le 1er juin 2022 pour le premier tour et entre 10 et 15 juin 2022 pour le second tour. Maurice fait partie de la dixième circonscription sur onze dans le monde, et compte 11 000 électeurs. Ce qui fait de l’île un passage obligé pour les candidats pour cette circonscription. Le Mauricien a rencontré la semaine dernière Alain Taieb, candidat indépendant lors de sa tournée à Maurice.

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Votre campagne constitue un véritable marathon…

Ces élections nous amènent à voyager dans la dixième circonscription des Français à l’étranger, qui comprend 49 pays d’Afrique de l’Est et du Moyen-Orient dont 38 pays africains. C’est une circonscription extrêmement étendue. Il est humainement difficile de visiter tous ces pays en quatre ou cinq semaines.

Par conséquent, on fait le tour des cinq pays les plus importants dont Maurice qui compte 11 000 électeurs et Madagascar qui en compte 20 000. À Maurice, j’ai reçu un accueil très chaleureux. Je me dirige vers les Emirats et le Qatar. C’est un long périple et on ne se ménage pas.

La dixième circonscription représente une tranche si importante de la population mondiale…

Pas nécessairement, il y a 11 circonscriptions de Français de l’étranger. Il y a des communautés françaises en Grande-Bretagne, aux États-Unis, en Asie. Dans beaucoup de cas, elles sont concentrées dans les capitales comme Londres, Genève ou Bruxelles, mais en ce qui me concerne, la dixième circonscription est surtout très vaste.

Mon expérience est plutôt africaine. J’ai des activités dans 54 pays africains depuis au moins un quart de siècle. J’ai donc une connaissance du terrain, des hommes et des attentes qu’aucun autre candidat peut avoir. Je suis un homme expérimenté de la circonscription.

Quels sont les problèmes particuliers de la dixième circonscription ?

C’est l’isolement. On est éparpillés un peu partout. Le lien est distendu avec la mère patrie la France. Il y a la vie dans un pays indépendant qui n’est pas le vôtre. Le système de retraite n’est pas le même qu’en France. Certains ont une vie en rose, mais il y en a d’autres qui rencontrent des difficultés.

Il y a des gens qui vivent presque dans la misère avec une petite retraite. Ils ont du mal à payer l’assurance maladie et à vivre décemment. Ils ne peuvent pas bénéficier de l’aide de la France parce qu’ils ne sont pas en France. Nous avons une communauté d’expatriés qui est extrêmement variée. Le député qui est chargé des Français doit être capable d’apporter son concours à tous.

Des pays comme Maurice sont ravis d’accueillir des gens qui viennent créer de la richesse et des valeurs, qui alimentent l’emploi, les investissements et les impôts. Ce sont des entreprises françaises qui appliquent des méthodes françaises. Cela contribue au rayonnement du savoir-faire français, de l’expertise française, de l’ingénierie française. Ces gens qui réussissent, contrairement à ce qu’on pense, ont besoin qu’on les comprenne, qu’on les pousse, qu’on les accompagne.

D’autre part, il faut focaliser son temps sur des gens démunis qui ont besoin de notre aide. Donc, il faut encourager les gagnants et aider ceux qui sont dans la détresse.

Est-ce que les ressortissants français qui vivent dans des pays très loin de la France comme Maurice s’intéressent toujours à la vie politique de leur pays d’origine ?

Si vous êtes Français, tout ce qui se passe en France aura de l’influence sur vous. De plus, un jour ou l’autre, vous pouvez décider de rentrer dans votre pays. Vos enfants peuvent choisir de faire des études en France. Lorsqu’il y a eu la crise du Covid et que des pays commençaient à rapatrier les Français qui étaient dans l’embarras, on était bien content de voir son pays s’occuper de vous et qui venait vous chercher pour vous soigner ou voir un ami qui était malade ou mourant. Le lien avec la France est fondamental. Personne ne veut s’en débarrasser.

Pendant la crise du Covid, certains ont resserré ces liens. Dans la circonscription, il y avait 100 000 électeurs qui étaient inscrits il y a cinq ans. Actuellement, ils sont 150 000. Pensez-vous qu’il y a 50 000 Français qui sont arrivés ? Non. Ce sont les Français qui étaient là et qui ne s’étaient pas inscrits aux consulats en se disant que la vie est belle. Avec le Covid, ils ont réalisé qu’ils avaient besoin un peu de la France quand même et ils sont partis vite s’inscrire afin de pouvoir bénéficier de l’aide en cas de crise. Le lien existe pour le meilleur et pour le pire.

Avez-vous un message pour chaque pays faisant partie de votre circonscription ?

J’ai un message commun avec en toile de fond le lien avec la France, pays qu’on aime, et notre reconnaissance pour les pays qui nous accueillent. Ensuite nous voulons aider les entrepreneurs français à l’étranger à aller plus loin et à avoir une attention spéciale pour les personnes en détresse. À ce propos, nous souhaitons mobiliser le secteur privé à travers des initiatives solidaires afin de ne pas dépendre totalement du gouvernement français.

Vous êtes un candidat indépendant. Est-ce que cela ne complique pas votre campagne ?

Pas du tout. Il ne suffit pas de dire que je suis le candidat du président ou d’un parti politique. Par conséquent, il faut des gens qui ont en programme, de l’expérience et qui résolvent les problèmes.

En ce qui me concerne, je peux vous dire qu’à travers mon entreprise, le groupe Mobilitas, j’ai créé 3 000 emplois en Afrique. Je ne suis pas un parachuté. Le fait de ne pas être le candidat d’un parti me donne une liberté d’action pour mes concitoyens. Au Parlement, je soutiendrai les textes de lois positifs et qui tiennent compte des Français de l’étranger.

Donc, vous travaillerez avec n’importe quel parti qui remportera les prochaines élections, que ce soit celui du président Macron, celui de M. Melançon ou le Parti socialiste ?

Pas tout à fait. Je ne pense pas que le parti de Melançon remportera les élections. La France n’a pas besoin qu’on casse tout, qu’on renverse la table. On a besoin d’une transition contrôlée, pas d’une anarchie. Je respecte ces gens mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée pour la France. Je soutiendrai tout ce qui est parti démocrate, parti républicain. Je me qualifierai comme un candidat qui n’est pas insoumis, mais un candidat qui n’est pas soumis non plus.

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