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Air Mauritius : L’AMCCA veut enclencher les procédures de grève

L’Air Mauritius Cabin Crew Association a réuni la presse pour faire part de son ras-le-bol concernant la situation prévalant à la compagnie d’aviation nationale. Alors que les négociations salariales attendues depuis quatre ans butent sur les 4% proposés par la direction, un accord a été signé hier avec trois autres syndicats pour une augmentation de 12%.

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« Une humiliation ! » protestent les membres de l’Air Mauritius Cabin Crew Association (AMCCA) qui ont réuni la presse ce matin. Ils ne comptent pas rester les bras croisés, exapérés par la situation à Air Mauritius (MK). Les négociations devant la Commission de Conciliation et de Médiation (CCM) étant au point mort, avec notamment l’absence de la direction à la dernière réunion, le syndicat réclame le “deadlock”. Ce qui lui permettra alors d’enclencher les procédures de grève. L’assemblée des “cabin crew” a déjà voté en faveur de la grève à trois reprises.

Le dernier accord collectif de l’AMCCA, syndicat des hôtesses de l’air et stewards d’Air Mauritius, date de 2011. Attendant en vain les négociations pour un nouvel accord, le syndicat a soumis ses propositions en novembre 2016. « Comme il n’y avait toujours rien, nous nous sommes tournés vers la CCM pour demander que les négociations soient initiées. En décembre 2017, nous avons eu une réunion présidée par Mike Seetaramadoo. Toutes nos propositions ont été rejetées. On a suggéré que le même budget alloué aux augmentations de 2011 soit appliqué. Ce qui fait une augmentation de 4%, et qui plus est ne comptera pas pour la pension. C’est une humiliation aux 440 employés du “Cabin Crew” », a déclaré Darren Pyndiah, président de l’AMCCA.

Ce qui révolte davantage le syndicat, c’est qu’hier, la compagnie a signé un accord portant sur une augmentation de 12% pour le personnel au sol avec trois syndicats. « Il y a clairement une stratégie de “downgrading” du “cabin crew”. Le management a mis en avant le fait qu’il y a d’autres allocations pour le personnel navigant. Mais ce qu’on ne dit pas, c’est qu’il y a une série de critères à respecter pour y avoir droit. Par exemple, vous ne devez pas vous absenter », a martelé Reeaz Chuttoo, le négociateur.

Ce dernier a souligné que cette semaine, « il y a eu un cas devant la CCM où la direction de MK ne s’est pas présentée ». Et d’ajouter : « Les négociations n’avancent pas. Nous n’avons d’autre choix que de demander à la CCM de déclarer le “deadlock” afin de déclencher les procédures de grève. » Selon ces procédures, un vote avec une majorité de 51% du personnel concerné doit être obtenu pour aller vers la grève. MK compte 475 membres du personnel navigant et 440 font partie du syndicat.

Reeaz Chuttoo a déploré aussi le fait qu’Air Mauritius « ait interdit au syndicat de parler à la presse pendant la période de négociation ». « Combien de temps allons-nous attendre ? Si les négociations durent encore quatre ans, nous devons attendre quatre ans pour parler de cette situation? » s’est-il demandé.

En sus des négociations salariales qui sont au point mort, le négociateur a révélé que « 27 hôtesses et steward, dont le contrat avec MK arrive à terme, passeront dorénavant sous Airmate, avec des conditions moins favorables ». « Aucune loi ne permet le “downgrading” d’un employé sans raison. Cette situation est tout à fait illégale. A Airmate, on travaille pour des “peanuts”. Le salaire est même inférieur aux compagnies low-cost »,  a-t-il souligné.

Il a déploré aussi le fait que l’AMCCA « ne peut négocier pour les membres du “Cabin Crew” sous contrat ». « L’ancien exécutif du syndicat a signé un accord les excluant de la “bargaining unit 2008” en toute innocence, car à cette époque, tout le monde était permanent et on ne savait pas que l’Employment Relations Act et l’Employment Rights Act allaient venir par la suite. »

Reeaz Chuttoo a estimé qu’il y avait une stratégie « bien calculée » de MK derrière cet accord car tout juste après, « Airmate qui était un centre d’appels et un centre de formation, est devenu recruteur pour le cabin crew ». Selon le syndicaliste, MK est en train de créer un mauvais précédent. « Si une compagnie de l’État adopte ce genre de pratique aujourd’hui, le privé va certainement suivre. »

Le syndicat a lancé un appel au Premier ministre pour qu’il intervienne sur ce dossier. « Nous demandons au Premier ministre de prendre la décision qui s’impose. Nous voulons que ce dossier soit traité au plus haut niveau. Nous demandons également au ministre du Travail d’assurer ses responsabilités si les procédures de grève sont déclenchées », a-t-il ajouté.

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