Le Guide - Législatives 2024

Agalega : Bérenger ciblé frontalement sur le projet hôtelier d’IBL de 2004

La Parliamentary Question de Salim Abbas-Mamode de la majorité a servi de tremplin au Premier ministre, Pravind Jugnauth, de se lancer dans une attaque frontale contre le leader du MMM, Paul Bérenger, par rapport au projet hôtelier comprenant la construction de 15 chalets à Agalega. D’entrée de jeu, Pravind Jugnauth a été droit au but et en se privant pas de communiquer les moindres détails de ce développement hôtelier proposé par le groupe IBL au gouvernement en 2004 avec Paul Bérenger en tant que Premier ministre.  Il a ainsi dévoilé que peu de temps après son accession au poste de Premier ministre, en septembre 2003, le leader du MMM, avait eu une rencontre avec M.L., pour le compte d’Ireland Blyth Limited, où un Unsolicited Proposal a été discuté.

- Publicité -

Cette initiative concernait un bail, pour la construction de 15 chalets et l’aménagement d’une marina à Agalega. IBL avait également prévu d’opérer des vols entre Maurice et Agalega, par un avion de modèle Beechraft 1900D, acheté par Catovair, appartenant à IBL Aviation.

Une Correspondance du ministère du Logement en date 27 janvier 2004 concerne un bail industriel sur 25 arpents pour le projet hôtelier d’IBL à Agalega. Cela incluait un front de mer de 400 mètres au Sud-Ouest de l’île du Nord. Le projet de 15 chalets comprenait également l’aménagement d’une Boathouse, d’un centre de pêche et d’une salle de jeu. Un bail additionnel de 87 arpents des terres de l’État avait aussi été octroyé pour le Landscaping, avec un front de mer de 400m, sur la côte Nord-Est de l’île du Nord.

Ces baux avaient été proposés sous certaines conditions, notamment que le projet comprenne un plan pour l’intégration sociale, un Cash Deposit de l’ordre de Rs 3 millions, à partir de la date de la lettre, ainsi que le paiement d’un Survey Fee, plus les frais de déplacement du Survey Staff et des équipements nécessaires, de l’ordre de Rs 3 000 par arpent.

Dans une lettre en date du 7 mai 2004, IBL a informé le ministère des Terres, qu’il n’était plus intéressé par le bail de 87 arpents pour le Landscaping. À la place, la compagnie réclamait un arpent sur la côte Sud-Est pour la construction d’une Boat House, d’une marina et d’une jetée pour les bateaux de pêche et les navires d’approvisionnement. Cette installation serait utilisée lorsque le vent affecte les opérations sur la partie Ouest de l’île.

Le 9 juillet 2004, le gouvernement prit donc note qu’IBL n’avait pas encore accepté l’offre pour le bail proposé le 27 janvier 2004. De même, un autre terrain d’un arpent devait être offert à la compagnie. IBL a demandé une autre lettre au vu des changements survenus et le 26 octobre 2004, le ministère des Terres a émis une nouvelle lettre pour le bail, avec un délai de deux semaines pour y répondre.

Pravind Jugnauth a expliqué que les deux baux, pour les deux portions de terrains de 25 arpents et d’un arpent, devaient être d’une durée de 20 ans, renouvelable pour 10 années supplémentaires, à quatre reprises. Le montant des baux devait également être revu d’après la valeur du marché. Ce qui a été réclamé par le ministère des Terres dans sa lettre du 26 octobre 2004 était comme suit :

Rs 260 000 par an, pour la période du 27 janvier 2004 au 26 janvier 2006, soit Rs 21 667 par mois ;

Rs 520 000 par an, pour la période du 27 janvier 2006 au 26 janvier 2008, soit Rs 43 333 par mois ;

Rs 1 040 000 pour la période du 27 janvier 2008 au 26 janvier 2014, soit Rs 86 667 par mois, et

Rs 1 560 000 du 27 janvier 2014 au 26 janvier 2024, soit Rs 130 000 par mois.

Le 3 novembre 2004, IBL avait signé sa lettre d’acceptation, en date du 26 octobre 2004. La compagnie a suggéré d’effectuer le premier paiement le 1 er janvier 2005. Requête acceptée le 22 novembre 2004, du fait que le site était difficilement accessible et que Le Dornier n’effectuait que des vols d’urgence. Le 20 juin 2005, le bail, au nom d’Agalega Nature and Fishing Lodge Limited, avait été émis et portait la signature de M. M.J.P.D.V, alors directeur de la compagnie.

Le Premier ministre a également cité les commentaires de Navin Ramgoolam, alors leader de l’opposition, pendant sa PNQ du 23 mars 2004, soit “…IBL gets the cake and eats it at the same time! The Prime Minister says that no public money is going to be involved. But he confirms that an airstrip is going to be enlarged, so that IBL can put this airplane of 19 seats. That is what is going to happen. The port is going to be developed, the fishing station is going to be given, everything is going to be given to IBL. And the Prime Minister says there is no hidden agenda! There is a hidden agenda! IBL is being given the island, which occupies a geo-strategic position; and they are going to get an island! That is what the problem is.”

Le Premier ministre a également repris la réponse de Paul Bérenger, notamment: “ The IBL people are very enterprising…They worked out a project and came forward…That is what entrepreneurship is about…There is no absolutely preferential treatment to whoever…the danger right now is that IBL drops the project.”

Toutefois, après les élections de 2005, le nouveau gouvernement mené par Navin Ramgoolam avait décidé de ne pas aller de l’avant avec ce projet. Il est cependant venu avec un autre projet, par le groupe sud-africain ARCON, pour une Private Island Estate  sur Agalega. Un Fast-Track Committee avait été mis sur pied le 18 février 2006. Il était question d’identifier 153 sites qui seraient sous-loués à des tierces parties.

Ce qui a mené Pravind Jugnauth à dire : « Navin Ramgoolam et Paul Bérenger n’ont pas assuré un développement durable et prospère pour le futur des Agaléens. Mais aujourd’hui, un nouveau chapitre s’ouvre pour Agalega, basé sur un développement harmonieux entre le capital humain et environnemental. »

Le Premier ministre a également ajouté que depuis son retour d’Agalega, en février 2024, le gouvernement travaille sur un Master Plan pour le développement socio-économique de l’archipel. Il a précisé que des enveloppes de Rs 15 millions et Rs 25 millions respectivement ont été allouées à cet item dans les budgets 2024-25 et 2025-26.

Abbas Mamode : IBL a-t-il imposé des conditions au Premier ministre d’alors, pour le projet d’hôtel à Agalega ?

PM : La réponse à la PNQ du 23 mars 2004 en dit long. Paul Bérenger avait indiqué qu’IBL mettrait en œuvre ce projet à deux conditions. Et je cite :  a) access being made through the enlargement of existing passes on both sides of the island so as to allow fishing boats to operate, whatever the climatic condition; b) it would have to purchase a small plane. The operations thereof would not be sustainable if the plane did not operate to Rodrigues, Réunion Island, Madagascar, Comoros and other countries in our sub-region.»

Comme nous pouvons donc le constater, il y avait bien des conditions imposées par IBL. Et l’honorable Bérenger ajouta à sa réponse : I foresee no problem.

Ittoo : Le Premier ministre d’alors, Paul Bérenger, avait-il visité Agalega et y avait-il des discussions avec IBL pour d’autres projets hôteliers à venir ?

PM : L’honorable Bérenger avait visité Agalega le 11 janvier 2004 à la tête d’une délégation comprenant le ministre de la Sécurité sociale et celui de la Formation et des Communications extérieures. Dans sa réponse à la PNQ du 23 mars 2004, Paul Bérenger avait déclaré : « the promoters would wish to have access to both sides of the island through passes to the open seas. The extent that they have requested for goes to both sides of the island. That allowance is for the already existing road which will remain public and for two-meter reserve, on both sides, which I made clear, if it was successful to start with that number of chalets, I have no doubt, that with 25 arpents available, the promoter would develop further. »

C’est clair que le Premier ministre d’alors avait discuté et avait des informations privilégiées concernant d’autres développements à venir.

Brouhaha avec des membres de l’opposition lançant à l’égard du Premier ministre « to ti minis de Finans, non ! »

Speaker : Honourable Bhagwan, je vous ai entendu dire « communal ». Veuillez-vous rétracter et présenter vos excuses. C’est un unparliamentary word.

Bhagwan : Je retire ce que j’ai dit et je m’excuse.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -