Sur la Planète Foot, avec le double événement du Qatar 2022 et le décès du Roi Pelé, ils sont connus comme des Dieux du stade. N’empêche que de par leur visibilité virtuelle, ils sont considérés comme des Role Models par ceux qui les suivent, au point de ne rien rater de leurs faits et gestes sur la pelouse, aussi bien que hors du terrain.
Jusqu’à la finale du Mondial du Qatar 2022, avec ses antécédents de la précédente édition de la Coupe du Monde et sa performance au Qatar, Kylian Mbappé pouvait prétendre légitimement à chausser les crampons légués par Pelé. Mais la phrase de trop à l’effet qu’il n’allait pas digérer la défaite de l’équipe de France aux tirs aux buts lors de la finale face à l’Argentine dénote qu’il lui manque ce soupçon de maturité pour faire de lui un authentique Role Model.
Cette repartie est en net contraste avec la réaction d’un autre grand sportif, qui a connu des victoires aussi bien que des déboires. Novak Djokovic, qui avait été expulsé de la dernière édition de l’Open d’Australie suite à une polémique découlant de la pandémie de Covid-19, s’apprêtait presque au même moment à regagner l’île-continent. Novak Djokovic repoussait d’un revers de la main cet incident, qui l’a certes privé d’un tournoi de grand chelem. « I have no hard feeling », devait-il déclarer à la presse, donnant la preuve qu’un Role Model peut et doit transcender n’importe quelle épreuve sur le parcours emprunté. Et cela pour inspirer, et surtout rassurer. Ou encore montrer la voie. Tout cela sur le terrain sportif. Et à l’international.
Mais à Maurice, et à l’allure où vont les choses, le concept de Role Model essuie de manière systématique d’affligeants outrages. Depuis longtemps déjà, avec le fléau des leçons particulières gangrenant le système éducatif, le corps enseignant a abandonné le flambeau susceptible d’éclairer la jeunesse dans la voie à suivre.
La force policière, corps constitutionnel, avec pour mandat d’assurer l’ordre et la paix dans le pays, et surtout de garantir la sécurité de tout citoyen en toutes circonstances, se présente comme un phare de refuge au sein de la société. Mais, hélas, la séquence des événements de ces derniers temps fait que le capital confiance de la population s’est effrité, au point de disparaître. Ce serait un exercice exhaustif et fastidieux de vouloir relever la série de dérives reprochées aux Rank and File Members de la force policière. Il y en a presque quotidiennement. Prenons l’exemple de ceux qui, en toute logique, devraient symboliser le modèle de ce que devrait être la police.
Car ce n’est pas donné à n’importe qui d’aspirer à devenir, ou encore d’assumer, les fonctions de commissaire de police, poste inscrit en lettres d’or dans la Constitution, comme celui de Directeur des poursuites publiques et de Directeur de l’Audit. Le Père de la Constitution de l’île Maurice indépendante avait ses raisons de souscrire à une telle police d’assurance en faveur de ceux exerçant ces responsabilités à hauts risques.
Mais qu’en est-il des plus récents commissaires de police, tout en rappelant qu’un des leurs prédécesseurs avait été forcé à évacuer les Police Headquarters sous la force de procédures prévues dans la Constitution ? Un premier commissaire de police, qui s’était montré intraitable dans une affaire de vol de quelques letchis dans le Residential Compound qu’il occupait officiellement, a été rattrapé par une sinistre affaire de passeport octroyé à un trafiquant de drogue, interpellé à La Réunion dans un trafic de stupéfiants sur le plan régional. Bénéficiant d’un contrat en tant que commissaire des prisons après son départ à la retraite, il a dû abandonner ses fonctions pour se retrouver dans le box des accusés en Cour intermédiaire, au lieu d’une retraite bien méritée.
L’autre, parfait gentleman et militaire de carrière, a été secoué par un Unfinished Business avec des policiers accusés d’abus des Droits de l’Homme et de traitements inhumains infligés à des suspects en état d’arrestation. Les atermoiements et tâtonnements autour de la clé USB, recelant de preuves flagrantes de ces pratiques inacceptables, demeurent une tâche indélébile. D’autant plus que cette affaire est encore loin d’être élucidée.
Et maintenant, un autre commissaire de police en poste est pris dans la tourmente constitutionnelle avec son fils bénéficiant d’une grâce présidentielle suite à une condamnation dans une affaire criminelle, dont les tenants et aboutissants attendent encore d’être démêlés par la justice. En tout cas, un affligeant outrage au concept de Role Model au sein de la République de Maurice à la veille de ses 55 ans d’accession à l’indépendance.