People’s Turf PLC exercerait des pressions sur le jockey Krishna Mudhoo et son père Kishan Mudhoo pour qu’ils retirent leurs dépositions consignées à la police après l’accident dont a été victime le premier nommé le vendredi 1er décembre au Champ-de-Mars.
Les recoupements d’informations effectués par Le Mauricien indiquent que PTP remue ciel et terre pour que cette enquête n’aille pas de l’avant. Après la vaine tentative de l’entraîneur Shirish Narang, qui avait conseillé au jockey Krishna Mudhoo de convaincre son père, Kishan, de retirer sa Precautionary Measure à la police, PTP a délégué une de ses employées, Emma Chelumbrum, pour persuader le jeune jockey d’abandonner sa démarche à la police avec la déposition, hier, au poste de police de Pope Hennessy vers 11 heures en présence de son père, son homme de loi et son cousin.
Une fois chez lui à 15h, le téléphone de Krishna Mudhoo a sonné. Au bout du fil, une voix féminine, celle d’Emma Chelumbrum, dit-il, qui lui a dit savoir qu’il avait consigné une déposition dans la matinée. Elle l’a invité à se présenter immédiatement au bureau la PTP au Champ-de-Mars ‘parski misie-la finn kit enn lanvlop pou ou, enn indemnisation’.
« Ou pe rod piez mwa »
Accompagné cette fois-ci de son cousin, il s’est rendu dans les locaux de PTP au Champ-de-Mars. Sur place, la dénommée Emma Chelumbrum avait quelques collègues à ses côtés, lesquels ont interdit l’entrée à son cousin. Ils ont conduit Krishna Mudhoo dans le studio et Emma Chelumbrum lui a dit : « To lanvelop-la. Li kaste. Ena enn som larzan ladans. Me to bizin dabor donn enn interview avan pou dir ke PTP pena nanye a fer dan sa kasidan-la. PTP pa responsab ».
Le jeune Mudhoo, sachant à qui il avait affaire, insista pour savoir quelle somme il y avait dans cette enveloppe. La discussion aura duré quelques minutes après quoi la dame accepta d’ouvrir l’enveloppe pour lui donner un chèque de Rs 260 000 tiré à l’ordre de la City Clinic.
Krishna Mudhoo tomba des nues. Le chèque n’était pas à son nom mais à celui de la City Clinic. Il rendit le chèque à Emma Chelumbrum en lui disant : « Ou pe rod piez mwa. Sek-la pa lor mo nom. Se pou City Clinic sa. Se zot ki bizin pey City Clinic, pa mwa. Mo pa pou donn interview ek ou kapav gard ou sek.».
Décontenancée, l’employée de la PTP est restée bouche-bée. Puis, elle laissa échapper qu’il ne pourrait pas prendre l’avion s’il ne payait pas la City Clinic. Il ferait alors l’objet, selon elle, d’une Objection to Departure. Surpris, le jockey s’est demandé comment la PTP avait su qu’il allait prendre l’avion, hier soir. Un fait intrigant. Malgré cette nouvelle menace, Krishna Mudhoo n’a pas cédé et a pris la porte de sortie avec son cousin, lequel a eu une violente prise de bec avec un des employés présents.
Krishna Mudhoo, contacté, hier soir, à l’aéroport, a déclaré à Le Mauricien : « Nous irons jusqu’au bout dans cette affaire. Il n’y aura ni négociation ni capitulation. Mon père l’a déjà dit: PTP est seule responsable de cette terrible collision entre Crazy Charlie et Northern Rebel. Si elle avait pris ses responsabilités, notamment en plaçant un préposé à cette sortie sur la petite piste au poteau des 900 mètres, il n’y aurait pas eu d’accident. Or, tel n’a pas été le cas et donc elle doit assumer ses responsabilités en tant qu’organisatrice des courses, accréditée par la Gambling Regulatory Authority. »
Son père Kishan Mudhoo ajoute qu’il n’a pas été surpris de cette nouvelle tentative d’intimidation de PTP : « On m’avait prévenu que ces messieurs sont capables de tout, mais je ne pensais pas qu’ils auraient pu envoyer une dame pour agir en tant qu’intermédiaire. Mais nous nous attendions à cette lâche démarche qui démontre néanmoins qu’ils sont conscients de la gravité de leur faute et de leur négligence et les conséquences qui vont suivre. »
Interrogé au sujet du déplacement de son fils pour la Nouvelle-Zélande, Kishan Mudhoo déclare: « Après l’accident, nous avons entamé des démarches pour donner toutes les chances à Krishna. Comme il a une police d’assurance de la Nouvelle-Zélande, je me suis dit pourquoi ne pas l’envoyer là-bas afin qu’il puisse avoir un meilleur traitement. Nous en avons longuement discuté au sein de la famille et avec des amis et finalement, nous avons décidé de l’envoyer en Nouvelle-Zélande où il sera pris en charge. Son frère y est déjà et il ne sera pas seul. Nous espérons tout simplement qu’il se remettra le plus vite possible afin de reprendre son travail. Mais ce qui m’étonne, c’est que nous n’avions pas ébruité cette nouvelle. Comment la PTP a-t-elle eu vent du départ de Krishna ? »
Cette interrogation légitime souligne clairement la forte influence de PTP au sein de certaines institutions, déployant tous les moyens nécessaires pour la soutenir. Une réalité choquante ! D’où tous les détails privés communiqués aux parties engagées dans une tentative de faire échouer l’enquête sur le sinistre accident du 1er décembre à l’entraînement au Champ-de-Mars.