Oui, à quoi bon ? À quoi bon poursuivre avec ces conférences annuelles sur le changement climatique, placées sous l’égide des Nations Unies ? À quoi cela sert-il ? Bon, chacune d’elle apporte, à sa manière et à différents degrés, quelques avancées, c’est vrai. Mais pour la plupart, ces dernières ne demeurent que des intentions, et ce, quel que soit le nombre de pays signataires de ces accords. Sans compter que l’on est loin de remplir le « contrat » que les COP se sont engagées à tenir. À savoir, en matière climatique, de réduire notre impact en termes d’émissions de gaz à effet de serre.
L’exemple de la dernière COP, 27e du nom, est frappant. Ainsi, si l’on peut s’enorgueillir d’avoir convenu de la création d’un fonds pour aider les pays du sud à mieux résister aux affres du changement climatique, rien, ou quasi-rien, n’aura été concédé en matière de réductions de nos émissions polluantes. C’est que le calcul aura été vite fait : il revient moins cher d’aider les nations les plus vulnérables à résister au pire que de chercher, justement, à éviter le pire. Car le développement est en jeu, et avec lui la croissance, et donc le profit. Et ce n’est certainement pas après deux ans de « disette covidienne », doublé d’une guerre à n’en plus finir entre l’Ukraine et la Russie, avec toutes les répercussions économiques que cela implique, que l’on va commencer à transiger et revoir à la baisse nos priorités. Dans lesquelles, doit-on encore le préciser, ne figure absolument pas le rétablissement de l’équilibre perdu avec notre environnement.
Et ce qui vaut pour la COP27 vaut hélas également pour toutes celles qui l’ont précédée. Et même la fameuse COP21, qui avait pourtant redonné un peu d’espoir aux défenseurs de la cause climatique et à tous ceux engagés intellectuellement, ne serait-ce qu’un peu, dans ce combat. Certes, l’accord aura été d’une certaine manière « historique », puisque la totalité des participants, soit pas moins de 195 pays, l’avait alors paraphé. Mais là encore, à quoi bon ? Car rappelons une des plus grandes inepties de cette instance internationale : aucun accord, même signé, n’est contraignant. En conséquence, signez si vous voulez, de toute manière vous ne serez pas tenu de respecter vos engagements ! C’est d’ailleurs ce qu’explique, à sa façon, le plus récent rapport du GIEC, pour qui seuls 18 pays ont vu décroître leurs émissions de gaz à effet de serre au cours de la dernière décennie. Autrement dit seulement un pays sur dix.
La vérité, c’est que les COP seront devenues, au fil des ans, davantage des plateformes politiques que des lieux où l’on cherche à répondre à l’urgence climatique. L’occasion donc, pour les dirigeants du monde, de monter à la tribune pour y aller de leurs discours pro-climat, mais qu’ils ne sont dans les faits nullement contraints ni intéressés à suivre. De là à dire que le temple du climat se transforme chaque année un peu plus en vitrine touristique, il n’y a qu’un pas, que certains ont d’ailleurs depuis longtemps allègrement franchi.
Moralité : par rapport à 2015, nous en sommes quasiment restés au point de départ. Alors oui, certains pays ont commencé leur (lente) migration vers le « zéro carbone », mais dans le même temps, la production (et donc la consommation) mondiale a largement augmenté. Annihilant ainsi le peu d’efforts individuels consentis. D’ailleurs, rappelons que l’un des objectifs de Paris était de limiter le réchauffement sous la barre des +1,5 °C par rapport à l’ère précédant la Révolution industrielle. Or, cette hausse de température, selon certains experts, pourrait être atteinte dès… 2024 ! Soit environ dix ans plus tôt que prévu. Et pour cause, puisque, depuis 2015, nos émissions polluantes n’auront jamais cessé de battre des records, si ce n’est bien sûr en 2020 et 2021, années marquées par un léger ralentissement du fait des multiples confinements sanitaires. Ainsi, pour 2022, nous aurons émis pas moins de 36,6 gigatonnes de CO2, soit 1% de plus que le précédent record.
En attendant, le monde prépare déjà la COP 28, qui se tiendra fin novembre prochain à Dubaï. Étrange choix d’ailleurs, tant cette ville des Émirats Arabes Unis symbolise à elle seule tous les excès à l’origine de nos malheurs. Certains ne se priveront probablement pas d’ici là de rappeler cette absurdité aux Nations Unies. Mais là encore, à quoi bon ?