Le Guide - Législatives 2024

À l’écoute de la Vox Populi

Il y a sept mois de cela, l’année 2024 était vue comme étant le Printemps de la démocratie parlementaire. Au moins un adulte, âgé d’au moins 18 ans, sur deux est appelé à exercer son droit des plus élémentaires, soit de déposer son bulletin de vote dans le secret des urnes. Ainsi, d’ici au 31 décembre, ils seront 49% de la population mondiale, engagée à désigner des présidents dans une trentaine de pays et à participer à des élections dans une vingtaine de démocraties.

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Le tout avec en prime, au cours de la semaine écoulée, la Grèce fêtant le 50e anniversaire du retour à la démocratie après la dictature des colonels. Une façon de nous dire qu’en démocratie, rien n’est acquis d’avance ou encore sur un plateau. D’abord, le substantif « démocratie » vient des mots grecs « démos » (peuple) et « krátos » (pouvoir).

Plus important encore : n’est-il pas un fait éprouvé et reconnu que « la démocratie athénienne désigne le régime politique de démocratie directe mis en place progressivement dans la cité d’Athènes durant l’Antiquité et réputée pour être l’ancêtre des démocraties modernes ».

Revenons aux temps modernes, pas ceux de Charlie Chaplin avec le Vox Populi. En Inde, la plus importante démocratie au monde, le leader du BJP était en quête d’un Modi 3.0. Mais l’issue des urnes lui a fait comprendre que pour ce troisième mandat successif, lui, qui a toujours gouverné sans partage, doit apprendre à écouter les autres et à composer avec d’autres tendances politiques. Probablement contre son gré.

La victoire de la démocratie en Afrique du Sud a vu l’ANC reconfigurer la carte politique post-apartheid.

Au Royaume-Uni, où est installée The Mother of Parliament, les conservateurs ont été balayés sans pitié du No 10 Downing Street après 14 ans de pouvoir et se retrouvent aujourd’hui à occuper un Corner of the House of Commons.

Malgré une majorité absolue de 404 sièges sur 650, le parti Travailliste de Keir Stramer n’a récolté que 33,9% du Popular Vote. Vous l’avez deviné le First Past the Post est passé par là. Et de manière irrémédiable.

Et plus proche encore, en France, les législatives à deux tours n’ont pas permis au président Emmanuel Macron de dégager cette visibilité politique envisagée avec ce scrutin anticipé au lendemain de la brume des élections européennes.

Après la trêve forcée des Jeux Olympiques, se déroulant actuellement, les Français apprendront si le message, par le biais des bulletins secrets, a été et sera décodé, comme il le faut par cette élite politique du jour.

Vers la fin de cette année, les États-Unis affronteront l’équation Trump/Harris avec le principal ingrédient dans toute démocratie, soit la confiance dans le système mise à rude épreuve. Surtout par le perdant.

Et Maurice, qui franchira pour la première fois la barre historique d’un million d’inscrits sur les registres de la Commission électorale, dans tout cela. Certes, les séquelles de la vague de pétitions électorales sont encore loin d’être cicatrisées; que ce soit sur le plan des partis politiques ou encore au sein du personnel, notamment au plus haut niveau, déployé par la Commission électorale dans les 20 circonscriptions à Maurice, à Rodrigues et à Agalega.

La nouvelle présidente de l’Electoral Supervisory Commission, qui assume ses fonctions, mesure le poids des responsabilités reposant sur ses épaules dans la conjoncture politique.  Très probablement, ce sera du No Retreat, No Surrender au moindre écart aux procédures établies. Néanmoins, l’enjeu du prochain scrutin, dont la date demeure à ce jour un mystère, dépasse le simple cadre des procédures électorales.

Ces élections devront être en mesure de faire la démonstration que la république de Maurice est une démocratie non pas en perte de vitesse, comme l’indique le dernier sondage, dont les résultats ne sont pas remis en cause. Afrobarometer a relevé qu’en cette année des législatives, seul un Mauricien sur deux, soit 51%, accrédite la thèse que Maurice est une démocratie (pleine ou avec des problèmes mineurs. En 2012, le taux de satisfaction dans la démocratie à Maurice était de 76%.

Le tableau est encore plus sombre au titre du fonctionnement de la démocratie. Le taux de satisfaction des Mauriciens est nettement sous la barre des 50%. Moins de deux électeurs sur cinq (39%) affirment être satisfaits des pratiques démocratiques. Une véritable chute vertigineuse par rapport aux 72% de 2012.

L’une des voies possibles, visant à redresser la barre démocratique, tordue sous le poids des Vested Interests en tous genres, n’est-elle pas de donner la preuve irréfutable, susceptible de donner raison au Speaker déchu et déçu que the Kistnen Papers were fabricated ?

Mieux encore que le prochain scrutin ne se résume nullement à une question de War Chest, susceptible d’assurer des dépenses sans limite, ou encore au Take-Away de biryani du coin de la rue.

Pour concrétiser la Vox Populi Vox Dei, il n’y a pas que la responsabilité des appareils des partis politiques mais aussi de l’intégrité suprême de l’électeur. Comme dans les cas de corruption, de lame ki bate...

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