L’opposant historique de Robert Mugabe est décédé à l’âge de 65 ans. Morgan Tsvangirai a rendu l’âme dans un hôpital de Johannesburg, où il était soigné des suites d’un cancer.
Le chef du principal parti d’opposition au Zimbabwe, Morgan Tsvangirai, adversaire historique du régime de l’ex-président Robert Mugabe, est décédé mercredi à 65 ans des suites d’un cancer, laissant derrière lui un parti déchiré à quelques mois de l’élection présidentielle. « C’est avec tristesse que j’annonce que nous avons perdu notre icône et notre combattant pour la démocratie », a annoncé Elias Mudzuri, l’un des vice-présidents du Mouvement pour le changement démocratique (MDC), le parti de Morgan Tsvangirai.
« Nos pensées et prières vont à sa famille, au parti et à la nation », a-t-il ajouté sur son compte Twitter. Morgan Tsvangirai est décédé dans un hôpital de Johannesburg, où il était soigné.
Le parti au pouvoir au Zimbabwe, la Zanu-PF, a immédiatement fait part de ses condoléances. « Très triste en effet. Nous sommes vraiment désolés », a réagi son porte- parole, Simon Moyo, interro- gé par l’AFP. Il y a deux ans, M. Tsvangirai avait révélé qu’il souffrait d’un cancer du côlon pour lequel il effectuait de nombreux séjours médicaux dans des hôpitaux sud-africains.
Opposant de longue date à Robert Mugabe, le leader du MDC a payé cher son enga- gement. Détenu à plusieurs reprises, il a été victime de la brutalité des forces de sécurité. En 2007, il était apparu le visage tuméfié après son arrestation pour avoir tenté d’organiser un meeting à Harare.
L’année suivante, son rêve d’accéder enfin au pouvoir avait failli devenir réalité. Il était arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle, mais avait décidé de se retirer du second tour à cause d’une campagne de violences menée par le pouvoir contre ses partisans.
« Grand patriote »
À l’issue de ce scrutin, M. Tsvangirai avait été nommé Premier ministre d’un gouvernement de coalition resté sous le contrôle de M. Mugabe, qui l’avait battu au scrutin de 2013. Il devait être le candidat officiel du MDC pour la présidentielle cette année et affronter le nouveau président Emmerson Mnangagwa, successeur de Robert Mugabe.
Mais la semaine dernière, M. Tsvangirai avait cédé sa place à la tête du parti à l’un des trois vice-présidents, Nelson Chamisa, faisant penser que son état de santé s’était détérioré. Il laisse un parti orphelin et affaibli par ses querelles internes. Depuis des mois, le MDC se déchire en vue de sa succession.
« Tsvangirai assurait la cohésion du parti », a estimé mercredi l’analyste poli- tique Alexander Rusero. Le MDC se retrouve désormais face à « un dilemme avec ses trois vice-présidents qui se battent pour la position de Tsvangirai », a-t-il ajouté à l’AFP.
Après le décès de M. Tsvangirai, le nouveau président Emmerson Mnangagwa, in- vesti candidat de la Zanu-PF, fait plus que jamais figure de grandissime favori pour la présidentielle. En janvier, M. Mnangagwa avait rendu une visite de courtoisie très remarquée au chef du MDC à son domicile d’Harare, accompagné de son vice-préident, l’ex-chef d’état-major des armées Constantino Chiwenga.
Sur les photos, le président du MDC était apparu frêle mais souriant. « On se sou- viendra de Tsvangirai comme l’un des plus grands patriotes du Zimbabwe », a réagi mercredi David Coltart, l’un de membres fondateurs du MDC.
« Si, comme nous tous, il a commis des erreurs, aucun d’entre nous n’a jamais douté de son engagement à trans- former le Zimbabwe pour en faire un Etat moderne, démo- cratique et tolérant. Si qui- conque mérite d’être appelé un héros, c’est MT », pour Mor- gan Tsvangirai, a-t-il ajouté. « Merci d’avoir montré la voie dans la lutte pour la dé- mocratie », a aussi tweeté la parlementaire indépendante Fadzai Mahere. « Repose en paix. »