De nombreux Yéménites font la queue depuis plu- sieurs jours à Sanaa dans l’espoir de se procurer du gaz propane pour cuisiner et se chauffer, alors que les pénuries en tout genre s’accroissent dans le pays ravagé par la guerre.
Les prix des carburants ont grimpé en flèche à l’ap- proche du troisième anni- versaire, le 26 mars, de l’in- tervention d’une coalition arabe sous commandement saoudien venue aider le gouvernement yéménite à combattre les rebelles Hou- this, maîtres de Sanaa et d’une bonne partie du pays.
Soutenus par l’Iran, ces insurgés accusent l’Arabie saoudite d’empêcher les approvisionnements vers le nord du Yémen en main- tenant un quasi-blocus des ports, dont celui de Hodeida qu’ils contrôlent.
Selon des habitants de la capitale, le tarif officiel de la bonbonne de gaz propane est passé en quelques se- maines de 3.000 riyals yé- ménites (10 euros) à plus de 7.000 riyals (21 euros). Talal Charaf al-Qudsi, propriétaire du restaurant Qudsi, a été contraint de fermer son établissement. “Le prix des bonbonnes de gaz sur le marché noir est de 9.000 riyals”, dit-il à l’AFP. “Je ne peux pas augmenter les prix pour ces pauvres gens (les clients). Le mieux était de fermer le restau- rant”.
Mohammed Khaled Hus- sein, un habitant de Sanaa, espère lui depuis trois jours pouvoir remplir sa bon- bonne vide et la rapporter à sa famille, pour au moins préparer du thé et du riz. “Nous avons brusquement
appris que les prix avaient grimpé”, déplore-il. Lundi, il est encore rentré chez lui les mains vides. Comme lui, de nombreux habitants sillonnent les rues de Sa- naa, une bonbonne vide sur le dos, rejoignant les files d’attente dans l’espoir d’ob- tenir du gaz propane.
Ruée sur le bois
“Nous avons même en- tendu dire que des pénuries d’essence allaient arriver”, se lamente M. Hussein, prenant la difficile déci- sion d’utiliser l’argent qu’il avait mis de côté pour le propane pour faire le plein de sa voiture. Chihab al- Hachidi, un chauffeur- propriétaire d’autobus, explique lui qu’il a dû ruser pendant des jours pour se procurer du car- burant. “Un jour, vous ar- rivez à faire le plein, puis les deux ou trois jours sui- vants, vous êtes bloqués”.
Selon M. Hachidi, les prix sont encore plus élevés en dehors de la capitale. De ce fait, “il y a beaucoup d’au- tobus hors service et en stationnement”. D’autres habitants de Sanaa ont affirmé que les rebelles Houthis avaient imposé une nouvelle taxe sur le propane, aggravant la pénurie. “Il y au ne ruée sur le bois de chauffage. Nous essayons d’en fournir le plus pos- sible”, déclare le vendeur Ahmed Ali Mohammed.
Le Yémen, pays le plus pauvre du monde arabe, est le théâtre depuis trois ans d’une guerre qui a fait quelque 9.300 morts, plus de 53.000 blessés et provoqué la pire crise humani- taire du monde, selon des agences de l’ONU.